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23/01/2012   Espionnage
Le Kremlin, un soir de grand froid.
Vladimir Podchakowitz Modrovenev marche autour de la grande salle de réunion, les mains derrière le dos, le front anxieux et la mine interrogative.
« Camarade dit-il au trois personnages qui le regardent avec la plus grande attention. Il n’est plus possible que notre grande Patrie ne puisse pas avoir le meilleur body combattant au monde ! »
Hector Modkovivh andropov baisse les yeux et regarde le sol avec tristesse et honte. Cinq ans que ce pauvre camarade essaie en vain de détrôner l’indétrônable.
« Mais, murmure-t-il, camarade, il est impossible de battre ce diable du club ICC de Genève ! Je m’entraîne pourtant jours et nuits ! »
Les deux hommes bardés de médailles qui sont assis à côté de lui hochent de la tête et s’exclament :
-Il  faut qu’on le mette hors service.
Alors soudain la mine des quatre acolytes pétille d’un sourire radieux et ils se mettent à applaudir l’idée. Les chiens qui se tenaient jusqu’à présent tranquillement couchés à leurs pieds se mettent également à japper de joie.
-Trouduque, ptitfiote, couyemol, pèdsinge taisez-vous hurla Vladimir à leur encontre. Puis il précise :
-Nous avons la camarade Olga que nous avons infiltré dans ce club, elle nous sera d’une aide précieuse pour nous fournir l’aide et les renseignements nécessaires…

Pékin, un soir de nuit sans lune.
Monsieur Chong un nem au curry planté dans la bouche, essuie ses doigts huileux sur sa robe de soie. Il porte ses yeux sur les trois acolytes qui se tiennent assis à une table, l’œil fixé sur l’écran d’un téléviseur qui diffuse une vidéo en boucle.
-Ouhaouwwww s’exclament t’ils tous en même temps.
C’est la vidéo de Pierre qu’il regarde, vous savez, Pierre, le meilleur body combattant au monde. Ils sont étonnés par sa dextérité incomparable et sa gestuel parfaite.
« C’est qui Jennifer ? Demanda le plus costaud des trois.
-Je ne sais pas honorable Chang, certainement une body combattante.
Dans un coin de la pièce un petit homme est penché sur un livre et semble ne pas s’intéresser  à ce qui se passe autour de lui. C’est Bruce un esthète des arts martiaux.
-Que fait l’honorable Bruce ? Demande Chang.
-Bruce lit ! Répond l’un des compères.
Puis la conversation démarre sur cette horrible évidence. Ils ne seront pas capables cette année encore de décrocher le Graal tant désiré, devenir le meilleur body combattant au monde.
-Nous avons un contact dans ce club ICC de Genève. C’est l’honorable Phil, pas très doué pour parler le Chinois mais qui adore notre pays et nous aidera certainement à mettre hors service ce génie de notre sport préféré.
-Il y a aussi Misléa, ajouta l’honorable Wang, j’ai entendu dire qu’elle était Chinoise…

Alger, un soir de Ramadan.
Moustaffa s’applique à ses exercices quotidiens, il est surveillé par Mouloud son coach et entraineur.
-Z’y va mon frère trop d’la balle, j’kif grave quand j’te vois faire des kicks.
-Trop grave, t’es relou, tu sais pas que j’peux pas battre ce keuf de l’ICC !
-Faut lui exploser la cheutron à ce bouffon !
Moustaffa hausse des épaules et enchaine une série d’uppercuts.
Mouloud le regarde avec des yeux admiratifs.
-J’dis respect mon frère, c’est chelou qu’tu gagnes pas le titre tu déchires grave !
Saïd une bouchée de coucous dans la bouche, ayant entendu la conversation, arrive animé par sa démarche nonchalante.
-Trop grave, faut s’occuper de cet infidèle ! J’connais Meriem une bonne croyante, elle évolue dans ce club de ouf,  j’la kif grave. Même si c’est une Pouff trop zarbi j’peux voir si elle peut nous aider…

Club ICC de Genève, un mardi soir comme on les aime

Pascal, le préposé de la salle semblait particulièrement heureux ce soir. Il venait d’enregistrer trois nouvelles inscriptions à son club en moins d’une demi-heure.
Il y avait Monsieur Hector Modkovivh andropov, un Russe. Monsieur Bruce, un Chinois et Monsieur Moustaffa un Algérien.
Ces trois nouvelles recrus étaient toutes intéressées par le cours de body combat.

Pendant ce temps-là, notre petit groupe de sportifs habituels avaient décidé de faire une soirée déguisée en s’échangeant leurs personnalités et habillements.
Il y avait Aurélie avec la Burka de Meriem qui tentait le langage des banlieues :
-Z’y va nique ta mère ! Hurlait-elle en rigolant.
Anne-Marie avait endossé la panoplie de Chantal, un bleu pétrolé à souhait :
-P… de M… font C… ces mecs ! Répétait-elle, usant d’une imitation plus vraie que nature.
Rolph s’était déguisé en Olga, une longue perruque blonde croulait sur ses épaules qu’il avait découvertes.
César écœuré mangeait un sandwich à l’odeur infecte et s’était fait tatoué au henné un portrait de Nadia sur le bras.
Olga en Catherine restait cachée derrière une colonne de la salle.
Chantal en Aurélie se frottait le ventre qu’elle avait arrondi par l’apport d’un coussin en chantant :
-Mon bébé chéri que je t’aime que je t’aime…
Meriem en Anne-Marie s’essayait à un langage qu’elle ne maitrisait pas complètement :
-J’eusse aimé que nous fumes plus nombreux pour cette gaudriole ! Puis elle se jeta tête la première sur le sol s'essayant ainsi à la danse du Martin pêcheur.
Phil s’était tondu la tête et avait pris la place de Dominique sur l’estrade en faisant gonfler les muscles de ses bras et en rentrant son ventre avec grande difficulté.
Notre bon Gourou jouait au petit Chinois, marchant sur ses genoux, la bobine graissée à l’huile de nems et en fredonnant discrètement :
-Maolou ou ou !

Pierre avait pris la place de Venu et jouait le séducteur avec une petite brunette de 18 ans. Son imitation n’était pas vraiment parfaite car la jeune donzelle semblait réceptive à ses avances.

Venu, en Pierre, particulièrement fier de se faire passer pour le meilleur body combattant au monde, portait l’accoutrement habituel du grand maître incontesté, une perruque à la Coluche, un short trop grand, des chaussettes dépareillées, un t-shirt de vacances et des baskets usées jusqu’à la corde.
Catherine boudait dans un coin en disant :
-Bein moi, on m’avait pas avertie sur cette soirée.
Misliar trop nouvelle dans notre groupe, avait gardé son apparence habituelle. Elle semblait furieuse car Pascal, lui avait demandé de traduire la carte de visite du Chinois nouvellement arrivé :
-J’suis pas Chinoise espèce d’idiot ! Avait-elle vociféré dans la figure du pauvre Pascal.
Quel est l’andouille qui a fait courir ce bruit !
Martine avait refusé de prendre la place d’Anne-Marie :
-Non mais, j’suis beaucoup trop jeune, ça n’est pas crédible dit-elle en nous montrant son passeport fraîchement imprimé indiquant une date de naissance que je n’osai pas, par politesse, contester.

Le cours commença avec la participation des trois nouveaux arrivants.

Phil prit à cœur son nouveau rôle de professeur et le jeu de rôle dans lequel nous nous étions tous jetés.
En regardant Venu il dit :
- Pierre, toi qui es le meilleur body combattant au monde, viens te mettre devant moi !
Venu s’exécuta fier de sa nouvelle condition.
Moustaffa , Hector et Bruce le suivirent des yeux avec méchanceté en serrant leur poings et en crissant des dents.
L’échauffement et le premier combat se fit sans anicroche, nous essayions tous tant bien que mal de suivre les mouvements quelques peu surprenants de notre nouveau leader.
Après 5 minutes d’exercices, le pauvre Phil essoufflé nous proposa une petite pause.

Profitant de cet instant de répit.
Moustaffa osa une première approche vers celle qu’il croyait être Meriem :
-Z’y va t’es trop bonne avec ton niqab, z’y va si t’a la dalle on s’fait un kebab après le cours !
Aurélie ne comprenant pas ce langage fleuri à la sauce banlieue répondit par la seule expression qu’elle connaissait :
-Nique ta mère !
-Eh t’es vraiment déchirée pour une meuf !
-Nique ta mère !
-Z’y va t’es relou grosse Pouf, j’vais t’exploser la cheutron si tu continues !
-Nique ta mère !
-Trop Ouf, elle continue, tu veux t’fritter la battarde !
-Nique ta mère !

Excédé, Moustaffa décida de passer ses nerfs sur son ennemi détesté et se jeta donc sur Venu croyant qu'il était Pierre en hurlant, Intifada, Pierre j'vais niquer ta cheutron !

Notre pauvre Venu qui se délectait de ses instants furtifs en tant que meilleur body combattant, ne comprit pas tout de suite ce qui lui arrivait. Puis réalisant la méprise il argumenta entre deux coups de boules :
- Mais je suis l'étalon des Avanchet ! J'ai pris la place de Pierre juste pour ce cours !
Puis prenant à témoin la petite Polonaise qu'il harcelait depuis quelques semaines il demanda :
-Dit lui que c'est vrai !
La petite, toute contente, pensant qu'elle pouvait être enfin débarrassée de cet incorrigible dragueur, dodelina de la tête en signe de négation en ajoutant, non tu t'appelles bien Pierre!
-z'y va, t'es un mytho, j'vais t'chouravé ta tête de robeu ! Hurla Moustaffa.

Venu comprenant que le problème devenait grave, utilisa la meilleure technique qu'il employait d’habitude pour échapper à l'ardeur trop déterminée de sa fiancée, la vieille Indira calejane.
Il prit ses jambes à son coup et fut immédiatement poursuivi par son agresseur.


Pendant ce temps-là.
Hector s’approcha de la blonde qui était devant lui et qu’il pensait être Olga.
Il lui tapa délicatement sur l’épaule :
-Camarade, dit-il doucement.
Rolph sous son déguisement se retourna pour voir qui l’interpellait.
En-le, la, voyant Hector ressentit un  grand frisson lui parcourir l’échine. Fois d’Hector Modkovivh andropov, il n’avait jamais vu de sa vie une femme aussi belle. Ses muscles imposants, sa pilosité abondante, son sourire ravageur, son parfum à l’ail mélangé avec une touche de vinaigre Balsamique flottait autour d’elle. Elle ressemblait à ses admirables babchas de Sibérie. C’était elle, son idéal, son but, la femme de sa vie.
Son cœur se mit à battre, prenant la main de sa dulcinée, il mit un genou à terre, la baisa délicatement et lança :
-Camarade, veux-tu m’épouser ?
Rolph surpris par cette soudaine demande ne trouva que cette réponse pour se défaire de cette situation gênante :
-bein moi  j’aime Nadia et le café Vaudois…
Hector poussa un hurlement de douleur :
-Ah non, toi aimer les femmes, toi être camarade gouine! Comprenant l’impossibilité de leur amour, les larmes plein les yeux, il appuya sa face sur son coude plié et se mit à pleurer.
Dehors son chien Pèdsinge se mit à hurler à la mort bientôt suivit pas Hannus (le chien d'Olga) qui jappa sa tristesse.
-Pour moi, camarade, la vie n’a plus aucun sens susurra-t-il, puis, reprenant quelque peu ses esprits il fit la faute ultime en demandant :
-Mais camarade c’est quoi le café Vaudois ?
Rolph sortit de sa poche arrière un restant de son sandwich en disant :
-Tiens gouttes !
La réaction fut immédiate et fulgurante et notre pauvre homme s’enfuit dans les toilettes pour ne plus en ressortir...

Au même moment Bruce aborda Dominique habillé en Phil :
-chong phil tong nems chonching noa !
Ce qui veut dire
-Honorable Phil, puis-je partager avec toi ce délicieux Nem.
Dominique qui avait toujours eu des problèmes avec les langues étrangères crut qu'on lui parlait en anglais. Il répondit par la seule phrase qu'il connaissait :
-Give me a five !
Bruce interloqué continua :
-katchung moillo wayé Pierre.
Ce qui peut se traduire par.
-Je veux mettre Pierre hors circuit. Tu sais, il est le meilleur body combattant au monde, certainement le plus bel homme de la Terre, le plus intelligent et l'être le plus charismatique que notre planète a eu la chance de porter.

(Bon, hum, j'en rajoute peut être un peu, mais bon, c'est moi qui invente les histoires, alors...)

Le véritable Phil, perché sur son estrade, qui se reposait assis, la langue pendante, ruisselant d'une sueur abondante qui dégoulinait le long de son cou flétri par un excès de gras obtenu par son régime de nems au beurre, tendit l'oreille pour s'intéresser aux intonations de l'Asiatique.
Ne voulant pas perdre la moindre occasion d'utiliser la langue qu'il affectionnait tout particulièrement, il se mêla à la conversation avec son Chinois qu'il ne maîtrisait toujours pas très bien :
-Honorable chong, tchen choune yoyo maté !
Ce qui veut dire.
-Honorable ami, nous sommes tous atteint par la peste bubonique !
Au même moment Anne-Marie découvrit ses jambes et bras bleuies et boursouflées, vestiges de la nouvelle danse appelée "épilation brutale" qu'elle pratiquait depuis quelques temps.

Le pauvre Bruce ne demanda pas son reste et disparut pour toujours de notre charmant environnement.

Une semaine plus tard je me pointais au club comme j'en avais l'habitude.
Dans la salle je ne pus que remarquer cette grande blonde aux cheveux en bataille au teint basané et à la poitrine artificielle et dissymétrique. En me voyant arrivé elle se précipita vers moi :
 - C'est moi Pierre! Dit-elle.
-Venu! Mais je ne t'avais pas reconnu!
- J'ai dû changer d'adresse et d'apparence, y'a un psychopathe qui veut ma peau. J'habite maintenant au Pâquis chez des amis transsexuels, précisa t'il en frottant son fessier qui semblait être douloureux...

Mais, me diriez-vous qu'est-il advenu de nos espions ?

Moustaffa ayant poursuivi la mauvaise cible, fut radié des services secrets Algérien.
Bruce a juré de ne plus remettre les pieds en Suisse où l'hygiène élémentaire ne semble pas être de règle et où les foyers d'épidémies prolifèrent.
Hector brisé par son chagrin d'amour, vit maintenant reclus dans un monastère de Sibérie.




 


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