Gex le 15/09/2003
Monsieur Viagex
Le macaque est mon animal préféré !
Mais, pour des raisons qui me sont évidentes, je ne me suis jamais
embarrassé de la compagnie
d’un tel animal !
Ca faisait déjà trois quarts d’heure
que j’étais assis en face d’elle. J’avais plongé mon regard dans
ses yeux d’un bleu azuré, mes doigts s’étaient rapprochés des
siens, les effleurant, à quelques millimètres d’une tendre caresse.
J’admirais ses lèvres pulpeuses qui, d’une voix suave égrenaient
son histoire, sa vie, ses ambitions, son avenir qu’elle voulait
sublime.
J’avais mis une annonce matrimoniale dans un
petit journal local.
J’ai trente ans, plutôt beau garçon et
j’aimerai rencontrer l’âme sœur. J’ai pourtant bien cherché,
bien trouvé des compagnes diverses et ( avariées) .
Mais je dois l’admettre, j’ai un goût très précis concernant la
gent féminine. Le physique est d’ailleurs mon seul critère
d’importance.
L’intelligence...
Les femmes en ont-elles ?
J’avais donc publié ce petit message :
« Magnifique jeune homme, d’une prestance et intelligence rare
cherche superbe femme entre vingt-cinq et trente deux ans, blonde, un mètre
soixante treize, yeux bleus, lèvres pulpeuses, poitrine avenante.
Intellect sans importance. »
A vrai dire, je n’ai pas reçu beaucoup de réponse !
Enfin si. Une !
Une donzelle qui m’affirmait remplir tous mes critères et qui
mourrait d’impatience de me rencontrer. Je lui ai donné rendez-vous
dans un petit bistrot de Ferney et lui précisais que j’aimais les
gens ponctuels.
J’arrivais trente minutes en retard et
elle était là, à m’attendre sagement assise devant une large table
avec un verre de soda posé devant elle. Elle avait cette rose rouge
accrochée à la boutonnière, signe de distinction prévue pour notre
rencontre.
Alors je me suis assis en face d’elle, lui ai précisé qu’elle
aurait bien pu me commander quelque chose avant mon arrivée et que son
rouge à lèvre n’était pas vraiment appliqué avec le soin approprié.
Puis, apprenant son nom. Sylvie ! Je lui ai demandé si elle serait
d’accord de le changer pour un autre, moins médiocre !
J’ai continué mes partiales considérations en persistant sur son
parfum qui sentait le cimetière, sa coiffure de sorcière, son haleine
de latrines infectées.
Puis, je lui ai décrit la perfection de ma personne, mon intelligence
hors du commun, ma beauté physique incomparable, mes performances
sexuelles exceptionnelles.
Elle m’écoutait sans rien dire, s’émerveillant de toutes ces
transcendances, parties intégrantes de ma personne.
Elle a acquiescé à tous mes critères et aux changements évidents
qu’une personne telle qu’elle devrait absolument apporter pour vivre
avec une personne telle que moi. Elle m’a regardé avec des yeux
amoureux, m’a affirmé que s’était-elle que je recherchais, m’a
précisé ses mensurations impeccables, qu’elle
avait terminé H.E.C. et qu’elle dirigeait une banque privée
Genevoise. Elle se targua de vivre seule dans une grande villa avec vue
imprenable sur le lac léman !
Puis elle s’est levée et comme j’en ai
l’habitude, elle m’a supplié de la choisir, de la rappeler,
qu’elle me trouvait vraiment charmant. A son goût...
Vous savez j’ai toujours cru les
proverbes et en voici un qui me tint particulièrement à cœur :
« On finit toujours par ressembler à son animal de
compagnie ! »
Je crois que cette femme ne fera pas
l’affaire !
Aucune répugnance particulière dans sa médiocrité ou sa plastique de rêve, mais juste ce
petit point de détail.
En partant elle se retourna et me précisa :
« Ah oui ! Chez moi j’ai un animal que j’adore ! »
Puis elle ajouta :
« C’est un hippopotame ! »
Uffle
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