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Chronique du body combat 15

Bonheur

La recherche du bonheur n’est pas une chose facile. On l’effleure peut-être, on le côtoie certainement, on essaye en vain de l’atteindre.
Et bien dans mon groupe, pendant le cours de body combat, nous sommes heureux, nageons dans une extase proche du Nirvana, évoluons dans un absolutisme d’allégresse, de félicité, de ravissement.
Puis, quand la musique s’arrête, que Fanny nous dit « Il est temps, qu’il fait moins beau ! », c’est le retour brutal sur terre et nos problèmes reviennent à vive allure, nous rappelant à la triste vérité d’une vie faite de difficultés et d’obstacles.
Par exemple :
Stan se casse un ongle et c’est une crise majeure.
Mousse soulève à peine, deux cents cinquante kilos d’une seule main et c’est le mal au dos assuré.
Manu compte sur ces doigts 1,2,3,4,5,6,7,8. Puis soudain s’arrête, le regard vide, puis interrogatif, en se demandant qu’elle peut bien être la suite.
Meskerem et ses douleurs d’estomac chaque fois qu’elle mange de la viande de Senegalais trop acide à son goût.
Ya Ko Line qui soudain se trouve en désaccord avec un précepte du Grand Thimonnier.
Anne qui. Hummm, non Anne est toujours triste depuis le départ du beau Jean Baptiste.
Et il y a une exception dans notre groupe, je dirais même un exemple unique.
C’est Bahram !
L’homme HEUREUX ! Celui qui a toujours le sourire, avant et après le cours, qui fait plaisir à voir, à fréquenter. Il représente pour moi, un souffle de gaieté, un véritable bienfaiteur contre toutes morosités.
Invariablement je le retrouve les mardis soir, dans les vestiaires du club.
Il est là, souriant, véritable rayon de soleil mélangé aux corps galbés des sportifs. A plusieurs reprises, je l’ai vu porter sa batterie de vélo adorée, dans les airs, puis la rapprochant tendrement au contact de sa bouche, il s’est mis à l’embrasser tendrement avant de la déposer délicatement dans son casier.
Puis, après l’avoir langoureusement caressée du revers de la main, un peu comme l’on fait avec une femme, à la suite d’ébats amoureux particulièrement intenses. Il l’enferme à double tours en utilisant un cadenas aux proportions démesurées, en susurrant :
- Tu m’attends là tranquillement ma belle, je serais de retour dans une petite heure !
J’ai essayé, à de nombreuses reprises, de comprendre d’où venait cette capacité au bonheur en soulevant, avec lui, cette question anguleuse et chaque fois il m’a répondu :
-Il n’y a pas de secret, c’est un état naturel chez moi ! La vie est belle !
Pourtant un jour, un peu par hasard je découvris la clef du mystère.
Celle qui lui procurait cette enviable joie de vivre.

On était mardi soir, ce jour merveilleux où pendant une heure, Nous le savions, nous éprouverions une véritable félicité.
J’arrivais dans le vestiaire pour trouver, oh surprise, Bahram qui semblait furieux. Il houspillait sa batterie tout en la secouant violemment :
-C’est quoi ça, espèce d’idiote, t’aurais pas pu faire attention !
Puis sans le moindre ménagement, il la lance dans son casier qu’il ne prend même pas la peine de refermer.
Pendant le cours, du coin de l’œil, je l’observais à la dérobé, remarquant son changement et énervement si étrange et improbable. Ses kicks semblaient plus agressifs, ses coups de poings plus volontaires. Ses dents serrées grinçaient de colère et ses yeux lançaient des éclairs. Ce n’était plus le gentil, le doux, l’heureux Bahram qui se trouvait dans la salle, mais un homme méconnaissable, colérique.
Mais, que c’était-il donc passé avec son amie préférée ?
C’est au beau milieu du cours, alors que Fanny nous demandait « d’écouter avec notre bouche. » que Bahram quitta précipitamment la salle.
En passant près de moi je l’entendis marmonner : « Ils doivent bien avoir ça à la Gioconda ! »
Le cours ne se termina pas dans l’euphorie habituelle.
Chacun d’entre nous étant inquiet pour notre ami.
Manu particulièrement troublé par ce changement d’attitude arrêta l’ensemble de ses comptes à cinq et Mousse fit sa série de pompes appuyé sur ses genoux.
Le groupe attristé, se sépara rapidement, n’ayant pas le cœur à festoyer alors que l’un des notres se trouvait certainement dans une terrible adversité.
C’est, un peu plus tard, dans le parking où j’allais retrouver ma voiture que je découvris avec amusement l’aboutissement de ce mystère.
Dans un coin sombre de l’endroit, Bahram s’appliquait à verser quelque chose dans sa batterie.
En me voyant arriver, il arrêta net son activité et après avoir Lancé dans une poubelle, la bouteille qu’il tenait dans sa main, me montrant son engin, il m’affirma :
- Il lui manquait de l’eau, pas étonnant qu’elle n’eût plus de puissance ! Puis il continua. Bon, ça doit marcher maintenant, à la semaine prochaine Pierre, faut que j’me sauve !
Je le saluai d’un petit sourire, et, tout en le regardant du coin de l’œil enfourcher sa bécane, je fis mine de me rendre à ma voiture.
Puis, quand j’eus la confirmation de son départ, sur la pointe des pieds, l’esprit curieux et la mine intriguée, je fis un tour d’inspection, dans cette fameuse poubelle.
Pas de fouilles excessives, en fait, au beau milieu de quatre ou cinq feuilles de papier froissé se trouvait le mystérieux contenant.
En voyant son étiquette, je ne pus m’empêcher un fantastique éclat de rires.
Sur celle-ci on pouvait lire:
« Vodka Smirnoff.».

Vive le body combat



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