Body combat 8
Gonzesses!
Ce mardi soir,
j’arrivais devant ma salle de Body combat.
Cinquante centimètres au-dessus d’une foule de
jeunes
femmes plutôt énervées,
j’apercevais la
tête de Manu.
Il semblait confus, gêné de toutes ces invectives
jetées, à son encontre, par la foule
féminine qui
l’entourait.
Arrivé à côté de Barham qui
comme à
son habitude tenait serré contre son cœur une
batterie de
vélo électrique, je lui demandais :
-Il s’passe quoi ?
Il me répondit en haussant des épaules :
-Bein c’est les filles qui sont furieuses contre Manu car il
les appelle « des Gonzesses ! ».
Elles avaient l’air vraiment fâché.
Stan rouge de colère se repoudrait le nez, Meskerem montrait
ses
dents acérées, Fanny lui faisait l’un
de ses
commentaires particuliers :
-On ne dit pas gonzesses aux femmes, si non, les
éléphants ont des oreilles
!
?????
Mais c’était surtout Jacqueline qui paraissait
particulièrement virulente.
Ah oui! Jacqueline. Je ne vous l’ai pas encore
présentée. C’est la petite Chinoise du
groupe.
Je vous vois sourire, Jacqueline, mais ce n’est pas Chinois !
Ok, pour des raisons orthographiques, j’ai
Francisé son
prénom, en vérité elle
s’appelle YA KO LINE
qui veut littéralement dire, « Jolie petite fleur
des
champs perdue dans un bois, entourée de mousses et de
champignons. ».
Donc, YA KO LINE interpellait Manu de la plus méchante
façon :
-Non mais « Gonzesses » t’as pas honte,
Camarade Mao
a fait exécuté des
mécréants bourgeois pour
bien moins que ça !
Puis, soudain, elle se tourna vers Mousse qui les deux mains
chargées de poids de quarante kilos, peaufinait sa
musculature.
-Et toi tu les appelles comment les filles ?
Pris de court il osa :
-Les Meufs !
Elle grommela sa colère, mais matant ses biceps
n’osa
aucune réaction violente à son égard.
Puis, elle
se tourna vers Barham :
-Et toi, tu dis comment ?
-Des Nanaaaaas ! Dit-il avec un petit sourire de contentement, usant de
son accent Suisse trainant.
Elle fulmina.
Puis soudain se fut mon tour. Elle m’interpella et, tous les
regards féminins se braquèrent soudain dans ma
direction.
Meskerem se mit à claquer des crocs.
Stan posa un fond bleuté sur ses
paupières.
Fanny s’engagea dans l’une de ses comparaisons
douteuses heureusement coupée par YA KO LINE :
-Et toi Pierre, j’aimerai bien savoir comment les
appelles-tu, les femmes ?
Oups ! Je me sentais dans mes petits souliers, entourés de
ses
regards de haine d’où une brutalité
extrême
semblait se dégager.
Alors je me mis à penser vite, très vite,
à tous
ses termes qu’à l’habitude
j’employais.
« Bécasses, Poufiasses, Greluches,
Pétasses, Grognasses. ».
J’allais dire une grosse bêtise quand mon esprit
particulièrement éveillé ce
soir-là me
souffla un merveilleux subterfuge.
-Gentes dames ! Osais-je sans conviction.
Autour de moi, le silence se fit.
Même les plus bavardes me regardèrent
d’une mine interrogative.
Puis.
Une petite voix se fit entendre.
« Qu’il est trognon ! ».
Bientôt suivit par une multitude de compliments.
« Qu’il est choux.
Un véritable ange.
Enfin un homme parfait!
J’l’adore ! ».
Et, je fus rapidement couvert de bisous câlins…
Eh eh, on m’l’a toujours dit. Un petit mensonge
vaut mieux qu’une juste vérité !
Vive le body combat !
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