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 13/03/2015

Mousoulmane

La tête entre ses mains, les coudes posés sur la table, elle pleurait.

Il y a quelques mois, notre fille Caroline avait rencontré un nouvel amoureux. Malgré son âge canonique, caractéristique familiale particulière du choix habituel de mes enfants.
Je m'accommodais fort bien à ce qu'elle fréquente cette personne.
Sa position sociale enviable et le fait qu'il puisse supporter avec aisance le caractère revêche de ma fille en faisait un parti tout à fait correct.
Le problème survint quand elle nous annonça qu'il était Albanais ! 
Ma douce et tendre aimée, une Polonaise aux idées bien arrêtées,  voulant s'informer en détail sur la nature profonde de ce pays, se jeta avec avidité sur une recherche internet.
Quelques heures plus tard, les yeux rouges et gonflés de larmes, elle vint me trouver
en affirmant dans son accent très particulier : "Pierre, jé croa que sé Gjergjie (c'est son nom) il est Mousoulmane..."

En fait, bien que quatre-vingt-dix pour-cent de la population de ce petit pays soit de confession Islamique, lui, par sa mère était prosélyte de l'Orthodoxie. 

Toute la famille était donc réunie dans la salle à manger, le cœur joyeux d'être ensemble et le sujet qui causait l'immense chagrin de ma compagne nous donnait l'unique envie d'éclater de rire.

J'essayais, sans succès, d'amener l'ambiance vers une plus plaisante atmosphère, mais même les meilleures de mes plaisanteries n'avaient aucun effet.

C'est alors que mon fils Sébastien eut une idée géniale :
-Vous savez, dit-il, Britni... Et bien... Maintenant que nous avons muri... Et bien... Je crois que nous pourrions nous fréquenter de nouveau ! Mentit-il adroitement.

Ma femme qui avait en son temps adoré cette petite amie, arrêta ses pleurs et jeta un regard enfin apaisé à son entourage.

Je pensais que la situation allait tourner au printemps quand Geoffroy croyant bien faire fit une terrible gaffe. De retour de Thaïlande, il avait profité d'un arrêt à Dubaï pour ramener un cadeau à sa sœur.
D'un large sac de toile aux couleurs chamarrées, il sortit un magnifique tchador bordé de perles aux multiples couleurs.

Les sanglots de mon épouse recommencèrent de plus belle, et nous eûmes de plus en plus de peine à retenir nos rires.

C'est à cet instant que Dorothée ma petite dernière osa cette fanfaronnade :
-Et bien moi je sors toujours avec  Aurélien.

C'est alors, que tous, nous éclatâmes en sanglots...