Un message bien sympathique qui m'a, je dois le dire, laissé dans la plus complète expectative.  www.viagex.com

 

Gex le 23/05/2003

 

Cher Monsieur Viagex

 

J’habite le pays de Gex, j’ai 36 ans et je voudrai vous relater comment le passage au 35 heures a illuminé la triste et morne vie que je traversais.
Il y a une quinzaine d’années de cela, un diplôme d’ingénieur en poche, je suis parti travailler aux Etats Unis, pays de la libre entreprise. Douce période de ma vie ou chaque jour était bercé par la délicatesse des hamburgers, cocas et autres victuailles aux goûts exquis.

Puis ce fut le retour en France pour reprendre l’affaire familiale.

Moi béotien de toute conscience prolétarienne, je me mis à exploiter sans vergogne les couches sociales laborieuses, qui jours après jours, l’échine courbée, m’octroyaient une vie faite de faste et de volupté.

Mais ! Ceci ne dura que peu de temps, on m’expliqua par quelques débrayages les lois du socialisme libéral et je dus calmer mes invectives patronales.

C’est ainsi que j’appris la signification de mots tel que, convention collective, négociation,  indemnités, justice sociale…

Enfin débarqua ce jour béni qui nous apporta les trente cinq heures et qui illumina mon entreprise de ses bienfaits indéniables.

« C’est l’avancé du vingt et unième siècle ! » me rétorqua l’un de mes employés qui, après avoir délaissé l’entreprise pendant prêt d’un mois d’arrêt maladie pour mal de dos, avait poursuivi son absentéisme pour profiter de ses jours de R.T.T. afin de suivre un stage de judo.

 C’est alors qu’une étincelle bien étrange se déclencha en moi ! 

 Une nuit, seul, couché sur le carrelage humide de mon atelier, je me pris à hurler :

« J’en ai marre d’être patron ! »

Seul un écho diffus me répondit et je compris !

Je compris qu’il me fallait demander de l’aide !

Les bras en croix je regardais au ciel demandant le soutien de grands esprits tel Lénine, Marx, Engels et François ( ???????). La réponse ne se fit pas attendre, j’entendis une voix qui me susurra :

« Nous t’absolvons ! Va en paix compagnon !

Puis François me baisa sur le front. En ajoutant :

-T’es un bon p’tit gars ! »

Le cœur léger, j’avais tout compris.

Le lendemain réunissant la totalité de mes employés, (enfin, ceux qui n’étaient pas en vacances.) Souriant, je leur annonçais la bonne nouvelle :

« Mes amis ! J’ai enfin réalisé l’abject personnage que j’étais. Ma conscience prolétarienne m’a imposé la décision de ne plus vous exploiter !

Puis la voix resplendissante j’articulai.

-Demain je ferme l’entreprise ! »

Je m’attendais à quelques acclamations. Mais la réaction fut étrange, le doigt rivé sur la tempe, quelques-uns de mes travailleurs agitèrent leur poignet dans un mouvement de rotation répétitif.

La vente de l’entreprise ne fut pas suffisante pour indemniser tout le monde et je dus mettre la main à la poche en vendant mon appartement.

 Depuis, je coule des jours heureux sous les ponts du pays de Gex. J’y ai même rencontré quelques-uns uns de mes anciens employés qui ne m’ont pas reconnu.
Et devinez !

Récompense suprême de ma nouvelle lucidité, ils m’ont appelé camarade

 

Detou Henri