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Chronique du body combat 18

Jalousie

Après le cours de Body combat, il y a sortie au restaurant « La Gioconda ». J’y vais de temps en temps et ce soir je me retrouvais à côté de Stan. Je n’avais jamais eu l’occasion de discuter avec elle et d’ainsi mieux la connaitre. Alors, la conversation s’enfila dans l’ensemble des sujets que j’abordais habituellement avec une femme : Le shopping, le maquillage, la cuisine et les enfants.
Puis, j’eus cette idée saugrenue de lui demander :
-Et à part le fitness et bien entendu le body combat, as-tu d’autres hobbies ?
-Oui, me répondit-elle, avec un air de fierté qui marqua son visage. Je suis bénévole à la V.F.E. !
Je fus surpris par sa réponse. Eus l’impression qu’une auréole de sainteté s’était soudain dessinée au-dessus de tête et je me mis à la regarder d’une autre façon. Je ressentis une admiration certaine devant-elle en me disant que chacun possédait une immense bonté cachée, insoupçonnée, merveilleuse.
Voulant en savoir un peu plus sur cette activité, je commençai à lui lancer une question de curiosité sur cette activité quand Mousse me coupa la parole en disant :
-Stan, je vais être en retard pour mon train, il faut vite que tu m’emmènes !

On était mardi soir.
Nous attendions tous la fin du cours qui nous précédait. Stan, Mousse, Bahram, Manu et moi-même nous regardions à travers la vitre, d’une façon peu attentive, les attendus des exercices basés sur des mouvements musculaires.
Soudain Manu envoya un sifflet d’admiration :
-J’n’en reviens pas ! C’que les filles sont belles dans ce cours !
Alors notre observation se fit plus inquisitrice, nos regards moins évasifs et nos yeux s’agrandir de quelques millimètres.
-C’est vrai dit Bahram !
Mousse leva le pouce vers le ciel et mon regard se fit particulièrement lubrique en lorgnant sur les amplitudes de chaque demoiselle.
Seule Stan ne montra aucune réaction admirative. Puis, d’un ton qui me sembla marquer une certaine jalousie elle demanda :
-Elles ont quoi de spéciales ces nénettes ?
Alors Manu, sans le moindre Tact se mit à pointer du doigt chacune des filles qui maintenant accoudées, nous faisaient face.
Je passerai sur ses descriptions à mon goût un peu trop précises et délictueuses.
Mais, le fait est que, tous, nous nous mirent à saliver et nos vocalises lubriques attirèrent d’autres hommes à nos côtés.
Stan, particulièrement blessée, quitta notre assemblée pour rejoindre Meskerem qui, dans un coin, grignotait goulument un bout de viande, la bouche auréolé de sang.
 Sans se rendre compte de son acte, elle lui en demanda un bout pour l’avaler d’une seule bouchée.
Plus tard, notre cours commença et s’enchaina de la plus merveilleuse façon, ceci, grâce à Fanny notre coach préférée.
Quand il fut terminé, comme à l’habitude, je me douchais et me rhabillais beaucoup plus vite que les autres pour me retrouver, dans le hall d’entrée, nez à nez avec Stan qui semblait vouloir me parler :
-Pierre, est ce que tu me trouves jolie ?
Je fus surpris par sa question et sans en prendre garde je lui répondis :
-Oui ! Mais le ton de ma voix resta un peu trop désinvolte, peu convaincante. Alors elle enchaina :
-Et, je te plais ?
Cette question m’interloqua. Etait-elle en train de me draguer ?
Je voulu enlever toutes ambiguïtés :
-Tu sais Stan… Je ne suis pas libre…
Puis après une petite pause continuai dans cette affirmation évidente :
-Et, comme tous les hommes mariés… Je suis extrêmement fidèle !
Elle haussa des épaules, me jeta un dernier regard rageur avant de disparaître.


Le mardi suivant, Ayant en tête, le bonheur de cette belle soirée sportive à venir, j’arrivai à notre club.
Dans la salle de réception une désagréable surprise m’attendait.
Il n’y avait que Pascal, le manager de la salle. La jolie fille aux formes rebondies, au décolleté impressionnant, du type de celle qui m’avait incité, dans le passé, par ses arguments très convainquant à rejoindre le club.
N’était pas là.
Je lançai donc un petit bonjour déçu à Pascal et, quand il me répondit je m’aperçus que l’un de ses yeux était auréolé de noir et avait de la peine à s’ouvrir. Je m’abstins de tout commentaire et continuai mon périple vers le vestiaire.
Et les étrangetés continuèrent.
D’abord, il n’y avait plus les splendides demoiselles habituelles, vous savez, celles qui étirent leur corps dans des exercices suggestifs.
Mais, uniquement des femmes très âgées.
L’une d’elle en me voyant passer me lança une œillade d’accroche et me fit un sourire qui découvrit sa mâchoire partiellement édentée.
Je lui répondis avec une grimace de sympathie un peu forcée.
Et puis, il y avait les hommes.
Et, chose d’étrange, ils avaient tous invariablement un œil au beurre noir et j’en vis même un assis sur une chaise qui grimaçait de douleur en se tenant le ventre.
Seul, trois petits gars que je savais appartenir à la communauté homo batifolaient sur leur machines d’exercices en s’encourageant d’invectives douteuses.
Je pris la pomme que j’avais dans mon sac, une belle golden au vert brillant et croquai dans sa saveur avec délectation
En arrivant dans les vestiaires je vis Mousse qui semblait de très mauvaise humeur. Il grommelait dans son coin :
-Elle est bonne ! Non mais c’est quoi ça elle est bonne !
-Dans des cas comme celui-ci, je sais par expérience, que je dois rester effacé, pour éviter toutes confrontations brutales.
-Bonjour Mousse je suis content de te voir.
Il grogna.
Je continuai :
-Tout va bien ? ».
-Tu la trouves bonne toi aussi ? Me répondit-il.
Je fus surpris par la question et me mis à regarder mon fruit déjà bien entamé. Ne sachant que dire, par prudence,  j’eus la présence d’esprit de répondre par la négative…
Nous étions tous devant la salle de body combat. Enfin pas vraiment tous, car Anne, Ya Ko Line, Meskerem, et toutes les filles habituelles étaient absentes.
Manu restait dépité devant la fenêtre de la salle :
-Pas croyable, t’a vu, y a que des vieilles aujourd’hui, et puis ce n’est même pas Fanny qui va nous faire le cours. J’suis dégouté !
Bahram également particulièrement déçu et en mal d’affection, serra sa batterie un peu plus fort contre son corps.
Mousse hocha de la tête et s’apprêta à nous faire un commentaire quand l’heure du cours arriva !
Nous étions tous parés à suivre les exercices, entrainés, cette fois ci par d’un bel homme assez musclé et à la mine joviale.
Quand, la porte résonna derrière nous.
-C’est moi, excusez mon retard !
Nous nous retournâmes pour apercevoir Stan. Une Stan différente, qui avait fait un effort supplémentaire dans son maquillage et son vestimentaire.
Elle était sublime, gracieuse, d’une beauté évidente qui était fortement rehaussée par la présence de ses consœurs hors d’âges. 
Tous les hommes en restèrent les bras pendant, la mâchoire décrochée.
Soudain Manu envoya :
-C’qu’elle est bonne !
Alors, je compris toute l’histoire.
-Cours Manu, vite, tu es en danger !
Manu en voyant Mousse les poings rageurs se diriger vers lui, réalisa la raclée qu’il allait recevoir.
Il prit ses jambes à son coup et quitta la salle, bientôt poursuivit par notre musclor.

Après cet intermède mouvementé, le cours commença.
Les vieilles essayaient tant bien que mal à suivre les chorégraphies et, Stan, au milieu d’elles,  brillait par son élégance surfaisant ses mouvements d’une façon plutôt suggestive.

Tous les hommes n’avaient d’yeux que pour elle et à la fin de la leçon, ils s’empressèrent tous autour d’elle, pour obtenir son numéro de téléphone.
Elle sortit son grand calepin de rendez-vous où le seul nom de Mousse apparaissait.
Puis, après en avoir biffé quelques-uns, regardant le plus beau des mâles qui l’entourait, elle demanda :
-Tu t’appelles comment déjà ?
Et tous les prénoms des adonis présents prirent place dans son recueil.
En sortant du club, ce soir-là, apercevant Pascal qui cette fois ci se tenait la mâchoire, je lui demandai :
-C’est bizarre, ce soir, je n’ai pas vu toutes les habituées.
-Oui, répondit-il mâchouillant sa voie, c’est Stan qui, pour la gente féminine a réservé le club  pour l’association « La V.F.E. » dont elle est bénévole.
Voyant mon expression interrogative, il m’expliqua :
-C’est l’association des Vieilles Femmes Edentées !
Vive le body combat !




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