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L'ami qui nous voulait du mal


Les vacances de fin d'année représentent pour la plupart d'entre nous une période spéciale où sa famille se réunit, où l'on s'échange des cadeaux, de la bonne humeur, de la convivialité et un bonheur que nous aimerions prolonger le reste de l'année.

C'est d'ailleurs le cas de ma petite famille de trois enfants. Le plus grand d'entre eux, Jacques, a douze ans, ensuite vient Elodie de sept ans et enfin Mylène la plus petite qui vient de souhaiter sa quatrième année. Mon épouse gouverne en reine despotique notre royaume et, je reste simplement l'âme travailleuse qui par son dur labeur permet à notre petit univers de prospérer sans trop de difficultés.

Pourtant, chaque année, vers la mi-janvier, nous sommes confrontés à une terrible fatalité!

 La venue de l'ami de ma femme!

Ce n'est pas simplement une fatalité, mais, un désastre, un malheur aux conséquences catastrophiques, ignobles, inhumaines. On en ressort immanquablement les poches vides, le regard triste et  notre mental au plus bas, car nous allons ensuite être dans l'obligation de nous serrer la ceinture.
Seule ma douce mie, à l'esprit, je dois malheureusement l'avouer, complètement borné, ne semble pas réaliser ces terribles conséquences et renouvelle sans coup férir son invitation.

Bien entendu, cette année, nous le savions il allait bientôt se pointer parmi nous!
Mais, contrairement aux précédentes, j'avais eu l’excellente idée d’atteler mes enfants et moi-même à des précautions indispensables.

Comme nous possédons une grande maison tarabiscotée, héritée de mes parents avec un jardin assez mal entretenu. J'avais proposé à mes ouailles de se trouver une cachette qu'ils garderaient secrète pour entreposer des victuailles qui leur permettraient de survivre convenablement après son départ.
C'est donc tout au long de la belle saison que chacun d'entre nous avait garni sa planque de nourritures diverses:
 Boites de conserve, soupes en sachet,  pommes de terre, enfin toutes sortes de victuailles aptes à se conserver facilement et qui seraient indispensables pour passer cette période répudiée de disette.

Le jour fatidique allait arriver.

 Mylène, de la hauteur de ses trois pommes, se pointa vers moi les yeux tristes, la mine renfrognée. Elle me prit par la main et demanda :
-    Papa pourquoi n'essaies-tu pas de le...
Elle arrêta net son élocution, comprenant le terrible aboutissant de son injonction.
Je me sentis un peu penaud, ridicule.
Oui, j'aurai dû...
Mais je n'en n'avais pas le courage...
Et puis. Devant ma femme ce n'était pas possible. C'était son copain de longue date, celui qui l'avait épaulée à de nombreuses reprises, qui lui alléguait un bonheur qui n'était nullement de mon ressort.
La petite, tenant fermement dans sa main, un minuscule paquet de biscottes partiellement émiettées, eut un léger haussement d'épaules, me montra cette ultime victuaille qui allait rejoindre sa réserve et, sur la pointe des pieds, s'assurant qu'autour d'elle, personne ne la surveillait, elle disparut soudainement de ma vue, brouillant ainsi la piste qui menait à sa planque.

Mon fils arriva alors. Il ne semblait pas fier, la tête enfoncée dans les épaules, son murmure blasphémant sa bêtise:
-Papa, tu sais, mes provisions sont bien maigres!
-Mais pourquoi? Lui demandai-je la mine navrée de cette affirmation.
Il susurra d'une voix à peine audible sa réponse.
Mon adolescent venait de m'avouer avoir puisé sans vergogne dans sa réserve.
-Mais que vas-tu faire malheureux, nous n'avons même pas, dans la région, de restos du cœur pour te venir en aide!
Il baissa la tête mirant se chaussures crottées par la une boue sèche qu'il n'avait pas pensé essuyer avant d'intégrer notre logis.
C'est alors que j'eu cette bonté de père aimant, concerné par cette pénible fatalité:
-Ne t'en fais pas mon fils je t'aiderai, j'ai quelques plaques de chocolat en trop!
Mon mensonge le réconforta, un sourire revint à ses lèvres.
-Merci père me dit-il. Je t'aime!
Cet affirmation me combla de bonheur et me rendit particulièrement fier de mon abnégation.

Elodie surgit soudain dans la pièce en hurlant :
-Maman vient de prendre la clef!
Un frisson parcourut mon dos, mes poils se hérissèrent.
-Non!
Ce dernier mugissement m'emporta sur le sol tremblant, le regard hagard et la gorge sèche.

Puis Il y eut ce grincement d'une serrure qui se déverrouille, d'un bruit de bois que l'on entrechoque puis la voix de ma femme tonitruante qui clama son contentement.

Elle arriva en trombe dans la pièce, habillée de son imperméable brun foncé, de son foulard bariolé. Elle me montrait l'énorme rouleau à pâtisserie qu'elle tenait fermement dans sa main droite, celui qu'elle appelait son ami, en affirmant :
-Salut tout le monde, je pars faire les soldes,  avec lui, pour sûre, je vais faire des tonnes de bonnes affaires!