La passion du Christ de Vermeer

 

Ce petit mot commençait ainsi :

Cher Ernest, la solution est pourtant très simple...

 

Le tableau "La passion du Christ" est un faux. En effet, Vermeer de Delft est un grand peintre hollandais du XVIIe siècle, mais il n'a jamais peint de tableau avec un thème religieux. Toutes les toiles qui lui ont été attribuées au début du XXe siècle et qui étaient inspirées de la Bible sont des faux. Elles ont été réalisées par un faussaire du nom de Hans Van Meegeren qui a lancé la rumeur que Vermeer avait peint des sujets religieux et il a réussi à berner les plus grands spécialistes.

 

René n'étant pas expert en art, il s'est facilement laissé avoir par le travail remarquable du faussaire et le faux certificat d'authenticité soit-disant délivré par le Louvre. Les invités étant pour la plupart des experts en peinture, ils étaient certainement au courant de cette célèbre supercherie et n'ont rien dit par respect pour leur hôte. C'est la raison pour laquelle ils n'ont pas trop insisté après avoir vu l'œuvre.

 

On peut donc se poser une question très importante : "Pourquoi voler un faux ?"

 

Et la réponse est évidente : "Parce qu'on ne le sait pas..."

 

Le coupable est donc sans aucun doute Aurélien car il était le seul parmi les invités à ne pas savoir qu'il s'agissait d'un faux. De plus il est très orgueilleux et certainement avare, ceci l'a poussé à commettre ce vol en espérant pouvoir le vendre à l'une de ses relations !

Je n'ai aucune preuve, mais je pense que tu peux maintenant sans hésitation faire une perquisition à son domicile et tu trouveras certainement là-bas toutes les preuves qu'il te faut, dont, bien entendu, le précieux tableau.

 

La solution était si simple, se dit Puppa, enchanté de la découverte. Il s'empressa de  rendre visite au coupable. Il comprit tout de suite les raisons qui avaient poussé le coupable à perpétrer son forfait. Tout d'abord en arrivant devant la belle villa que son copain se targuait de posséder, il s'aperçut, en fait qu’elle était en vente. En parlant aux habitants de ce quartier résidentiel, il apprit que l'affaire d'Aurélien était en faillite et qu'il habitait maintenant chez sa mère.

La maman d'Aurélien, Puppa, la connaissait bien. Très souvent, quand il était jeune, son fiston l'invitait à passer l'après midi chez elle. Elle leur préparait de somptueux gâteaux. Ernest frappa à la porte de cette charmante dame qu'il n'avait pas revue depuis quinze ans. Elle lui ouvrit la porte, lui sourit.

« Ernest, quelle bonne surprise ! Puis son visage se referma.

- C'est pour Aurélien ! J'en étais certaine, ce voyage précipité, ce sentiment de culpabilité que j'ai ressenti en lui. Qu'a-t-il encore fait comme bêtise ? demanda-t-elle affolée.

- J'ai bien peur qu'il se soit emparé d'un bien qui ne lui appartient pas ! répondit tristement Puppa tout en essayant de ménager la pauvresse.

-Il doit prendre aujourd'hui un avion pour Belize ! avoua presque honteusement la brave dame.

-Ne vous en faites pas, je vais essayer d'arranger les choses !

 

Il se retrouva une demi-heure plus tard à l'aéroport de Genève, du côté français. Aurélien attendait tranquillement que l'ordre d'embarquement soit donné. Quand il vit son copain arriver, il comprit tout de suite que son aventure touchait à sa fin. 

L'affaire fut rapidement réglée. L'inspecteur lui expliqua tranquillement, mais fermement, que le tableau n'avait aucune valeur et que pour cette raison le larcin était dénué de tout sens. La toile fut donc rendue à son propriétaire qui ne déposa aucune plainte contre son compère de jeunesse, mais qui par contre s'engagea dans la poursuite de son mauvais conseilleur. Le faux Vermeer fut donné gracieusement à un prêtre de la région.

 

Si vous vous promenez dans les charmantes églises de notre beau pays de Gex, avec un peu de chance, vous reconnaîtrez peut être ce magnifique chef d'œuvre. Il est là pour témoigner l'évidence suivante : toute énigme, aussi complexe soit-elle, sera toujours résolue.

M'sieur Viagex

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