La malédiction de
la statue de Voltaire l'épilogue
Une
bonne dizaine de jours s’étaient écoulés depuis le déplorable décès.
Dans son petit bureau de la police scientifique du pays de Gex, Puppa le
nez au plafond, dans un moment d’oisiveté inhabituel, laissait son
esprit traîné sur des interrogations concernant la condition humaine. Sa
douce aimée lui laissait quelques incertitudes, il ne la cernait pas dans
sa plénitude. Il aurait voulu mieux la comprendre. Interpréter ses
soudaines afflictions, vivre en symbiose une vie sans problème avec elle.
«
Ecoute-moi ça !
Puppa
n’était pas seul dans la pièce, il avait presque oublié la présence
de son collègue de travail. Purbon, La gazette genevoise à la main,
s’apprêtait à lui lire un article intéressant.
-Une enquête des plus ardue vient d’être brillamment résolue par
l’inspecteur Weber. La
crise cardiaque qui avait terrassé le regretté professeur Granger était
en fait un assassinat. Le meurtrier, un dénommé Joe a perpétré ce
forfait par jalousie…
Deux jours à peine ont suffi à notre brillant inspecteur pour découvrir
l’indice qui l’a mené après une brève enquête
jusqu’à l’assassin…
Puppa ne put s’empêcher un éclat de rire, en entendant les mots
« deux jours », il ouvrit un cahier qui se trouvait devant lui
et souligna d’un trait
rouge la formule mathématique qu’il y avait inscrite en souvenir de ce
meurtre particulièrement imaginatif.
Purbon jeta un regard interrogatif en direction de Puppa se demandant la
raison de sa gaieté. Puis il continua :
- Refusant les résultats de l’autopsie qui concluait à une mort
naturelle, notre opiniâtre enquêteur animé par une intuition que l’on
peut qualifier sans exagération, d’extraordinaire, a découvert le pot
aux roses. Un condensateur chargé et de forte capacité avait été caché
à l’intérieur du coffrage de la chaise du professeur. Ses deux pôles
avaient chacun été reliés à ses montants métalliques. Le coupable
connaissait parfaitement l’habitude de Granger de poser ses mains sur
ces montants avant de commencer son cours. Lorsqu’il a accomplit ce
geste, le condensateur s’est brutalement déchargé entre ses deux mains
prenant le plus cours chemin qui passait par son cœur. L’intensité du
courant a provoqué immédiatement l’arrêt de cet organe vital, le
terrassant en moins d’une seconde.
L’investigation qui s’en suivi ne fut qu’une bagatelle, le dénommé
Joe étant la seule personne qui connaissait les habitudes de Granger et
dont la condition de radio amateur lui permettait la possession et la
parfaite connaissance des dangers d’un condensateur…
-Tu
vois Ernest ! Continua son collègue. Tu as un homologue en Suisse
qui peut-être même te surpasse. Faut être un as en électronique pour
savoir ces choses ! Ajouta t’il naïvement.
Puppa
n’écoutait guère les remarques de son collègue. Mais il se mit à
penser à ce cours de math
qu’il avait suivi dans son enfance. Son copain, un petit farceur à la
mine parsemé de tâches de rousseur n’avait pu s’empêcher de jouer
un mauvais tour à ce professeur de mathématique à leur goût trop sérieux.
Il avait glissé un condensateur dans une grosse boîte d’allumette en
reliant ses pôles à deux plaques métalliques qu’il avait collés sur
chacun de ses côtés. Le tout avait été soigneusement peint pour faire
croire en un cadeau. En arrivant en classe le professeur ravi prit le présent
avec sa main et la relâcha immédiatement surpris par la décharge qui
avait traversé ses doigts. Bien entendu le condensateur de petite taille
ne présentait aucun danger, mais quelque peu vexé de s’être fait
ainsi prendre, il continua son cours sur les équations de décharge de
courant.
Le
téléphone sonna, Puppa sortant de sa rêverie, y répondit. C’était
sa bien aimée. Après une particulièrement courte conversation. Puppa
reposa le combiné téléphonique.
« Faut
qu’j’y ailles ! Dit-il à Purbon. Tiens ! Si tu as quelques
instants, jette un coup d’œil à cette page. Montra t’il du doigt.
Puis, il quitta la pièce.
Purbon
intrigué, alla tout de suite regarder
le contenu du feuillet.
W
= ½ C . U ²
Purbon
haussa des épaules. Il n’y comprenait rien. Puis il se dit que Genève
avait de la chance d’avoir en son sein un policier de la trempe de
Weber, que lui-même aimerait bien le connaître…
M'sieur Viagex
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