Tweet 23/01/2012   Même en vacances


Je reviens d’une semaine de vacances en célibataire dans l’île de Majorque.

J’avais choisi un hôtel splendide qui plongeait d’une falaise abrupte jusque dans la mer au bleu limpide. Le temps était splendide, la chaleur atténuée par une brise légère, le restaurant servait une nourriture délicieuse, tout était parfait.
Les deux premiers jours passèrent en farniente idyllique et même vous, amis sportifs du body combat, ne faisiez aucunement partie de mes pensées !
Pourtant…
J’étais allongé sous le soleil cuisant, laissant à tous le soin d’admirer mon corps d’ébène à la musculature parfaite, quand, soudain, une femme d’une beauté stupéfiante approcha. Elle devait avoir dans les vingt-cinq ans avec une plastique irréprochable, un port de reine, des volumes harmonieusement distribués, des yeux bleus scintillant d’une intelligence rare.
Il y avait de nombreuses chaises longues distribuées sur la plage. Pourtant. Elle choisit celle qui se trouvait à mes côtés. En homme marié, d’une fidélité dogmatique, je fis mine de ne prêter aucune attention à cette déesse.
Après quelques instants de silence, elle s’adressa à moi en ces termes:
« -Bonjour camarade !
Je me tournai dans sa direction, intrigué par cet accent à la Olga et lui envoyai un « non » de la tête voulant ainsi marquer mon désintéressement.
Elle continua :
-Tu es bien le camarade meilleur body combattant au monde ? Surpris je hochai un « oui » sur cette vérité. Dans mon pays, continua-t-elle, tes petits films tournent en boucle dans toutes les salles de sport. Je t’admire camarade, tu es tellement beau et fort.
A cet instant je compris que c’était mon jour de chance et une petite voix résonna dans ma tête « L’occasion fait le larron, l’occasion fait le larron… »
Oubliant subitement mes promesses éternelles, j’allais lui envoyer l’une de ces phrases qui fait succomber toutes femmes normalement constituées, quand, un homme dans la soixantaine bien tassé, la bedaine pendante, la mine patibulaire avec une haleine d’huitre pas fraîche se présenta à elle. Je crus d’abord que c’était son père ou même son grand père, mais, quand il lui envoya un baisé, je vis la montre Rolex sertie de diamant qu’il portait au poignet et l’immense collier en or qui pendouillait sous son double menton. Ma conclusion fut immédiate. Les liens qui devaient unir ces deux êtres étaient nécessairement basés sur un amour durable et sincère.
J’avais une petite faim, l’hôtel ne faisant que demi-pension, j’allais illico faire un petit tour sur le port en direction de cette petite échoppe qui me semblait engageante. Quelques sandwichs reposaient en vitrine, se halant au soleil radieux. Leur couleur verdâtre me sembla du meilleur ton. Je m’essayai à mon Espagnol très approximatif :
-Ola Hombre, je voulasse un sandiwchasse.
Tout en attrapant de sa main huileuse l’un des mets aux couleurs délicates, il me répondit avec un accent trainant :
-Un Français, c’est bonard, vous vennnnez de quellllll coin ?
Quand il apprit que je vivais non loin de Genève, il eut un grand sourire en m’affirmant :
-j’ai fait un stage dans l’un des très bons restaurants de Genève, il s’appelle le café Vaudois !
Immédiatement, j’eu un hoquet de dégout et m’éclipsai au plus vite avec mon casse-croute mal odorant. Au moment où j’allais le jeter, j’aperçu ce charmant bambin de la chambre de mes voisins. Ce petit ange chantait à tue- tête chaque nuit et tôt le matin son bonheur de passer des vacances à la mer. Je lui fis un grand sourire et lui tendis mon dîner. Sans demander son reste il en avala une large bouchée, puis après quelques instants et un rôt de dégout, il détala en direction de sa chambre.
Une demi-heure plus tard, une ambulance arriva et je pus ainsi passer le reste de mes nuits dans un silence monacal.
Le soir, à l’hôtel, c’était soirée danse.
Je remarquais ce bel homme de type Indou qui se trémoussait dans des salsas endiablées et, également, cette petite blonde qui, aidée de son mastodonte de partenaire s’adonnait à la danse du bucheron.
Le lendemain je les aperçu tout deux sur la plage.
Elle, de gros cocards sur les yeux et les deux bras en écharpe, maugréait que c’était bien la dernière fois qu’elle danserait avec cet abruti.
Le bel homme était quant à lui, encadré par deux vieilles gribiches dont le dentier, posé à côté d’elles, surnageaient dans un verre d’eau trouble. L’une d’elle se pencha vers lui en susurrant d’un air grivois:
-Faut que tu sois en forme ce soir on m’p’tit biquet !
L’autre matrone, tout en rigolant, lui pinça discrètement les fesses.
Au bord de l’eau, j’ai aussi remarqué ce petit bonhomme qui faisait des cabrioles dans l’eau et flottait telle une grenouille. Puis cette jeune dame, mère à venir qui nageait sur le dos en faisant admirer au moins huit de ses neufs mois à venir et cette timide qui restait cachée sous sa serviette. Et cette petite gothique toujours triste de crever constamment son matelas avec ses piercings
Plus loin, un couple restait à l’écart. Il est vrai que les mamans avisées avaient pris soin d’éloigner leurs enfants. Le monsieur devait être Chinois, un chapeau en forme d’entonnoir restait constamment planté sur sa tête. Il passait son temps à tripoter de ses petits doigts grailleux une flopé de nems qu’il finissait par engloutir avec délectation. Sa compagne, une jolie dame plutôt volubile, ne cessait de babiller que pour grignoter avec appétit une jolie carotte.
Soudain en ouvrant sa boite à outil, elle se mit à hurler :
-B… de M… ça fait C… j’ai encore oublié ma clef de dix !
Ces propos firent frémir d’horreur toutes les personnes à portée d’oreilles, seule, une dame resta stoïque ignorant des propos qu’elle ne comprenait certainement pas. Plus tard je m'expliquai la véritable raison de son manque de réaction en la voyant donner une pièce à un chanteur de rue au crâne chauve qui s’essayait à une chanson de Polnareff. Marylou ou ou…
Elle devait être sourde !
A une centaine de mètres de la plage, un navire de plus de cinquante mètres lança ses amarres. Voulant voir ce yacht de plus près, je parti à la nage dans sa direction quand une vedette rapide fonça sur moi. Le conducteur de l’engin s’adressa ainsi à moi :
« Z’y va l’infidèle, j’vais t’cassé la chetron si tu approches encore.
Comprenant qu’il ne plaisantait pas, je fis demi-tour juste après avoir aperçu une femme en Burka se jeter du navire à l’eau en hurlant :
-Intifada !
Enfin, il y eu cette dernière anecdote qui couronna mon séjour ! Nageant avec mes petites lunettes de plongée, j’aperçu, posé sur le sable un joli masque qui avait dû être perdu récemment. Je rentrai sur la plage avec ce butin, quand un petit garçon courra vers moi, l’air réjoui et un tuyau à la main, il zozota :
« M’sieur, m’sieur ! Vous avez retrouvé mon masque ! »
C’est alors que toute ma fibre paternelle refit surface. Je lui donnai mon plus beau sourire et, tout en lui tendant la main, j’arrachai le tuba qu’il tenait, lui assenai un violent coup de pied dans cette partie qui fait très mal et lui dit :
- Casse toi morveux, fais pas chier !!!!!


 


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