Tweet 11/04/2011 Le pardon

Tout avait commencé par un nez bouché !

Et bien oui, ma tendre et douce aimée, lors de l’arrivée des pollens, a le nez bouché !

Alors bon, il fallait que je lui fasse une blague !

J’avais déposé au beau milieu de sa garde robes un camembert vieux de quelques mois dont l’odeur pestilentielle embaumait l’air sur une bonne dizaine de mètres.
J’ai trop rigolé en pensant à ses petites réunions entre copines le mardi et jeudi soir, imaginant la gène qu’occasionnaient ses vêtements parfumés au fromage.
Mais, ce qui devait arriver arriva.L’une de ses amies lui fit remarquer qu’elle ne sentait plus le chanel N°5 de son habitude et le pot aux roses fut donc vite découvert.

 Le dos meurtri et un bon coquard sur mon œil gauche, j’écoutai avec attention les invectives que mon épouse, son fameux rouleau de pâtisserie à la main, me témoignait :
« Pierre, tu n’es qu’un être vil, abjecte, détestable. Je ne sais pas comment tes amis du body combat peuvent supporter tes fadaises ! »

 Cette petite élocution, me fit réfléchir sur la justesse de mon comportement… 

Ce mardi, j’arrivais au cours de body combat, penaud, la tête baissée, en ayant la ferme intention de m’excuser platement pour mes écrits abjectes et licencieux. 
J’entrais sur la pointe des pieds dans la salle. 

Olga, qui avait sur chacun de ses mollets tatoué une faucille et un marteau, le regard rivé sur un livre de poèmes de Trotski, un large sourire aux lèvres, lisait à voix haute l’un des pamphlets de son illustre compatriote :
« Oh,  prolétaires au mains souillées par votre labeur.
   Révoltez-vous contre le capital qui vous enchaine
   De ces rustres rupins surtout n’ayez pas peur
   Videz sur eux toute l’action de votre haine ! » 
Puis soudain levant les yeux, elle me regarda d’un œil tendre et dit :
« Pierre, ma foi dans le socialisme m’a fait comprendre que je devais te pardonner l’ensemble de tes écrits malfaisants, va en paix camarade! 

Venu, occupé qu’il était à approcher une petite blonde aux allures de Polonaise et aux attributs plus que généreux, fit une petite pose pour me dire :
« J’ai relu des passages du livre de Gandhi, alors mes amis et moi-même seront bons avec toi ce soir dans les vestiaires.Nous avons décidé de ne pas t’imposer la chaîne du bonheur prévue sous les douches ! Soit heureux !

Puis ce fut au tour d’Aurélie qui tout en se frottant le ventre, m’assura que je serai le parrain de son enfant à naître. 

En entrant dans la salle, j’avais remarqué un tas de draps noirs entassés dans un coin de la pièce. Ils se mirent soudain à bouger et s’approchèrent de moi...
En entendant la voix qui en sortait, je compris que c’était Meriem recouverte d’une burka et qui sortait de sa dévotion. Effectivement, elle venait récemment de rejoindre le groupe de prière d’un Imam intégriste.
Elle me rassura :
« Le prophète a dit qu’il fallait savoir pardonner, aucune fatwa ne sera donc lancée contre toi, vit heureux et paisible ! 

 Rolph qui sortait du café Vaudois, la mine bleime avec quelques hoquets proches du vomissement me tendit un bon d’achat pour un sandwich à la tartiflette de son resto préféré :
« Tiens, tu vois, en fait, je ne t’en veux pas. Va le ventre plein et la mine réjouie ! » 

Catherine brava sa timidité pour m’envoyer une longue ritournelle :
« t’es ok ! » 

Chantal argumenta qu’étant donné le QI moyen d’un homme, toute femme devait être indulgente et passer l’éponge sur toutes fadaises. 

Enfin, ce fut peut être Phil qui un peu plus tard m’offrit le plus beau témoignage d’amitié en me donnant un morceau du nem qu’il venait de mâchouiller. 

Seul Dominique sembla garder de terribles griefs à mon égard et je fus dans l’obligation de l‘entendre entonner son ultime version de « la mouche » de Polnareff.


 


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