Un mail sympathique d'un lecteur assidu
Gex le 14/02/2002
Cher Monsieur Viagex Ce samedi matin, je me sentais vraiment mal. Un mauvais sommeil allié à un somptueux mal de gorge m'avaient mis de méchante humeur. Décidé de me prélasser sur mon sofa en me délectant à l'écoute de mon morceau de musique préféré, je me penchais vers le tiroir contenant mes CDs. Horreur ! Devant moi l'ensemble de son contenu était éparpillé pêle-mêle.
Manifestement, ma douce compagne, qui je dois vous l'avouer n'a aucun ordre,
avait dû, le jour précédent, passer une journée musicale. Furieux, je marmonnais quelques propos injurieux à son égard. Quand tout à coup mon sang se glaça dans mes veines ! Je venais de réaliser
que ma tendre mie se trouvait derrière moi et qu'elle devait certainement avoir
ouï mon discours peu flatteur. -On doit s'acheter un meuble pour ranger ces disques ! Dit-elle, utilisant un
ton clairement belliqueux. Son poing, celui qui a l'habitude de tenir son fameux
rouleau à pâtisserie, contracté à l'extrême. Je savais, dans ce cas, que sa demande ne pouvait être comparée qu'à un
ordre. -Je m'habille, ma chérie, et on y va. J'en aurai que pour quelques minutes!
Osais-je ajouté. Trente secondes plus tard. Les cheveux ébouriffés, ma chemise dépenaillée
et mes chaussures ne formant pas une paire identique, je dévalais les escaliers
quatre à quatre attaché que j'étais à la poigne d'acier de ma délicate
bien-aimée. Dans le magasin, notre choix ou du moins la décision de ma femme s'arrêta
sur un petit meuble de rangement qui je dois le dire me semblait très
fonctionnel. -Cent quatre vingt Euros! Nous annonça le vendeur. Ma moitié, qui s'occupe des cordons de notre bourse, pâlit aussitôt. Elle me susurra. -J'suis sûre que tu peux en fabriqué un aussi bien et pour bien moins cher! Armé d'un mètre, elle prit les mesures du mobilier de ses rêves, coucha
quelques donnés sur son calepin devant l'œil médusé de notre conseillé. -Je pense que le prix est très raisonnable ! Risqua t'il. Comme seule réponse ma charmante épouse lui infligea un grand coup de coude
dans le ventre, ceci pour qu'il nous laisse entièrement libre, le passage en
direction de la sortie. Illico, notre quête se termina dans un supermarché de bricolage. J'achetais tout un assortiment de planches dont la dimension me permettrait
un montage aisé en utilisant un minimum d'outillage. Au moment d'acheter
quelques clous et vis, ma femme m'arrêta d'une grosse frappe sur la main. -On a c'qu’il faut à la maison. Pas de dépense inutile ! Continua t'elle. L'addition, il est vraie était particulièrement salée, cent soixante
quinze Euros. -Tu vois l'économie qu'on a faite ! Formula mon épouse, dont la logique
implacable extirpait d'un calcul littéral le résultat positif de sa décision. Arrivé à la maison, je m'employais d'agencer, à l'aide des croquis
rapidement préparés, les morceaux de bois déjà prédécoupés. Pourtant une
dramatique réalité se déployait dans mon esprit fatigué. Je n'avais ni clous, ni vis. -Ah oui ! M'annonça ma matrone, j'avais oublié ! J'ai cru bon de les
ajouter au lot que j'avais la semaine dernière, vendu au ferrailleur. Ca nous a
par ailleurs rapporté quelques centimes supplémentaires! Ajouta t'elle fièrement. Je me souvins de ce triste épisode de mon existence, où rentrant chez moi
après une dure journée de labeur, je fus mis devant la triste évidence de la
vente en totalité de mes boules de pétanque, ma brouette et d'une quantité
d'autres objets métalliques qui m'avaient tous été légués par mon père
aujourd'hui disparu. -Z'étaient vraiment trop moches! M'avait-elle dit le sourire aux lèvres et
une bourse qui semblait lourdement remplie, dans sa main. Trèves de ses souvenirs amers. Je me précipitais en direction de la
grande surface pour acquérir cet outillage indispensable. A ma grande surprise l'endroit était déjà fermé. -Il est à peine seize heures ! Protestais-je devant une personne que je
reconnaissais travailler dans l'endroit. -T'as pas entendu parler des trente cinq heures ! Clama t'il la mine réjouie. Il ne me resta plus qu'à parcourir les vingt kilomètres qui me séparaient
des échoppes suisses et de revenir la gueule tordue par un rictus de haine, en
pensant à ces décisions gouvernementales inconsidérées. La construction du petit mobilier se déroula excellemment bien. Je le
terminais en moins de quelques jours ! Ceci étant principalement dû aux
quelques déplacements supplémentaires qui me furent nécessaires pour me
procurer une boîte de vernis, de la colle, un marteau et un tournevis, les
miens ayant fait le voyage identique à celui précédemment raconté. Quinze jours plus tard, mon ouvrage fut pourtant réduit en miettes. Ma
compagne ayant utilisé mon chef d'œuvre comme escabeau. Il était insuffisamment solide ! Me diriez-vous. Peut être bien ! Mais je dois tout de même ajouter, à ma décharge, que ma femme pèse cent
soixante kilos! Meilleures salutations Antoine.
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