Chronique du body combat 38
La grande sauterelle Je suis plutôt distrait, plutôt inattentif. Combien de fois ai-je rencontrer l’une de mes connaissances en l'ignorant totalement. Passant devant elle, perdu dans mes pensées. Un mardi soir, oui ce même mardi soir du bonheur ! J'étais dans l'ascenseur qui me montait à l'étage de mon club de fitness, il y avait avec moi, une très jolie demoiselle qui me sourit et me dit un sympathique "bonjour !". Je lui retournai celui-ci avec circonspection pour plus tard comprendre que cette magnifique enfant se tenait sur ma gauche pendant le cours de body combat. Et oui, c’est comme ça, j’ai d’ailleurs un autre exemple. Durant un "after" de mon groupe d'amis, j'entendis Stan parler de sa voisine d'entraînement : -Celle-là, elle ne fait jamais un sourire ! -Qui donc ? -La grande qui se tient sur ma gauche ! Et oui celle-là non plus, je ne l’avais pas remarquée… -------------------------------------------- On était mardi soir, la nimbé du sport ultime posée sur moi. J’évoluais, transcendé par l'apothéose musicale et le dynamisme de notre douce professeure. Je ne sais plus pourquoi, je me mis à penser à cette grande fille dont avait parlé Stan et mon regard se fixa sur elle. Pour sûre elle était grande, capable de rivaliser sans peine avec notre bon Manu. Elle était maigre comme un clou, et ses bras gesticulaient, brindilles fragiles portées par le vent. Pour ses jambes ce n’était pas très différent, toujours aussi osseuses avec l'une d'elle emmaillotée par des renforts qui me donnaient l'impression que sa gambette était artificielle. Ces drôles de guibolles m'imposèrent de la surnommer "La grande sauterelle.". Elle avait une seconde particularité intéressante. Devant elle, reposaient, appuyer sur l'estrade, deux téléphones qu'elle ne quittait pas des yeux, et qui, à sa grande tristesse, ne s'allumaient jamais de leurs messages. À mon avis c'était la raison pour laquelle, son visage restait impassible, sans joie, sans bonheur. Intrigué et d'humeur sociable, je pris sur moi de faire sa connaissance : -je m'appelle Sandrine ! Me dit-elle d'une voix nasillarde, un peu aigre, plutôt dans les aigus. Ma présentation fut assez courte, et n'étant moi même pas très loquace notre conversation fut rapidement bouclée. Je décidais donc, de la présenter au groupe. Stan reçut d'elle un premier sourire, Manu une petite remarque sur sa grosse voix, Mousse sur ses muscles imposants, Meskerem sur le bout de viande qui dépassaient de ses canines, Ya Ko Line sur le retrait de ses yeux et de cette merveilleuse montre "Rolex" dont-elle était parée, Mademoiselle Lapinou sur sa bonhommie, Barham des félicitations pour sa magnifique batterie et, tout le monde sembla l'apprécier, heureux de cette rencontre. Enfin, pas vraiment tout le monde, car, quand le tour d'Anne arriva, je ressentis comme une certaine tension, une haine qui me sembla, il est vrai, certainement réciproque. Une salve d'éclairs brilla dans leurs regards et elles se tournèrent le dos pour s'ignorer de la plus méchante façon. --------------------------------------------- On était bien entendu un mardi soir, quelques semaines après la rencontre de cette nouvelle connaissance. Nos cœurs allaient bon train, nous étions tous heureux, défoulant nos corps aux galbes parfaits. Quand soudain ! L'un des deux téléphones de la "Grande sauterelle" s'alluma. La surprise fut telle qu'elle ne réagit pas immédiatement, puis, elle s'arrêta, les bras ballant, eut un merveilleux sourire en agrippant son téléphone. -Oui ! Youpi ! Je suis touchée par la grâce et l'amour ! Quelle timidité, quelle pudeur, Il me dit que je suis une Princesse ! Chérie, que je le fais Chavirer ! Ce qui suivit, fut, pour nous une totale surprise. Car soudain, Anne poussa un hurlement et se jeta sur la pauvresse les poings en avant, la bousculant parterre, la rouant de coups et arrachant une belle poignée de cheveux, qu'elle brandit haut dans le ciel en signe de trophée. Seule la force physique de Mousse réussie à l'arrêter et la Grande sauterelle s'enfuit sans demander son reste... La salle se vida et c'est en sortant que je faillis mettre le pied sur un téléphone. Oui ! Celui qui semblait avoir déclencher le drame. Je le pris dans mes mains et il s'alluma pour me présenter un message. Un message de Jean-Baptiste. En voici la contenance exacte "Espèce de P... De C... Tu me fais C... Vive le body combat !
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