C’est en sortant de
notre club de fitness que tout arriva.
Un beau jeune homme et une belle jeune fille étaient
postés devant
l’entrée habillés
d’une façon année soixante. La jolie
fille m’attrapa
par le bras et me dit :
« Mon frère, veux-tu acheter mon livre, pour cinq
Francs suisse, il parle de
l’amour que Shiva porte à tous ses enfants ! Paix
soit à ton âme, amour et
félicités. »
Je n’étais pas du tout
intéressé par son bouquin, mais ce qui me
décida de
l’acheter, c’était le
décolleté pigeonnant de la belle demoiselle et
ses livres
qui étaient posés parterre devant elle.
Je pus ainsi satisfaire pleinement mon regard lubrique.
La semaine suivante je me pointais au club et à ma grande
surprise tout le
monde tenait ce fameux petit manuel dans la main. Venu au regard
gourmand en
possédait bien une dizaine.
En me voyant, il vint vers moi, posa ses mains sur mes
épaules et en me
regardant droit dans les yeux, me dit :
« Pierre, mon frère, je t’aime, Hare
Krishna ! »
Dominique qui était jusqu’à
présent resté silencieux dans son coin, les deux
pieds coincés derrière la tête, se
déplia complètement et sortit de son sac un
énorme joint qu’il nous fit passer.
« C’est de la Marie Jeanne ? » Lui
demandais-je.
« J’l’ai appelé Marie Lou !
» Précisa-t-il !
Après en avoir pris une seule bouffée, je le
passai rapidement.
Les autres en firent de même.
Seule, Catherine eut tout le mal du monde à se le
faire rendre par Olga
qui en abusait copieusement.
Ma tête commençait à tourner au moment
même où notre maitre du body combat nous
indiqua que le cours allait commencer.
Un bel adonis, noir et musclé entra dans la salle. Il
rayonnait de vitalité,
d’énergie et de motivation. Il fit un petit signe
à Dominique qui lui répondit
d’un petit sourire béat. Il monta sur
l’estrade et se présenta :
« Je m’appelle Claude, je suis les cours de
formation pour devenir professeur
de fitness et Dominique m’a invité ce soir
à le suivre pour ces exercices. Je
vous guiderai donc sur cet entraînement en
parallèle avec lui ! Puis il cria.
Vous êtes motivé ! »
Après un long silence, Chantal seule à avoir
écouté son monologue murmura :
« -Yooo ! Tout en effaçant un bâillement
d’une main posée sur sa bouche. »
Le reste de l’assemblée riait benoitement et les
bras dressées vers le ciel
chantait ;
« Hare Krisna, Hare Krisna…
Le pauvre Claude regarda Dominique avec étonnement et lui
proposa :
« On va mettre le feu ce soir !
-Paix et amour mon frère, ce soir je vais mettre un cd des
Pink Floyd ! »
Phil qui était présent à ce cours
profita d’un instant de silence pour nous
dire qu’il connaissait en Chinois, une chanson apaisante et
spirituelle. Il se
mit à la fredonner et nous fumes immédiatement
envoutés par sa mélopée
ensorceleuse, troublante et magnétique qui
enchaînait des vocables magiques.
Une petite Chinoise qui assistait à notre cours pour la
première fois, se mit à
rougir. Puis furieuse s’enfuit de la salle en disant
qu’elle n’avait jamais
entendu une chanson paillarde aussi vulgaire et malvenue dans une
assemblée à
la majorité féminine.
Le cours commença enfin sous une musique
psychédélique.
Claude se débattait comme un beau diable alors que Dominique
enchainait des
katas amples et lents.
Sur ma gauche Venu se mouvait d’une façon
harmonieuse et fondante.
Trois musclors, à l’extérieur de la
salle, le nez collé sur la vitre,
l’admiraient avec envi. Ils mimaient quelques positions
suggestives en semblant
lui dire « T’as de la chance venu, ce soir se sera
ton jour de fête ! »
Meriem portait une mini Burka rose à fleurs. Chacun de ses
mouvements laissaient
entrevoir un string qui aurait même pu, lors d’un
jour ordinaire, rendre notre
cher Venu jaloux.
Voyant mon air interrogateur elle jugea bon de se justifier :
« Zi va, Le rose c’était la
couleur que kiffait mieux l’prophète ! »
Olga me fit un clin d’œil qu’elle avait
embrumé et me dit qu’en fait le
Capitalisme avec quelque chose de bon.
Et puis il y avait Babette, qui avait certainement oublié
les us et coutumes
des années soixante- huit. Elle évoluait parmi
nous bardée de cuire, un fouet à
la main.
Son fameux petit Chippendale accroché à une
laisse, lui jappait :
« Frappe-moi maîtresse ! »
Catherine, lavée de toute inhibition fit du rentre dedans au
Portugais, vous
savez ce petit nouveau, agile et alerte, qui saute comme une grenouille
!
Elle lui pinçait discrètement les fesses en
disant :
« T’es mignon, toi, ma petite rainette
d’amour ! »
Chantal portée dans son monde oublia même de
cracher sa chique dans le sac
plastique qu’elle gardait toujours sur elle. Elle envoya donc
son fameux
cramiot au pied de l’estrade. Celui-ci
s’écrasa en une immense tâche gluante.
Elle se tourna vers moi, sourit en me regardant et, utilisa son
interjection
préférée :
« Comme un mec !
Puis elle ajouta. Tu sais Pierre cette semaine pour suivre ton conseil,
j’essayerai de prendre une douche ! »
Aurélie, les pupilles encore plus dilatées
qu’à l’habitude se disait
qu’il
fallait absolument que Dominique lui donne l’adresse de son
revendeur.
Claude qui continuait à se débattre dans des
mouvements que personne
n’accompagnait, remarqua que seul Rolph semblait le suivre.
Il se planta donc
devant lui et enchaina les coups de pieds, uppercuts et routines
habituelles.
Rolph qui avait lui-même exagéré avec
la fumette, ouvrit grand les yeux et crut
voir devant lui sa Nadia préférée.
Il mima de sa bouche quelques tendres baisés et lui murmura
son phantasme.
Le pauvre Claude vira du noir au vert, un peu comme s’il
avait dîné au café
Vaudois.
Puis, une pensé gicla clairement dans son esprit.
« Le body combat n’est pas fait pour moi !
»
Il essaya de s’enfuir, glissa sur le glaireux et fini aux
pieds de Dominique
qui lui affirma que seul un long chemin le guiderait vers la sagesse.
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