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 20/06/2011 Le livre sacré

 

C’est en sortant de notre club de fitness que tout arriva.
Un beau jeune homme et une belle jeune fille étaient postés devant l’entrée  habillés d’une façon année soixante. La jolie fille m’attrapa par le bras et me dit :
« Mon frère, veux-tu acheter mon livre, pour cinq Francs suisse, il parle de l’amour que Shiva porte à tous ses enfants ! Paix soit à ton âme, amour et félicités. »
Je n’étais pas du tout intéressé par son bouquin, mais ce qui me décida de l’acheter, c’était le décolleté pigeonnant de la belle demoiselle et ses livres qui étaient posés parterre devant elle.
Je pus ainsi satisfaire pleinement mon regard lubrique.

La semaine suivante je me pointais au club et à ma grande surprise tout le monde tenait ce fameux petit manuel dans la main. Venu au regard gourmand en possédait bien une dizaine.
En me voyant, il vint vers moi, posa ses mains sur mes épaules et en me regardant droit dans les yeux, me dit :
« Pierre, mon frère, je t’aime, Hare Krishna ! »
Dominique qui était jusqu’à présent resté silencieux dans son coin, les deux pieds coincés derrière la tête, se déplia complètement et sortit de son sac un énorme joint qu’il nous fit passer.
« C’est de la Marie Jeanne ? » Lui demandais-je.
« J’l’ai appelé Marie Lou ! » Précisa-t-il !
Après en avoir pris une seule bouffée, je le passai rapidement.
Les autres en firent de même.
Seule,  Catherine eut tout le mal du monde à se le faire rendre par Olga qui en abusait copieusement.

Ma tête commençait à tourner au moment même où notre maitre du body combat nous indiqua que le cours allait commencer.

Un bel adonis, noir et musclé entra dans la salle. Il rayonnait de vitalité, d’énergie et de motivation. Il fit un petit signe à Dominique qui lui répondit d’un petit sourire béat. Il monta sur l’estrade et se présenta :
« Je m’appelle Claude, je suis les cours de formation pour devenir professeur de fitness et Dominique m’a invité ce soir à le suivre pour ces exercices. Je vous guiderai donc sur cet entraînement en parallèle avec lui ! Puis il cria. Vous êtes motivé ! »

Après un long silence, Chantal seule à avoir écouté son monologue murmura :
« -Yooo ! Tout en effaçant un bâillement d’une main posée sur sa bouche. »

Le reste de l’assemblée riait benoitement et les bras dressées vers le ciel chantait ;
« Hare Krisna, Hare Krisna…

Le pauvre Claude regarda Dominique avec étonnement et lui proposa :
« On va mettre le feu ce soir !
-Paix et amour mon frère, ce soir je vais mettre un cd des Pink Floyd ! »

Phil qui était présent à ce cours profita d’un instant de silence pour nous dire qu’il connaissait en Chinois, une chanson apaisante et spirituelle. Il se mit à la fredonner et nous fumes immédiatement envoutés par sa mélopée ensorceleuse, troublante et magnétique qui enchaînait des vocables magiques.

Une petite Chinoise qui assistait à notre cours pour la première fois, se mit à rougir. Puis furieuse s’enfuit de la salle en disant qu’elle n’avait jamais entendu une chanson paillarde aussi vulgaire et malvenue dans une assemblée à la majorité féminine.

Le cours commença enfin sous une musique psychédélique.

Claude se débattait comme un beau diable alors que Dominique enchainait des katas amples et lents.

Sur ma gauche Venu se mouvait d’une façon harmonieuse et fondante.
Trois musclors, à l’extérieur de la salle, le nez collé sur la vitre, l’admiraient avec envi. Ils mimaient quelques positions suggestives en semblant lui dire « T’as de la chance venu, ce soir se sera ton jour de fête ! »

Meriem portait une mini Burka rose à fleurs. Chacun de ses mouvements laissaient entrevoir un string qui aurait même pu, lors d’un jour ordinaire, rendre notre cher Venu jaloux.
Voyant mon air interrogateur elle jugea bon de se justifier :
« Zi va,  Le rose c’était la couleur que kiffait mieux l’prophète ! »

Olga me fit un clin d’œil qu’elle avait embrumé et me dit qu’en fait le Capitalisme avec quelque chose de bon.

Et puis il y avait Babette, qui avait certainement oublié les us et coutumes des années soixante- huit. Elle évoluait parmi nous bardée de cuire, un fouet à la main.
Son fameux petit Chippendale accroché à une laisse, lui jappait :
« Frappe-moi maîtresse ! »

Catherine, lavée de toute inhibition fit du rentre dedans au Portugais, vous savez ce petit nouveau, agile et alerte, qui saute comme une grenouille ! 
Elle lui pinçait discrètement les fesses en disant :
« T’es mignon, toi, ma petite rainette d’amour ! »

Chantal portée dans son monde oublia même de cracher sa chique dans le sac plastique qu’elle gardait toujours sur elle. Elle envoya donc son fameux cramiot au pied de l’estrade. Celui-ci s’écrasa en une immense tâche gluante. Elle se tourna vers moi, sourit en me regardant et, utilisa son interjection préférée :
« Comme un mec !
Puis elle ajouta. Tu sais Pierre cette semaine pour suivre ton conseil, j’essayerai de prendre une douche ! »

Aurélie, les pupilles encore plus dilatées qu’à l’habitude se disait qu’il fallait absolument que Dominique lui donne l’adresse de son revendeur.

Claude qui continuait à se débattre dans des mouvements que personne n’accompagnait, remarqua que seul Rolph semblait le suivre. Il se planta donc devant lui et enchaina les coups de pieds, uppercuts et routines habituelles. Rolph qui avait lui-même exagéré avec la fumette, ouvrit grand les yeux et crut voir devant lui sa Nadia préférée.
Il mima de sa bouche quelques tendres baisés et lui murmura son phantasme.

Le pauvre Claude vira du noir au vert, un peu comme s’il avait dîné au café Vaudois.

Puis, une pensé gicla clairement dans son esprit.
« Le body combat n’est pas fait pour moi ! »

Il essaya de s’enfuir, glissa sur le glaireux et fini aux pieds de Dominique qui lui affirma que seul un long chemin le guiderait vers la sagesse.



 


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