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Chronique du body combat 12

Et de dix !

Je vous ai déjà parlé de Mousse, vous savez le costaud de notre groupe de body combat. Celui qui peut faire cent pompes, perché sur une paluche tout en sifflotant un air de la Traviata aidé des doigts de sa main libre.
Et bien ce mardi soir j’entrais dans les vestiaires. Les deux Balaises du club, des gaillards de plus de deux mètres et dépassant chacun le quintal, étaient couchés sur le dos, par terre, les mains en positions défensives. L’un d’eux pleurnichait :
-S’il vous plaît M’sieur Mousse ne me frappez plus !
Est-ce mon entrée qui le sauva d’une bonne ratonade, car, Mousse, en me voyant, retint au dernier instant son poing rageur et tout en laissant son pied écrasé sur le visage d’un des protagonistes, il m’envoya un salut sympathique.
Il dût remarquer mon état de surprise, alors il commenta :
-Pierre, tu sais je n’aime pas que l’on me manque de respect. Tout à l’heure j’ai éternué et ces deux zigotos ne m’ont même pas dit « à vos souhaits !». Alors, je me suis énervé, un peu trop peut-être. Mais bon, moi j’aime la politesse !
Dans un coin reculé des vestiaires, j’entendis une petite voix.
C’était un petit gringalet qui restait collé contre le mur et qui, tout en levant un doigt, commenta :
-Moi, j’vous ai dit à vos souhaits M’sieur Mousse, j’vous ai dit à vos souhaits !
Mousse se retourna subitement dans sa direction et grogna son énervement. Le petit monsieur, posa ses mains sur sa tête, comme s’il voulait la faire disparaître entre ses deux épaules, puis lentement, les yeux fermés, se laissa glisser sur le sol en tremblant.
Mousse se désintéressa, de la scène, lâcha ses prises et se dirigea vers moi pour me tendre la main.
Comme ma dernière expérience de cette civilité m’avait laissé handicapé pendant deux jours, les doigts broyés par la poigne démesurée de Mousse. Je décidais donc de lever la main à la mode Indienne, en lui disant que je ne l’avais pas encore lavée.
Il m’envoya en remplacement, une petite tape amicale sur le flanc qui me coupa la respiration.
Après les quelques minutes qu’il me fallut pour me rétablir, j’eu la force d’aller me changer à ses côtés.
Il semblait très contrarié, la petite altercation avec les forts à bras, l’avait énervé et le mettait mal à l’aise.
C’est alors qu’il me demanda :
-Pierre, faut que tu me fasses rire, tu connais bien une petite histoire pour me rendre ma bonne humeur ?
Tiens, une histoire sur Manu, allez racontes que je me marre un peu !
Sur Manu ?
Mais, je n’avais rien en tête ?
Bien sûre que non, je n’invente pas des vannes à loisir, en plus sur Manu…
Que pouvais-je dire ?
C’est alors qu’une belle idée germa en moi :
-Alors devine ! Et bien Manu…
Quelques instants plus tard, nous sortions des vestiaires, Mousse ne pouvait plus s’arrêter de rire et je dois vous l’avouer, j’étais très content de cette plaisanterie inventée sur le pouce.
Arrivant près de notre groupe, après avoir vérifié que Manu était bien entrain de suivre le cours d’abdos-fessiers qui précédait le nôtre.
Mousse, hilare, la voix bredouillante de rires lança :
-Devinez ce que Pierre vient de me raconter sur Manu !
L’ensemble de notre petit s’approcha le sourire aux lèvres, se délectant par avance de la plaisanterie à venir. Mousse continua.
Manu sait compter jusqu’à dix !
Alors, l’effet escompté fut à la mesure de cette galéjade.
Tous, hurlèrent de rires.
Ya ko Line en eut des larmes aux yeux.
Barahm était plié en deux.
Meskerem faillit avaler son morceau de barbaque de travers et même Anne réussit à dérider la tristesse de son visage.
Stan qui avait son maquillage totalement chamboulé par son hilarité nous fit, d’un signe de la main, comprendre que notre cours allait commencer.
Et nous étions tous là au beau milieu de la salle à retenir avec peine notre jubilation.
Manu ne pigeait, bien entendu, rien à notre joie et à nos regards emplis de malice à son égard.
Fanny donna son top de départ et l’allégresse du body combat nous emporta dans les nimbes de l’extase.
Mais, contrairement à notre concentration habituelle, nous ne pouvions pas nous empêcher de jeter des coups d’œil réjouis à Manu qui se demandait toujours d'où provenaient nos sourires.

Puis, la fameuse routine, celle où Manu utilise ses vocalises, commença. Nous ne pûmes pas nous empêcher de rigoler en pensant à cette fameuse histoire.
Et, l’énumération tonitruante de Manu commença :
-Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, tisa, kumi !

Quoi ? Qu’est-ce qu’il raconte ?
La chute de la suite numérique nous prit tous de court.
Nous nous arrêtâmes brusquement. Nous demandant ce qui venait de se passer ?
Quelle était cette étrange suite ?
 Fanny surprise elle aussi coupa la musique.
Et seul, Manu, perdu dans son monde continua la routine, aidé de la même répétition de ses vocalises.
Après quelques instants, comprenant qu’il était le seul à accomplir l’exercice.
Il s’arrêta net.
Fit un tour sur lui-même pour se rendre compte que tout le monde avait leurs regards hébétés, fixés sur lui.
Alors, il comprit notre étonnement et nous donna l’évidente logique de ses explications :
- Ah oui les amis, comme j’ai du mal à compter plus loin que huit en Français. Alors, j’ai appris la suite des chiffres en Swahili !

Vive le body combat.


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