La salle de bains l'épilogue

Ses yeux d’un bleu profond dans lesquels il aurait voulu se perdre, son magnifique sourire qui le comblait de bonheur, ses cheveux d’un blond soyeux qui exhortaient la caresse, ses lèvres pulpeuses qu’il voulait embrasser, son petit nez taquin, sa peau qui paraissait si douce.

Et puis il y avait sa voix de miel qui pouvait atteindre des tons si purs, délices pour toutes oreilles masculines. Ses deux jolies mains délicatement posées sur la table semblaient demander qu’on les effleure.

Elle jouait avec mon regard, l’évitant quelques fois, puis soudainement me fixant avec douceur, tendresse, peut-être amour.

La gorge sèche, j’essayais de ne pas rougir, d’échanger quelques banalités sur la touffeur de l’été, de mon travail qui ne me satisfaisait pas toujours pleinement, de cette sombre histoire que j’avais pour elle démêlée.

En vérité, je voulais lui crier que j’aimerai refaire un bout de chemin avec elle. Que cet amour passager qui nous avait,  il y a quelques années de cela affectueusement réuni devait risquer une seconde tentative.

« Comment as-tu déjoué le machiavélisme d’Edmond ? Me demanda t’elle, coupant ainsi ma rêverie passionnée.

Je balbutiais d’abord quelques mots, puis reprenant ma composition, je me souvins brutalement du motif de son invitation !

 Un simple remerciement pour cette affaire que j’avais si brillamment  résolue.

-Et bien voilà ! Dis-je d’un ton que je voulais triomphal. L’assassin affirmait que sa moitié avait-été électrocutée par son sèche-cheveux. J’ai eu un premier doute en constatant que sa demeure était nouvellement construite.

-Je ne vois pas le rapport !

-Et bien justement, les normes de sécurité actuelles sont faites de telle façon qu’elles permettent de d’éviter ce type d’accident. Je suis donc entré dans la salle d’eau, j’ai pris le sèche cheveux et je l’ai branché dans la seule prise de courant qui se trouvait à porté de la baignoire. En enclenchant l’interrupteur de l’engin, je pus constater la logique évidence, il ne fonctionnait pas.

-Il était peut-être grillé !

-Et bien non, la raison et que seule une prise réservée au rasoir électrique peut se trouver à cet endroit, et le courant qui y est imparti permet essentiellement le fonctionnement d’appareils sans danger ! »

Puppa arrêta net ses explications, scruta avec attention les yeux ébahis de sa très belle interlocutrice se disant que s’il ne lui suscitait plus de désire, il se contenterait volontiers de son admiration.

Bouche bée, elle se demanda comment Ernest, discernait aussi bien ces détails anodins qui jalonnent notre existence, ces petites choses connues essentiellement par des spécialistes qu’il synthétisait avec brio pour suggérer l’indiscutable vérité.

La soirée se continua d’une façon plaisante. Elle, ravie de l’excellence d’Ernest et lui tellement fier de se trouver en si séduisante compagnie.

Tard dans la nuit, ils se séparèrent après une amicale bise échangée et en se promettant de bientôt se revoir.

Puppa continua son chemin, son esprit planant dans une réflexion utopique.

La claire réalité s’affichait dans sa profonde méditation.

« Dommage que tous sentiments ne soient pas forcément partagés ! Peut-être cet heureux passé se doit de rester sans retour. 

Corinne quand-à elle, ressentit une désagréable frustration. Seule dans son véhicule elle se prit à marmonner quelques mots :

-Ernest, je pensais que tu m’aimais encore…

Retour sur les Polars Gessiens