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Chronique du body combat 44

La rose.

L’Amour courtois existe-t-il encore.
Celui du preux chevalier qui essaie de séduire sa belle de façon réglementer, cherchant à attirer son attention, son affection par des moyens ne pouvant en aucune façon l’offenser.
Non !
Bien entendu…
Pourtant dans mon groupe de body combat…


AÏda était accoudée, seule à un bar, un verre de rouge à la main, la bouche en moue de tristesse, les yeux vaporeux de langueur.
Elle se sentait triste, terriblement triste.
Son dernier amoureux avait filé, comme les autres, sans qu’ils aient vraiment pu conclure.

Elle avala son vin d’une seule goulée et en commanda une autre tournée.

D’accord c’était un peu de sa faute.
Sa formation de judoka en était la cause certaine.
Mais ?
Que pouvait-elle y faire, c’était plus fort que tout, elle ne pouvait pas s’en empêcher.
Il y avait d’abord la rencontre.
Claude, oui, Claude, c’était le nom de son dernier petit copain. En fait petit ne devrait pas vraiment être l’adjectif employé car ce n’était pas vraiment le cas.
Il était Barraqué, tatoué, balafré, comme elle les aime, un véritable mâle qui semblait sortir des tréfonds du film « Easy rider » et, de plus il était gentil, cultivé. Même prévenant.
Après un petit mois de flirt, le grand soir arriva.
Son appartement était libéré de la présence de son colocataire, une lumière tamisée, une bouteille de champagne, un plat délicieux commandé chez le traiteur attendaient leurs venues.
Et.
Les yeux dans les yeux, la main dans la main, la direction de sa chambre douillette fut le but désiré. Elle était parfumée d’odeur de cannabis et d’effluves de gingembres.
Mais quand la joute amoureuse arriva à l’antre de son apothéose.
Leurs présences communes sur son matelas, lui rappela soudain ses activités de tatamis, alors elle se jeta sur lui et enchaina des  Koshi waza, Kata guruma, Shime waza, et termina le tout par un Ippon.

Pour le pauvre Claude la conclusion était sans appel. Trois côtes cassées, et dix jours en minerve.
Elle avait essayé de le rappeler « Mon choux, comment vas-tu ? Peux-tu m’excuser ? »
La réponse avait-été logique, ne lui laissant aucune chance pour un second essaie.


On était Mardi soir, ce soir du body combat et, après un cours brillement donné, Aïda, un peu fatiguée préféra rentrer directement chez elle, édulcorant la sortie festive de la Gioconda.
Arrivée près de sa voiture, une petite « fiesta » à la couleur vert pomme, qu’elle garait toujours au même endroit, à l’étroitesse exclusive, située entre une colonne de béton et une place réservée aux camionnettes de livraison.
Elle  fut surprise de trouver posée sur le sol, juste devant son part chocs, une magnifique rose rouge.
Elle la ramassa avec délicatesse, huma son arôme enchanteur tout en l’observant avec attention.
Elle était magnifique avec cette longue hampe épineuse et sa corolle ferme et délicate.
Son séjour sur le sol l’avait légèrement abimée.
Dommage peut-être.
Mais elle était tout de même si belle…

Qui avait bien pu la laisser à cet endroit ?
Juste devant sa voiture ?
Elle pivota sur elle-même, cherchant ainsi à rencontrer le regard, la silhouette d’un bel admirateur.
Le parking était désert et laissa sa rêverie l’emporter vers les beaux gosses de son club de fitness. Jean-Baptiste, Sébastien, Loïc…
Son âme virevolta de fantasmes interdits.
Soudainement elle se mit à trembler de peur et d’effroi quand l’image virtuelle de Manu effaça ses pensées doucereuses.


La semaine suivant cette sympathique découverte, fut, pour Aïda, égales aux autres.
Elle continua ses enseignements, et oublia l’évènement botanique.
Pourtant quand le mardi suivant arriva, elle fit la même découverte devant son véhicule, il y avait même deux fleurs cette fois ci, toujours laissées sur le dallage.  
Puis.
Les semaines s’enchainèrent avec toujours cette même surprise.
Aucun doute, un admirateur squattait son cours de body combat, car elle avait discrètement tenté sa chance avec les moniteurs, mais ce n’étaient pas eux.
Alors, lors d’une réunion entre filles.
Avec celles de notre groupe de body combat.
Elle leurs fit part de son interrogation et demanda leurs aides.


On était ce mardi soir du bonheur et toutes les filles étaient bien décidées à découvrir quelle était ce mystérieux prétendant qui ne voulait pas directement déclarer sa flamme à notre petite Aïda.

Les hostilités commencèrent lorsque Mousse, sortant des toilettes, bougonna. « Purée, ça ne sent pas la rose là-dedans ! »
Bien entendu l’esprit de Stan qui n’était pas très éloigné de l’endroit, n’entendit que le mot « Rose » de façon détaché à l’expression.
Sa mine passa du teint d’un Lila en fleurs à celui du rouge gorge.
Elle se précipita vers Mousse, qui était déjà en train de se brasser avec un fort à bras.
Son petit rictus aux lèvres, il lui tordait le bras malgré les plaintes et pleurnichements du pauvre bougre :
« M’sieur Mousse s’il vous plaît j’ai toussoté car j’avais mal à la gorge, pas pour vous manquer de respect ! ».
Stan sans prévenir, prit Mousse par l’oreille.
-Non mais, t’as pas honte de faire la cour à Aïda !
-Mais j’n’ai rien fait ! Chouina t’il la voix tremblante.
-Et les roses c’est peut-être pas toi qui les pose devant sa voiture ?
-Bein non, tu sais bien que je suis allergique aux roses et de plus je n’aime que les artichauts !
Stan réfléchit quelques secondes, lâcha prise, puis elle posa un bisou sur le front de son amoureux qui se tenait à ses genoux les mains en prières.
-Alors je me suis trompée, je suis contente…

Bahram s’était accroupi à côté de Meskerem.
Elle dévorait avec appétit un gigot de je ne sais quelle viande tout en crachouillant les morceaux de graisse qui collait à ses dents.
Bahram, depuis sa rencontre avec la Reine d’Angleterre (Voir la chronique 43), ne parlait plus qu’Anglais.
Il était trop fier de cette nouvelle relation d’exception et son seul but à court terme était de maitriser à la perfection la langue de Shakespeare.
-Hello Meskerem, How vas-tu good ?
Meskerem surprise, ouvrit de grands yeux en le regardant et lui répondit en Gouloum gouloum :
-lomosouriretuparleBongobongo ?
Ne comprenant pas la question il continua :
-I am veri plize to si you manging so well !
-LéBongobongosonlézénemijurédégouloumgouloum, ilzonmangélunedeméseur !
-You ave bautifoule cheveux and très joling eyes !
-Nonmètumemenassesitucontinuje vètemordre !
-I think your haleine smell bocou beautiful !
C’est alors que Meskerem se jeta sur lui les dents en avant.
-JevètefèreboufétéroseespècedeBongobongo !

La conversation coupa court et Bahram s’enfuit en hurlant :
-My goodness she is completely folle !

Ya Ko Line approcha Manu sans la moindre diplomatie :
- Manu, que le grand Thimonnier en soit témoin, tu es marié et il est donc inconvenant que tu continues à faire du gringue à Aïda !
- Mais j’n’ai rien fait moi. Y’a que le fitness qui m’intéresse, et puis seule Stan est une femme parfaite !
-Alors pourquoi fais-tu comme mon cousin « Petit matin de mai qui vit dans la campagne avec les animaux de la ferme et qui se promène tous les jours dans le chemin creux qui borde la rivière en chantonnant un air de la révolution culturelle en marchant à vive allure et en s’aidant d’une cane ».(traduction Française du prénom Chinois)
-Qui ? répondit Manu qui n’y comprenait rien.
-Je parle de Chingchong (là c’est le prénom Chinois traduit précédemment). Il donne des roses à toutes ses conquêtes.
Alors la tête de Manu se met à tourner et il commence à compter en hurlant !
Ya Ko Line se dirige directement vers Aïda en lui disant :
-Ce n’est pas celui-là, il est beaucoup trop dérangé !

C’est Anne qui vint me parler.
-Pierre tu dois me dire la vérité, si tu aimes Aïda, tu peux te confier à moi, je ne répéterai rien, je souffre moi aussi d’un amour impossible et je sais ce que c’est d’espérer en sentant que l’espoir d’une relation méritée s’éloigne de plus en plus chaque jour.
La grande sauterelle qui aimait s’engager dans des conversations qui ne la regardait pas, passant sa tête entre nous, y alla de sa voix aigüe :
-Pas étonnant pour toi, Jean-Baptiste il m’aime cent fois plus que toi ! Bien fait !

Il fallut que je m’éloigne rapidement quand l’empoignade entre les deux donzelles commença.
Avec les baffes et crêpages de chignons habituels, représentation parfaite de l’explosion de haines que ressentaient mutuellement ces deux femmes jalouses.
Laissant les furies derrière moi, j’allais immédiatement m’enquérir sur cette troublante affirmation concernant mes sentiments pour Aïda.
Deux minutes plus tard, l’erreur fut effacée et l’amoureux transis ne fut jamais découvert.
Les fleurs continuèrent à s’étaler devant sa petite voiture couleur pomme…

Jusqu’à…
Ce fameux dernier jour…


Un petit homme, au cheveux couleur carotte discute avec un gros homme à la carrure imposante et à la mine Patibulaire :
-Oui, patron ! Je démissionne, j’aime bien mon boulot mais j’en ai trouvé un autre mieux payé alors !

-Je comprends, Ludo, je comprends. Dommage je te regretterai. Puis l’air inquiet, il continue, on est mardi soir est ce que tu peux faire cette dernière livraison habituelle ?
-Celle au casino de l’ICC ?
-Oui !
-Ok bien entendu ? De plus c’est un travail facile j’ai ma place réservée dans le parking, juste à côté de cette rigolote petite voiture vert olive.
-Très bien, je te laisse cette dernière besogne et si je ne te revois pas, bonne chance dans ta vie !

Ludo tout heureux, pensant aux nouvelles perspectives qui se présentaient dans son futur professionnel, arriva dans le parking de l’ICC. Il gara sa camionnette comme toujours à sa place habituelle, sourit en voyant le petit véhicule vert olive. Puis, descendit de son véhicule avec le large bouquet de roses qu’il devait aller livrer à la salle de jeux.
Comme à son habitude, il repéra la rose légèrement abimée qui dépareillait la hampe fleurale et après l’avoir extirpée.

Il la laissa tomber sur le sol…

Vive le Body combat 
 


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