Chronique
du body combat 45
Catastrophe Etonnant ! J’ai tellement de facilité à m’exprimer au Body combat que tout le monde pense que je ne fais aucun d’effort… Aïda avait la tête basse. Elle était triste et versait quelques larmes. Du revers de son bras elle essuya son nez qui coulait et renifla violemment. Puis elle absorba une goulée de la petite fiole de vodka qu’elle gardait toujours à portée de la main et envoya son rot habituel. Devant elle, Pascal lui parlait de la plus méchante façon : -Non mais, c’n’est pas possible tu ne peux pas faire une telle chose sans m’avertir, je fais quoi maintenant, tu te rends compte des ennuis que tu nous causes ! Aïda acquiesça de la tête : -J’aurai dû m’en douter, mais ! -Il n’y a pas de mais ! C’est inacceptable ! C’est alors que je décidai de participer à cette conversation pour prendre sa défense : -Mais tu sais Pascal, elle est nouvelle ici, elle ne pouvait pas savoir, et puis c’est un peu de ma faute, moi, j’étais au courant, mais bon en fait je n’ai pas pu me … On était mardi soir. Orgasme de nos muscles bandés à l’extrême , apogée de la quintessence de l’instant. Il y avait beaucoup d’absent ce soir-là et le groupe d’élèves était plutôt restreint. Meskerem et Manu étaient de la partie, mais le charme de Stan, le sourire de Bahram et la bonhommie de mademoiselle Lapinou nous manquaient terriblement. Le cours commença de la meilleure façon avec Aïda sublimée par une forme d’exception. Trois jolies petites, aux longs cheveux frisés, exultaient derrière moi. Pamela se lança dans ses mouvements de crawl tandis que sa sœur qui avait vu une émission sur la bonne façon d’élever les poules se plantait des plumes sur la tête. La grande sauterelle, quand-à elle, aligna devant-elle ses trois téléphones et également : Un talkiewalkie Une tablette dernier cri et un fax, car, bêtement je lui avais soufflé que Jean-Baptiste en utilisait un de temps en temps. Et moi j’étais fier ! Terriblement content de porter cette magnifique tenue que mon groupe m’avait offerte pour mon anniversaire. J’étais heureux ! Heureux de porter cette panoplie parfaite des esthètes de mon sport adoré et qui accentuait l’évidence de mon esthétisme. Les routines s’enchainèrent dans une symbiose magique. Quand, soudain, Aïda nous informa que c’était l’anniversaire de Manu et qu’elle l’invitait à monter sur l’estrade pour accomplir avec elle, la routine la plus dynamique… Il était fier notre Manu de pouvoir s’exprimer d’une façon plus ostentatoire. Mais. Bien entendu, les gesticulations de notre complice n’avaient rien de bien motivant et rapidement l’ensemble de la salle commença à bailler d’ennui. Même les hurlements de ses chiffres habituels, n’eurent aucun effet revigorant et de plus, comme ils étaient orientés d’une façon différente à l’habitude, ils nous firent grimacer de souffrance. Meskerem hurla en Gouloum gouloum : -Ilètronulcegransiflet ! C’est alors qu’Aïda se rendant compte du problème, décida de m’inviter à la rejoindre également sur l’estrade. Meskerem qui faisait partie des anciens de ce sport trembla d’effroi, se signa en levant les yeux au ciel et se cacha derrière une colonne. Toutes les autres filles bardées de leurs innocences ne réagir pas à l’injonction. Je démarrai ma démonstration plutôt tranquillement calquant mes mouvements sur Manu, puis voyant les gros yeux que me fit notre coach, j’accélérai le tempo de mes gestes, dans la dynamique qui m’était habituelle. L’effet se fit rapidement sentir. Les filles du premier rang commencèrent à faiblir en essayant de suivre mon rythme assourdissant. Manu qui me jetait des regards concupiscant, se mit à hurler encore plus fort. Aïda posa l’un de ses bras sur le mur pour retrouver le souffle qui commençait à lui manquer. Les deux seuls hommes et trois filles qui se trouvaient dans la salle eurent un malaise. Seules Meskerem, Anne et les sœurs réussirent, par leur constance sportive, à me suivre. C’est à cet instant, pris dans l’enchantement de la griserie de me retrouver sur scène, d’une main volontaire j’arrachai mon t-shirt, laissant à l’admiration de toutes, mon poitrail dénudé. Des hurlements se firent entendre. Mieux ! Oui, je dis bien, mieux que J-B et Rémi réunis ! Anne la plus entreprenante, se débarrassa du portrait de Jean-Baptiste et se précipita vers moi, heureusement arrêtée par Manu qui venait de s’effondrer d’épuisement devant elle. La grande sauterelle hoqueta son désir, marchant même sur deux de ses téléphones. Marina s’époumona dans le beuglement de la génisse et Pamela imita la danse du papillon espérant ainsi me rejoindre. Meskerem restait cachée derrière une colonne et gardait les deux mains appuyées sur ses yeux. Et ce fut une hystérie collective, je calmai les ardeurs d’Aïda trop entreprenante, qui venait de s’attaquer à mon short, tandis que d’un pied je repoussai l’empressement d’Anne qui le nez cassé après sa chute sur Manu auquel elle avait écrasé les parties qui font mal, essayait à quatre pattes de prélever un morceau de mes chaussettes qu’elle humectait avec délice. Fuyant cette fureur de désir je réussi à m’enfermer dans les toilettes du vestiaire des hommes qui malgré l’interdiction, fut rapidement envahi de féminités. La police fut obligée d’intervenir pour dégager la salle et permettre aux ambulanciers d’enlever les nombreux corps toujours inanimés. Depuis ce jour-là, le cours de body combat n’est plus vraiment le même et je me sens gêné ! Gêné par les regards malsains de toutes les demoiselles. Par la jalousie que me témoigne Manu. Par ces nombreux numéros de téléphone que je retrouve glissés dans ma poche. Et surtout, d’avoir enlevé la vedette à Aïda en attirant l’attention de chacun sur mon unique personne. Vive le body combat. |