Je reviens d’une
semaine de vacances en célibataire dans
l’île de Majorque.
J’avais choisi un hôtel splendide qui plongeait
d’une falaise abrupte jusque dans
la mer au bleu limpide. Le temps était splendide, la chaleur
atténuée par une
brise légère, le restaurant servait une
nourriture délicieuse, tout était
parfait.
Les deux premiers jours passèrent en farniente idyllique et
même vous, amis
sportifs du body combat, ne faisiez aucunement partie de mes
pensées !
Pourtant…
J’étais allongé sous le soleil cuisant,
laissant à tous le soin d’admirer mon
corps d’ébène à la
musculature parfaite, quand, soudain, une femme d’une
beauté
stupéfiante approcha. Elle devait avoir dans les vingt-cinq
ans avec une
plastique irréprochable, un port de reine, des volumes
harmonieusement
distribués, des yeux bleus scintillant d’une
intelligence rare.
Il y avait de nombreuses chaises longues distribuées sur la
plage. Pourtant.
Elle choisit celle qui se trouvait à mes
côtés. En homme marié, d’une
fidélité
dogmatique, je fis mine de ne prêter aucune attention
à cette déesse.
Après quelques instants de silence, elle s’adressa
à moi en ces termes:
« -Bonjour camarade !
Je me tournai dans sa direction, intrigué par cet accent
à la Olga et lui
envoyai un « non » de la tête voulant
ainsi marquer mon désintéressement.
Elle continua :
-Tu es bien le camarade meilleur body combattant au monde ? Surpris je
hochai
un « oui » sur cette vérité.
Dans mon pays, continua-t-elle, tes petits films
tournent en boucle dans toutes les salles de sport. Je
t’admire camarade, tu es
tellement beau et fort.
A cet instant je compris que c’était mon jour de
chance et une petite voix
résonna dans ma tête «
L’occasion fait le larron, l’occasion fait le
larron… »
Oubliant subitement mes promesses éternelles,
j’allais lui envoyer l’une de ces
phrases qui fait succomber toutes femmes normalement
constituées, quand, un
homme dans la soixantaine bien tassé, la bedaine pendante,
la mine patibulaire
avec une haleine d’huitre pas fraîche se
présenta à elle. Je crus d’abord que
c’était son père ou même son
grand père, mais, quand il lui envoya un baisé,
je
vis la montre Rolex sertie de diamant qu’il portait au
poignet et l’immense
collier en or qui pendouillait sous son double menton. Ma conclusion
fut
immédiate. Les liens qui devaient unir ces deux
êtres étaient nécessairement
basés sur un amour durable et sincère.
J’avais une petite faim, l’hôtel ne
faisant que demi-pension, j’allais illico
faire un petit tour sur le port en direction de cette petite
échoppe qui me
semblait engageante. Quelques sandwichs reposaient en vitrine, se
halant au
soleil radieux. Leur couleur verdâtre me sembla du meilleur
ton. Je m’essayai à
mon Espagnol très approximatif :
-Ola Hombre, je voulasse un sandiwchasse.
Tout en attrapant de sa main huileuse l’un des mets aux
couleurs délicates, il
me répondit avec un accent trainant :
-Un Français, c’est bonard, vous vennnnez de
quellllll coin ?
Quand il apprit que je vivais non loin de Genève, il eut un
grand sourire en
m’affirmant :
-j’ai fait un stage dans l’un des très
bons restaurants de Genève, il s’appelle
le café Vaudois !
Immédiatement, j’eu un hoquet de dégout
et m’éclipsai au plus vite avec mon
casse-croute mal odorant. Au moment où j’allais le
jeter, j’aperçu ce charmant
bambin de la chambre de mes voisins. Ce petit ange chantait
à tue- tête chaque
nuit et tôt le matin son bonheur de passer des vacances
à la mer. Je lui fis un
grand sourire et lui tendis mon dîner. Sans demander son
reste il en avala une
large bouchée, puis après quelques instants et un
rôt de dégout, il détala en
direction de sa chambre.
Une demi-heure plus tard, une ambulance arriva et je pus ainsi passer
le reste
de mes nuits dans un silence monacal.
Le soir, à l’hôtel,
c’était soirée danse.
Je remarquais ce bel homme de type Indou qui se trémoussait
dans des salsas
endiablées et, également, cette petite blonde
qui, aidée de son mastodonte de
partenaire s’adonnait à la danse du bucheron.
Le lendemain je les aperçu tout deux sur la plage.
Elle, de gros cocards sur les yeux et les deux bras en
écharpe, maugréait que
c’était bien la dernière fois
qu’elle danserait avec cet abruti.
Le bel homme était quant à lui,
encadré par deux vieilles gribiches dont le
dentier, posé à côté
d’elles, surnageaient dans un verre d’eau trouble.
L’une
d’elle se pencha vers lui en susurrant d’un air
grivois:
-Faut que tu sois en forme ce soir on m’p’tit
biquet !
L’autre matrone, tout en rigolant, lui pinça
discrètement les fesses.
Au bord de l’eau, j’ai aussi remarqué ce
petit bonhomme qui faisait des
cabrioles dans l’eau et flottait telle une grenouille. Puis
cette jeune dame,
mère à venir qui nageait sur le dos en faisant
admirer au moins huit de ses
neufs mois à venir et cette timide qui restait
cachée sous sa serviette. Et
cette petite gothique toujours triste de crever constamment son matelas
avec
ses piercings
Plus loin, un couple restait à l’écart.
Il est vrai que les mamans avisées
avaient pris soin d’éloigner leurs enfants. Le
monsieur devait être Chinois, un
chapeau en forme d’entonnoir restait constamment
planté sur sa tête. Il passait
son temps à tripoter de ses petits doigts grailleux une
flopé de nems qu’il
finissait par engloutir avec délectation. Sa compagne, une
jolie dame plutôt
volubile, ne cessait de babiller que pour grignoter avec
appétit une jolie
carotte.
Soudain en ouvrant sa boite à outil, elle se mit
à hurler :
-B… de M… ça fait C…
j’ai encore oublié ma clef de dix !
Ces propos firent frémir d’horreur toutes les
personnes à portée d’oreilles,
seule, une dame resta stoïque ignorant des propos
qu’elle ne comprenait
certainement pas. Plus tard je m'expliquai la véritable
raison de son manque de
réaction en la voyant donner une pièce
à un chanteur de rue au crâne chauve qui
s’essayait à une chanson de Polnareff. Marylou ou
ou…
Elle devait être sourde !
A une centaine de mètres de la plage, un navire de plus de
cinquante mètres
lança ses amarres. Voulant voir ce yacht de plus
près, je parti à la nage dans
sa direction quand une vedette rapide fonça sur moi. Le
conducteur de l’engin
s’adressa ainsi à moi :
« Z’y va l’infidèle,
j’vais t’cassé la chetron si tu
approches encore.
Comprenant qu’il ne plaisantait pas, je fis demi-tour juste
après avoir aperçu
une femme en Burka se jeter du navire à l’eau en
hurlant :
-Intifada !
Enfin, il y eu cette dernière anecdote qui couronna mon
séjour ! Nageant avec
mes petites lunettes de plongée,
j’aperçu, posé sur le sable un joli
masque qui
avait dû être perdu récemment. Je
rentrai sur la plage avec ce butin, quand un
petit garçon courra vers moi, l’air
réjoui et un tuyau à la main, il zozota :
« M’sieur, m’sieur ! Vous avez
retrouvé mon masque ! »
C’est alors que toute ma fibre paternelle refit surface. Je
lui donnai mon plus
beau sourire et, tout en lui tendant la main, j’arrachai le
tuba qu’il tenait,
lui assenai un violent coup de pied dans cette partie qui fait
très mal et lui
dit :
- Casse toi morveux, fais pas chier !!!!!
|