Mimétisme
Le mimétisme est une particularité que l’être humain peut facilement adopter. Par exemple si quelqu’un à côté de vous baille, et bien, vous baillez, si quelqu’un se gratte, vous vous grattez… On était mardi soir. Bonheur infini d’une évanescence profonde, absolutisme, extase infinie ! Le mardi soir du body combat… Depuis plusieurs semaine notre bien aimée Ya Ko Line n’avait plus fait d’apparitions. Ses préceptes de l’oncle Mao ne résonnaient plus à nos oreilles. Mais, où était « jolie petite fleur des champs, perdue dans un bois, entourées de mousse et de champignons ?». Bien entendu, chacun d’entre nous lui avait envoyé un sms d’inquiétude. Mais où es-tu Ya Ko Line ? Il n’y eut que peu de réponses. Quelques mots d’une portée évasive. « J’ai sommeil… Faut que je dorme… l’heure du dodo… » Que se passait-il ? Manu affolé m’affirma : -Un, deux, trois, quatre… Elle doit-être malade ! -Faut qu’elle recharge sa batterie ! Enchaina Bahram. C’est alors que Stan reçu un message sur son téléphone : « Je viens ce soir ! Je serais un peu en retard ! Je me suis assoupie au travail… » -C’est Ya ko line, elle arrive ! Commenta-elle toute heureuse. Et le sourire revint sur nos lèvres, une expression de joie qui contamina même Anne qui était assise dans un coin, les larmes aux yeux, à contempler une petite photo jaunie de son Jean Baptiste. Fanny nous appela : -Allez les body combattants, il est temps de boire le thé, aujourd’hui je vais vous montrer comment ramasser des endives ! -Alors ! Les endives… C’est de la chicorée sauvage ! Commenta Mousse. On les appelle aussi witloof ou chicon chez nos amis Belges ! -Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit ! C’était Manu qui commençait à échauffer sa voix. Bahram qui avait aujourd’hui un ventre énorme, nous dévoila son secret en sortant de dessous son t-shirt une énorme batterie. -Suis venu en voiture aujourd’hui nous expliqua-t-il ! Et le cours commença sous les bons hospices de notre coach favorite. De nombreuses gouttes de sueurs évacuèrent le stress de toute notre journée. Il devait-être huit heure moins dix quand Ya ko line arriva dans la salle, le cours était déjà bien entamé et notre entrain à son comble. Elle trainait des pieds, le retrait de ses yeux distendu à l’excès permettait à peine de voir son regard qui semblait terriblement fatigué. Chacun de nous lui envoya un petit coucou de sympathie : -Tout va bien… On est content de te voir… Vive le grand Thimonnier ! Et la chorégraphie entamée continua. Ya ko line se trainait, positionnée au beau milieu de nous, elle lambinait tout en baillant à se décrocher la mâchoire. Rapidement sa posture étrange contamina notre groupe. Manu se mit à compter avec une lenteur inaccoutumée. Mousse fit ses pompes musclées sur les genoux, Meskerem arrêta de claquer des dents et Fanny perdit de son rythme effréné. Comme l’intégralité des personnes présentes dans la salle, j’étais moi-même devenu apathique, ressentant un mélange d’endormissement et de sommeil évasif qui avait envahi mon corps, j’étais devenu molasse et sans fraîcheur. C’est à vingt heure exactement, cette heure qui sonnait l’exact point milieu de notre entrainement, qu’un miracle soudain se produisit, Ya Ko Line ouvrit grand les yeux, avala une bouchée de riz de l’oncle Chan qu’elle avait caché dans un repli de son short et elle se mit à se débattre de toutes ses forces, décuplant ses mouvements d’une façon surprenante et dansant la chorégraphie à un tempo enjoué. Manu se mit à hurler son habitude, Stan surprise s’était barbouillé la bobine de rouge à lèvre et Fany folle d’excitation nous démontra comment ramasser des bananes ! Mon cœur se mit à battre plus que raison et je dus reprendre mon souffle, haletant, la main appuyée sur une colonne et tous les sportifs de notre salle furent pris d’une furie soudaine. C’est à la fin du cours que Ya Ko Line nous dévoila le secret de ce changement miracle : -Ah nobles amis étrangers, quel bonheur, à vingt heure précise, nous avons changé de calendrier Chinois. Nous étions dans le mois de la marmotte et sommes passés à celui de la sauterelle ! Vive le body combat ! |