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le 06/07/2002

Cher Monsieur Viagex

Il était pratiquement dix heures du soir. Le soleil venait de camoufler ses derniers rayons derrière l’onde bleutée de l’océan. Assis sur la plage, ma femme mes trois enfants et moi-même apprécions ensemble ces moments de bonheur et félicité qui je dois le dire sont si inhabituels à notre époque. Nous restions tous muets, envoûtés par l’avènement du crépuscule.

Silencieux, je spéculais sur l’infinitude du monde.

Subitement, mon âme fut prise par l’appétence de partager cette cogitation incorporelle avec mes ouailles.

Plongeant ma main  dans le sable encore tiède, j’en subtilisai une poignée et la présenta devant mes proches étonnés. Entrouvrant légèrement les doigts je laissai s’écouler cette semence hétérogène dans un mouvement de ruissellement continu.

Une indéniable stupéfaction colora immédiatement leurs visages.

« Imaginez ! Articulais-je lentement. Tous les grains de sable qui composent cette plage ne représentent qu’une toute petite partie des astres composant notre univers ! »

 Puis, fixant au-dessus de moi l’azur infini, je me mis à expliquer en détail les divagations philosophiques que mon esprit exalté à cet instant béni concevait.

Mes bambins restaient cois, fascinés, écoutant avec une attention presque religieuse les propos que calmement je leur dévoilais.

Mon annale terminée personne ne bougea. Tous semblaient comme retirés, plongés dans une méditation transcendantale profonde.

Ce fut ma femme, qui la première, osa casser cette communion spirituelle :

« J’me demande s’que j’vais faire demain pour le dîner !

Mon fils continua brillamment :

-J’crois bien, qu’y’a un nouveau produit pour l’acné !

Ma fille de quinze ans ajouta :

-Tu crois qu’il est joli mon nouveau vernis à ongles ?

Seule ma petite dernière réagit d’une façon divergente. Elle me prit par la main semblant avoir compris l’ampleur de ma désillusion. Cette petite que j’avais toujours considérée comme étant dans l’oisiveté de sa juvénilité avait vraisemblablement complètement assimilé mes fécondes élucubrations.

Après une indiscernable hésitation elle me suggéra :

-Moi, tu sais, j’préfère de loin les glaces à la vanille… »

Joseph

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