Chronique du body combat 36 Une histoire
particulièrement gaie
“It's fun to stay at the Y.M.C.A. It's fun to stay at the Y.M.C.A. They have everything for you men to enjoy, You can hang out with all the boys... It's fun to stay at the Y.M.C.A. It's fun to stay at the Y.M.C.A.” Assis dans les vestiaires de notre club de sport, Manu semblait particulièrement de bonne humeur ce mardi soir, il chantait à tue-tête ce fameux air des années soixante-dix des « Village People ». Je lui fis un petit signe de la tête pour le saluer et pris le casier à côté de lui. Tout en me changeant, je remarquai ces jambes qu’il avait totalement épilées. Un peu étonné de ce fait, je m’enquis de cette nouvelle particularité. Il sembla gêné, me donna une explication peu convaincante en m’affirmant qu’il faisait du vélo et qu’en cas de pluie, l’eau glisserait ainsi plus facilement et le protégerait du froid, puis il changea radicalement de conversation pour me parler de sa journée de travail particulièrement harassante. Ah, ce mardi soir de l’espérance ! Espérance d’avoir un corps plus musclé, plus avenant, qui nous permettrait de toucher à cet esthétisme du véritable Adonis ! Le cours commença mené par la furie musicale et les hurlements de notre coach Nadia. Certainement à cause de cette histoire de gambettes imberbes, je me mis à observer Manu avec une certaine attention. Ces beuglements semblaient plus doux, ses mouvements plus efféminés, mais ce qui m’interloqua plus particulièrement, c’était que son attention ne se focalisait sur les jambes de Stan qui chorégraphiait devant lui, mais, étrangement, son regard oscillait entre Mousse et Bahram. Plus étonnant, Ils s’échangeaient des sourires, des petits signes de la main et des clins d’œil complices. Plus tard ce fut la soirée « Gioconda !». Nous étions tous là, heureux, mais étrangement accompagnés d’une énigme, une différence qui dénotaient de l’habitude. Manu, Bahram et Mousse étaient assis les uns à côté des autres, peut-être, me semblait-il, un peu trop proches, trop serrés, j’en avais l’intime conviction. Ils chuchotaient et semblaient terriblement complices. Comme j’étais exclu de cette simagrée, je me mis à ressentir une certaine jalousie, malgré ma position privilégiée avec les filles. Stan se tenait à mes côtés. Ya Ko Line de l’autre. Mademoiselle Linette comptait discrètement la liasse de préservatifs qu’elle pourrait utiliser dans son club un peu plus tard. Meskerem se grattait les dents avec un couteau de cuisine pour enlever les morceaux de viandes qui y étaient restés coincés. Anne comme toujours pleurait son amour. Puis, la conversation s’anima. Ya Ko Line nous montra son magnifique sac Vuitton que sa tante Tchintchan venait de fabriquer dans sa nouvelle société. Stan repoudra son visage. Meskerem éructa violemment en régurgitant un œil de Congolais qu’elle réabsorba sur le go. Anne dessina un cœur sur sa nappe en papier. Mademoiselle Lapinou résonna un soupir orgasmique. Soudain nos trois mystérieux compères se levèrent ensembles et quittèrent la table. « Mais ? Où allez-vous ? ». Avec un dernier regard coquin, Ils nous lancèrent cette remarque sans équivoque : « Nous allons faire quelque chose que nous regretterons certainement demain !» . Puis ils disparurent accompagnés de petits rires étouffés et d’un déhanchement suggestif. Mes cinq amies et moi-même restèrent bouche-bée, étonnés, ébahis par ce comportement tellement inattendu. -Tu as remarqué un changement avec Mousse ses derniers temps ? -Non pas vraiment ! -J’ai trouvé que Bahram était beaucoup moins intentionné avec sa batterie ! -Oui, c’est vrai ! Et. Manu se ballade souvent en se tortillant les fesses et en balançant ses mains comme une petite ballerine ! -Cévraikegransiflètrèzétrange ! Ajouta Meskerem dans sa langue natale. -J’espère qu’ils vont se protéger ! Ajouta Mademoiselle Lapinou très inquiète. -C’est la mauvaise influence du club ! Affirmais-je. Surtout, ce groupe de culturistes qui se badigeonnent mutuellement de crème, dans les vestiaires ! ------------------------------------------------
On était mardi soir. Sans nouvelle du groupe je me pointai devant notre salle d’entrainement où les filles, l’air grave, semblaient terriblement tristes. Stan pleurait à chaude larmes. -Que se passe-t-il ? -Et bien, dit-elle entre deux sanglots, je n’ai presque pas vu Mousse cette semaine et quand, entre deux portes, j’ai essayé d’avoir une explication. Il m’a répondu que c’était un truc de mecs, qu’il fallait que je me mêle de mes affaires, qu’il était très heureux de cette expérience, qu’il avait ressenti beaucoup de joie et de plaisir. -Purée ! J’n’arrive pas à y croire et dire que je dois ramener Manu chez lui, ce soir, j’espère qu’il ne me fera pas d’avances ! -Mon Jean-Baptiste, pour sûre, il est totalement Hétéro, Dieu soit loué ! Commenta notre chère Anne soudainement heureuse. Puis nos trois lascars arrivèrent tout sourire. J’eu dû mal à soutenir leurs regards et un climat de gêne submergea notre petit groupe. Soudain, Manu rompit le silence. -J’ai. Nous avons quelque chose de super à vous avouer. Une sacrée surprise ! Que nous voulions garder secrète jusqu’à aujourd’hui ! -On sait, on sait ! Je grommelai les yeux rivés sur le sol. Puis, Manu remonta l’une des manches de sa combinaison de ski de fond et pivota sur lui-même pour nous montrer son mollet. Les filles et moi-même ne compriment pas tout de suite où il voulait en venir quand, ses deux compères en firent de même pour nous dévoiler un magnifique tatouage qui affichait ces quelques mots : « Vive le Body Combat ».
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