Tweet 20/02/2012   Infarctus

Il y eut tout d'abord un grand froid qui traversa ma colonne vertébrale, puis, ma tête se mit à tourner et je me retrouvais soudain allongé sur le carrelage de mon bureau
avec mon esprit qui me disait :
-Pierre lève toi va t'asseoir, il fait froid ici!
Grâce à ma secrétaire, le SAMU arriva rapidement et après un diagnostiic évident je me retrouvais sur une table d'opération où je pus m'intéresser à l'intervention peu
douloureuse qui déboucha l'artère fautive.

Une heure plus tard, piqué de sondes multiples et de tuyaux salvateurs, j'étais plongé dans la lecture d'un livre sur la Coronarographie tout en regardant distraitement
l'épisode de "Docteur House" qui tournait en boucle sur l'écran qu'on avait accroché devant moi.

La porte de ma chambre s'ouvrit avec fracas pour voir l'ensemble de mon groupe de body combat déferler d'une façon désordonnée.
Tous mes amis sportifs avaient précipitamment accouru de leur entrainement favori sans même avoir pris le temps de prendre une douche.
Une odeur fétide glissait de leurs aisselles dégoulinantes et une odeur âcre garnie mon étroit local pour gagner rapidement mes narines.

Seul Venu était resté à l'entrée de ma tanière et discutait avec deux jolies infirmières.
L'une d'elle l'air choquée interjeta:
-Mais monsieur nous n'aimons pas vos mains baladeuses !
Notre bel ami tout en penchant sa tête dans ma direction répondit :
-Maintenant que l'autre est définitivement hors service, c'est moi le meilleur body combattant au monde !
L'attitude des deux demoiselles changea instantanément du tout au tout, elles le regardèrent avec des yeux concupiscents, puis, l'une d'elle écrivit quelque chose sur un morceau de papier qu'elle tendit à notre séducteur en précisant. C'est mon numéro de téléphone. Ensuite elle lui envoya un clin d'œil coquin regarda sa copine et ajouta.
Nous vivons ensemble !

Dans ma chambre chacun y allait de sa petite remarque.
Rolph grommelait dans un coin :
-S'il avait fréquenté le même restaurant que moi, il n'aurait pas eu de cholestérol !
Chantal l'air conquérante jura. B... De M... J'ai toujours dit que les crudités c'était bon pour la santé!
Olga précisa que dans son pays on n'avait pas d'infarctus. C'est grâce au camarade Lénine qui nous a dit de manger des pommes de terre et des choux cuits à l'eau et d’éviter la nourriture capitaliste !
Puis il y avait Catherine, d'humour facétieux, cachée dans la salle de bain qui osa. "J'ai toujours dit qu'il n'avait pas de cœur! " et puis César arrivant en retard qui gaffa en annonçant qu'il avait été gêné par une mauvaise circulation.

Anne-Marie entra, poussée dans une chaise roulante. En voyant notre étonnement, elle précisa qu'elle se trouvait au 2 ième étage de l'hôpital pour soigner une fracture du bassin contractée lors d'une séance de danse de "la chaise manquante".

Gaby, les yeux révulsés, la bouche écumante, Le regard subjugué par mes perfusions, me fit cette gentille proposition :
-Tu sais Pierre, si tu as besoin d'une prise de sang, n'hésites pas à me le demander.

Aurélie, lorgnant sur son ventre arrondi, l'air plutôt contente, nous dit qu'elle se sentait en sécurité ici dans le cas où elle perdrait ses eaux.

Meriem avait troqué sa burka noire par une blanche marquée d'un croissant rouge :
-z'y va trop ouf comme histoire mon frère!

Phil voulu me réconforter en y allant avec un proverbe Chinois :
-toye youn tchi ha !
Qui peut littéralement se traduire par. "Le train est en panne." ????

Meskerem se mit à pousser ses petits cris et fit ainsi réagir notre gourou Dominique qui semblait complètement tétanisé.
Le pauvre avait pris conscience d'avoir perdu son meilleur élève. Celui qu'il considérait comme l'esthète incontesté de son art, le farfadet de la bonne posture, dont la précision du geste l'avait depuis toujours émerveillé.
Il sortit de son sac un petit paquet qu'il tenait depuis longtemps à m'offrir, puis, la larme à l'œil, il bredouilla:
-Tiens ! Comme tu ne pourras plus assister à mon cours, je t'ai enregistré mon interprétation de toutes les chansons de Polnareff !

Ce cadeau me toucha particulièrement et me rappela ce fameux proverbe.
"A toutes choses malheur est bon. "
 


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