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Chronique d’un espoir retrouvé

Je dois te dire que c’était involontaire, je pense avoir été pris au dépourvu, c’était peut-être une erreur…

Au premier abord, la sensation était bizarre, presque un peu glauque. Cette perception, portait en elle une certaine impression de dégout, une répugnance sordide.
Alors, je pense, je crois que je suis resté immobile, le temps d’une dizaine de secondes, peut-être même un peu plus.
Des foultitudes d’émotions s’entrechoquaient dans mon cerveau.
Douceur, fermeté, volupté, enivrement, égarement, angoisse, interdits…
Je me suis soudainement perdu dans des souvenirs lointains, dans une fange de mon imaginaire où la normalité de cette, hum…
Comment puis-je dire ?
Dans la normalité de cette bizarrerie. De cette infamie étrange, surnaturelle, qui avait dans le passé, bercée mes jours, noyée ma bêtise.

Quelle horreur !

Puis, je m’y suis habitué. J’ai presque trouvé ça agréable, intéressant, avec ce tantinet de volupté et de douceur coupable.

Oui, je l’avoue. J’en ai un peu honte. Par inadvertance, je venais de serrer la main à un nouveau client. Un grand monsieur, un colosse de plus de deux mètres, à la carrure de bucheron qui s’était présenté devant la porte de mon entreprise et qui, le sourire aux lèvres, m’avait affirmer apporter du travail.
Ne te méprends pas, on a très rapidement relâché l’étreinte avec nos plates excuses réciproques

Imagines ! Nous avions mutuellement oublié, l’espace d’un instant, cette distanciation obligée, cette obligation, de ne pas nous toucher, de rester à bonne distance, pour éviter de transmettre ce virus porteur de mort !

Je te rassure. Avec une expression de peur bien compréhensible, nous avons vite couru tremper nos paluches dans un bain de solution hydroalcoolique que j’avais laissé, près de l’entrée, clapoter dans une grande bassine.

Après son départ, je me suis mis à rêver à l’impossible.
Réitérer cette expérience !
Oui !
Serrer encore une fois une main. Me fourvoyer dans l’interdit.
Pas tout de suite, bien entendu, j’en tremble déjà, mais d’ici un mois, peut-être deux…
Et puis…
Et puis…
Je n’ose te l’avouer…
Tu vas penser que je suis vénal…
Chose ultime, délectation sublime.
Peut-être qu’un jour, d’ici la fin de cette année ou, au moins, d’ici la fin de l’année prochaine, je pourrai essayer, comme dans le bon vieux temps, de faire la bise à une femme…