Chronique
du body combat 48
Drôlement
culotté
On était mardi soir
et mon club de fitness était en pleine
effervescence.
Pascal, le manager de la salle se frottait les mains et ordonnait
à sa
collaboratrice :
-Préparez plus de chiffres, jusqu’au
numéro Soixante !
Je lui demandais ce
qu’il se passait et il me répondit qu’il
venait d’avoir une arrivée en masse de nouveaux
adhérents.
En arrivant à
l’étage inférieur, là
où se trouvait ma salle
de body combat, une foule nombreuse attendait. Des hommes
essentiellement et ce
qui était bizarre c’est qu’ils
n’avaient pas le physique habituel des sportifs.
Ils étaient bedonnant à
l’excès.
Tous habillés d’un short large, d’un
t-shirt trop serré qui laissaient dépasser
leurs chaires flasques qui s’écoulaient en cascade
sur leurs côtés.
Ils respiraient fort, en émettant une sorte de beuglement
malsain.
Tous, suaient à grosses gouttes et leurs cheveux gras
restaient collés au
sommet de leurs têtes.
Leurs bouches en forme de U renversé laissait passer entre
la commissure de
leurs lèvres fines, un filet de bave gluante.
Ils étaient également, tous, animés
par des tiques qui dénaturaient leurs
visages.
Certain avait un œil clignotant, d’autres
émettaient des onomatopées provoquées
par des claquements de langues et d’autres gonflaient leurs
nez et aspiraient
fortement pour absorber leur morve.
Le numéro
qu’ils tenaient dans leurs mains fébriles
suivaient
les sursauts de leurs tremblements.
Soudain j’entendis le
cri d’une grosse voix que je
connaissais bien. C’était Manu qui arrivait en
courant :
-J’étais le premier hurla-t-il en poussant
d’une main ferme ceux qui se
trouvaient devant la porte de notre salle de body combat.
Il était bizarrement
habillé, avait abandonné sa combinaison
de ski de fond pour un short et vu les mouvements
aléatoires, à peine cachés
par le tissu, de ses instruments intimes de reproduction, on
était devant
l’évidence qu’il ne portait pas de
culotte.
Il était maintenant premier.
Il croisa les bras , jeta un coup d’œil
à l’horloge et sourit car il n’y avait
plus que quelques minutes à attendre …
C’était
encore de ma faute, l’une de mes élucubrations
imaginatives et malsaines.
Il faut tout d’abord
que je vous rappelle mon gout exécrable
pour l’habillement. Il est peut-être dû
à mon affinité hippy , mon
laissé
aller.
« Peace, love, freedom,
happiness ! ». Telle
serait facilement la doctrine qui me
motive.
Alors je venais au cours de
Body combat avec des vêtements
dépareillés, en mauvais état qui
faisaient tache parmi la cohorte des adeptes.
Alors.
Pour
mon anniversaire, mon groupe de body combat avait eu la
merveilleuse idée de m’offrir un merveilleux
équipement de combattant accompli.
T-shirt, chaussettes, gants et shorts d’une facture
irréprochable et unique.
Mon inadéquation
à porter ce genre d’habit aboutit à une
bévue enfantine. Je ne compris pas comment agrafer
correctement mon short et
j’arrivais devant la salle de body combat
mécontent de cette lanière qui pointait
de façon indiscrète.
Je fis part à Stan de ce défaut.
Elle sourit en se rendant compte de mon ignorance et de ses mains
alertes elle
dégrafa mon caleçon et m’expliqua en
détail la façon de l’agrafer
correctement.
La manœuvre ne dura qu’une petite minute, quelques
frissons parcoururent mon
échine, la jeune demoiselle qui se trouvait à
côté de nous, sourit, et Stan
prenant conscience de l’ambiguïté de
cette posture précisa d’une façon peu
convaincante que c’était sa qualité de
maman qui lui permettait un tel exploit.
Cette remarque gênée ne
l’empêcha pas, tout de même de
réitérer l’agencement
qui ne lui semblait pas parfait.
Manu n’étant pas là pour voir la
scène. Je lui envoyai un
long mail d’explications et de descriptions en y ajoutant
moult détails
scabreux et en précisant que Stan avait les mains
très douces.
Avais-je trop bu ce soir-là ?
Mais le fait est que mon message se retrouva posté dans un
forum
régional !
Vive le body combat.