Et oui le temps passe, alors
j'ai imaginé ce que deviendrait mon petit groupe d'amis
sportifs en l'an 2050.
Mardi 9 mars 2050, 8h30
Mon réveil est
difficile, j’ouvre un œil, puis
péniblement
je fais de même avec le second. Le soleil tape
déjà très fort contre mes
persiennes entrouvertes. Il fait chaud dans ma chambre,
j’étouffe de cette moiteur
poisseuse qui recouvre en mars le début de chaque
matinée.
Je pose lentement mon pied sur
le parquet qui se met à
craquer. Est-ce le plancher qui craque ou chacun de mes os
attaqués par le
nombre des années.
Puis c’est ma
séance d’entrainement quotidienne. C’est
une
nécessité pour
me permettre de me
déplier totalement.
En regardant mon calendrier,
une lumière de bonheur traverse
soudainement mon esprit.
Ce soir j’ai mon
cours de body combat.
Je lance un bref regard dans
une glace et son reflet quelque
peu déprimant me rappelle qu’il est temps pour moi
de mettre mon dentier…
Mardi 9 mars 2050, 9h00
Aurélie
marche lentement dans la rue. C’est l’heure de
l’école pour ses triplés, trois petits
rejetons à la mine réjouie qu’elle a
bien du mal à faire obéir.
Elle tire sur son joint aux
saveurs de mandarine et retrouve
immédiatement le calme où elle allait
bientôt s’âbimer. A son âge
elle a un peu
perdu de sa patiente.
Enfanté tardivement,
n’a rien de vraiment drôle.
Déjà
mère de huit enfants, c’est à
l’âge de soixante ans que
l’étrange idée d’en faire un
petit dernier était survenue. Avec l’aide de
l’insémination artificielle et quelques
séances hormonales elle avait réussi ce
qui aurait pu paraitre impossible. Enfanter de nouveau…
Arrivée à
la hauteur de l’école. Elle écrase
d’un pied
alerte son mégot sur le sol, puis, lance quelques ordres en
Italien à ses
mouflets dissipés. Sa somation fait immédiatement
mouche et le calme des diablotins
revient instantanément.
Enfin
seule, elle se
met à rêvasser et sourit de bien-être.
Ce soir il y a cours de body
combat…
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Mardi 9 mars 2050, 9h30
Venu se réveille brutalement. « Mince !
» se dit-il,
il faut que je me consacre à ma femme. La vieille Indira
Kalinranjan qu’il a fini par épouser est
maintenant la
doyenne de l’humanité. Lui qui l’avait
prise pour
épouse en croyant en être vite
débarrassée
se retrouve maintenant coincé et infirmier malgré
lui.
Un rictus de dégout se dessine sur son faciès.
Aujourd’hui il doit s’occuper de la toilette
complète de sa chère et tendre.
Malgré son grand âge, notre séducteur
est
resté bel homme. Ces sourcils ont blanchi bien
sûre et
seule une petite poignée de cheveux parsèment son
crâne. Mais il a su rester jeune.
Devenu depuis une dizaine d’année, un
maître de
Salsa, il peut encore séduire à l’aide
de sa
prestance et de sa souplesse.
Non ! Bien entendu, il ne s’attaque plus, comme dans le
passé, aux petites bimbos à peine sorties de
l’enfance. Mais il aime maintenant les femmes beaucoup plus
mûres, celles qui ont au moins atteint la trentaine
resplendissante.
Aujourd’hui il est particulièrement heureux.
Ce soir c’est body combat…
Mardi 9 mars 2050, 10h00
Olga est attablée sur un banc de
l’université de
Genève. Après un master en physique quantique, en
droit
international, en microbiologie, en technique du solide, en portugais,
espagnol et allemand, en micro technologie, en informatique, en
architecture. Elle a décidé qu’enrichir
son esprit
une fois de plus ne serait pas de trop. Mais à vrai dire les
cours de psychologie qu’elle suit maintenant
présentent
à son goût peu
d’intérêt.
Son fidèle chien se trouve assis à ses
côtés. Elle l’avait trouvé
abandonné
aux alentours de Vladivostok et depuis, il ne l’avait plus
quittée. Elle l’appelait du joli nom Russe de
«
Hanusse » qui peut se traduire littéralement par
jolie
fleur des champs…
Elle s’assoupit quelques instant.
Elle n’a pas vraiment changé, seules quelques
rides
barrent discrètement son visage et des veines bleues claires
serpentent insidieusement sous la peau affinée de ses mains.
Comme elle me l’avait répété
à mainte reprise :
« Camarade Pierre, le grand air et le froid de
Sibérie te garde jeune ! »
Ses cheveux impeccables ont repris leur blondeur d’antan et
croulent sur son échine qu’elle tient parfaitement
droite.
Elle se met à rêver de son dernier voyage
à Moscou,
où elle avait suivi un stage de combat rapproché.
Quel joie, une fois de plus, de chanter la gloire
Soviétique,
prier sur la tombe de Lénine, conspuer l’ignominie
capitaliste, manger de bonne patates aux choux rouges
arrosées
d’une giclée de vodka.
Un souvenir divin la réveille brutalement. Elle passe sa
main sur son visage, baille puis sourit.
Ce soir il y a body combat.
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Mardi 9 mars 2050,
10h30
Rolph termine son petit déjeuner au café Vaudois.
Soudainement, il rejette un rôt magistral. Le fumet
délicieux ainsi dégagé, se
mélange sans
encombre à l’atmosphère ambiante. La
serveuse,
ravît de cette interjection involontaire s’exclame :
« M’sieur Rolph, j’vois qu’vous
avez bien aimé notre pâtisserie ! »
Il la regarde de ses yeux emplis de malice et répond :
« Elles sont toujours aussi bonnes vos petites
gâteries !
» Puis pour couronner son affirmation il émet un
vent
subliminal qui étonne même le patron pourtant
blasé
par les louanges habituelles énoncées sur sa
cuisine.
Rolph avec un soupir d’émotion jette un regard sur
son
avant-bras gauche où pendouille le portrait de Nadia
noyé
dans une série de vagues flasques.
Le mardi est son jour préféré.
Il a body combat…
Mardi 9 mars 2050, 11h
Phil accroché au volant de sa Shuanghuang de 2030 file bon
train
en direction de son magasin Chinois
préféré.
C’est son habitude depuis qu’il est à la
retraite,
chaque mardi Chantal l’envoie faire ses provisions de nems et
riz
collant.
Toute sa vie il a étudié avec passion sa langue
favorite,
se fondant corps et âme dans la dynastie des Ming, Wang, Qing
pour un jour tomber sur le petit livre rouge. Ce fut pour lui une
révélation. Depuis il ne revêtait plus
que le
Zhonghan Zhuang ce fameux costume maoïste. Je me souviens
l’avoir vu, il y a quelques années de cela, un bol
de riz
à la main chanter avec Olga les louanges du communisme
révolutionnaire…
Arrivé à destination il se dégage de
son
automobile, puis, clopin-clopant, en vociférant sur
l’état de ses vieux os il entre dans son magasin
où
une foule l’attend avec impatience.
Alors, Phil exclame en Chinois la liste des victuailles qu’il
veut acheter et, comme toujours, c’est la rigolade
générale, les mains sur le ventre la
totalité des
Chinois qui l’attendaient se bidonnent les larmes aux yeux.
« Oh vénéré client,
répond le
préposé de l’échoppe, tu
viens de me
demander de me gratter le dos avec du vermicelle et de bouffer un
castor à la sauce curie ! »
Alors comme d’habitude Phil doit se résigner
à montrer du son doigt les articles qu’il veut
emporter.
Puis après avoir martelé sur le sol le grand sac
de jute
qu’il porte sur le dos, il le tend au propriétaire
de
l’endroit qui jette un coup d’œil
à
l’intérieur et le remercie avec un grand sourire.
« Nous sommes quitte vénéré
Phil ! Affirme-t-il. »
Notre ami, souriant, retourne à son automobile. Il est
heureux. Ce soir il accompagnera Chantal au body combat.
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Mardi 9 mars 2050, 12h30
Chantal, habillée de
son bleu de travail couvert de
cambouis, le dos courbé par le poids des années,
crache sa giclée de chiques. Tous
les jours, elle tape la belote avec ses copines du troisième
âge tout en
envoyant après chaque donnes quelques jurons qui sont de sa
spécialité, toutes
les vieilles mégères éclatent
d’ailleurs de rire et lui retournent quelques
blagues grivoises.
Elle
habite avec Phil
une petite maison en bois, accrochée aux pentes du Jura. Une
baraque tout à
fait prolétarienne, en total accord avec leurs nouvelles
opinions politiques.
Derrière leur
cahute, ils essaient depuis des années de
cultiver sans succès une rizière qu’ils
avaient creusée à la main.
Et, la vie se
déroule sans anicroche. Sa retraite de
conductrice de poids lourds ajoutée à celle de
Phil leurs suffisent
parfaitement. Et puis, il y a ce fameux élevage de chats qui leur rapporte
également un bon complément.
Aujourd’hui elle en en a mis une bonne dizaine dans un grand
sac de jute qu’elle
a donné à Phil pour les échanger tout
frais à la population Chinoise de Genève.
« C’est
bon le chat laqué ! » se
met-elle à
rêver.
Soudain elle sent une chaleur
étrange coulée sur son
postérieur.
Puis elle se souvient de son petit problème de fuite
urinaire.
« Hum, se dit-elle, il est temps pour mois
d’aller
changer ma couche ! »
Alors elle décide de
renvoyer ses copines dans leur maison
de retraite.
Seule maintenant, elle ferme la
porte, pousse un gros soupir
et se met à rire.
Ce soir j’ai body combat.
Mardi 9
mars 2050, 14h
« Alors
madame Meriem ! C’est la cinquième fois
que l’on vient cette semaine, ce n’est pas
raisonnable, à votre âge, il
faudrait voir à arrêter ce genre
d’exercice ! »
L’infirmier du
Samu ? Les poings posés sur les hanches
regarde notre amie avec affliction.
Meriem, couchée sur
son tapis de prière, la tête
écrasée sur
le sol, les bras loin devant elle en direction de la Mecque a une fois
de plus
le dos complètement bloqué.
Elle marmonne quelques mots incompréhensibles.
Je dois dire qu’elle n’a pas vraiment
changé le long de
toutes ces années. Ses draperies sont toujours
impeccablement repassées, et le
petit grillage de tissu qui recouvre son visage montre un blanc
irréprochable.
Enfin
l’ostéopathe arrive. Une grosse dame de plus de
cent
kilos, qui passe tout de suite à l’action en
disant :
«Ca ne vous fera mal qu’un
instant ! »
Elle se laisse tomber sans
ménagement sur l’arrière train de
Meriem qui gémit une première fois, puis, elle
l’empoigne par le cou, le tort
d’un coup sec en provoquant un craquement sinistre.
« Voilà
le travail dit-elle la mine réjouit, sa voix
couvrant à peine les vociférassions de souffrance
de notre douce islamiste
préférée. »
Après quelques instants, elle se relève, regarde
sa
secouriste à travers sa persienne et dans une lueur de
clairvoyance lui
demande :
« Eh ma
sœur, ce soir, j’ai un turbin vachement
chébran
est ce que t’y mi laisse y éla ?
Le médecin habitué au langage riche et fleuri des
banlieues
répond :
-Au point où vous en êtes, faites bien ce que vous
voulez ! »
Alors, un petit ricanement de joie s’extirpe du
tréfonds de
sa burka. Elle est heureuse, ce soir elle sera au body combat.
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Mardi
9 mars 2050, 15h
Catherine est plutôt morose, elle regarde
mélancoliquement, par sa fenêtre la fine pluie qui
mouille
Genève d’un voile de tristesse. Puis une
idée lui
vient soudainement à l’esprit, elle sourit et
laisse
apparaître sa seule et unique dent, vestige d’un
passé depuis longtemps révolu.
Elle prend l’album de photo qui trône
fièrement au
beau milieu de sa petite bibliothèque. Là, se
trouve la
totalité de ses souvenirs. Les feuillets, l’un
après l’autre défilent devant ses yeux
émerveillés.
Cette photo, prise lors d’un plongeon où
l’on voit
ses pieds qui sortent de l’onde bleutée de
l’océan, là c’est lors
d’un
anniversaire où elle est cachée
derrière
l’oncle Jean mais où l’on peut
apercevoir un bout de
sa jolie robe bleue claire qu’elle affectionnait
particulièrement, et puis là, c’est sa
main qui
cache son visage et où l’on voit sa bague cadeau
récent et préféré. Et puis
il y a la
série des photos du groupe body combat où elle
est
toujours cachée derrière Rolph. Et, cette
fameuse, prise
au café Vaudois, où elle est aperçue
de dos et
penchée entrain de vomir ses entrailles sous la chaise de
Phil
et enfin sa préférée où
Venu en prenant la
photo, avait laissé traîner son doigt pile sur le
contour
de son visage.
Que de bons souvenirs…
C’est plus tard en regardant son calendrier qu’une
bouffée de joie inopinément l’inonde.
« Ce soir j’ai body combat ! »
Mardi 9 mars 2050, 16h
Babette est assise sur son grand fauteuil de style empire. Toute de
cuir noir vêtue, une cravache à la main elle
regarde un
grand adonis qui se tortille devant elle. Après de
nombreuses
années de galère, elle avait trouvé sa
voix en
créant sa propre entreprise d’élevage,
non, pas de
chat comme Chantal, mais de Chippendales, qu’elle manageait
avec
brio.
Le poids des années avait un peu vouté son dos,
et Phil
qui avait su resté droit se targuait de pouvoir à
présent lui parler les yeux dans les yeux. Elle en avait un
peu
mare de cette vie de dirigeante et se voyait maintenant prendre une
retraite mérité dans une petite ile des
caraïbes. Le
Musclor qui se trémoussait devant elle,
s’arrêta
soudain de danser et lui demanda :
« Est ce que je vais faire l’affaire ? »
La tête perdue dans un climat enchanteur où la
plage et
l’océan s’étendaient devant
elle à
perte de vue, elle ne répondit pas.
Le petit Chippendale qu’elle gardait à ses
côtés depuis des années et qui
était
à présent couché à ses
pieds,
attaché à une longe, la regarda de ses yeux
attendris et
dit :
« Maîtresse, est qu’il va faire
l’affaire ? »
Babette, agacée d’être
dérangé dans
son songe de bonheur, lui envoya un coup de pied qui le fit meugler de
plaisir :
« Bien sûre que non ! Hurla t’elle
injustement, folle de rage. »
A cet instant d’emportement, un rayon de plaisir se figea
dans sa mémoire.
Ce soir j’ai body combat…
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Mardi
9 mars 19h15
Pascal, le préposé du club de fitness, les
cheveux
blanchis par l’enchainement des saisons, était
très
inquiet. C’était bientôt
l’heure du cours de
body combat et pourtant, ils n’étaient pas
arrivés.
Cet entrainement commençait à être un
souci pour
lui et il ne savait pas s’il pouvait décider de
l’annuler définitivement sans créer un
conflit
difficilement gérable.
Au sous-sol, à côté de la salle, nous
étions
tous là, assis en rangs d’oignions attendant la
fin du
cours précédent. Seul Venu nous tournait le dos,
faisant
face à la salle. Notre
invétéré
séducteur, un filet d’écumes serpentant
aux
commissures de ses lèvres, regardait quelques jolies
demoiselles
qui se trémoussaient sur les engins d’exercices.
Ses yeux
affolés naviguaient entre leurs fessiers rebondis et, leur
T-shirts tendus par un excès de silicone, qui tanguaient
à l’unisson dans une farandole magique.
Son regard se porta soudain sur le milieu de son short et il le trouva
bien calme.
« J’ai pourtant, se dit-il, pris deux pilules de
viagra
avant de venir, ça ne semble pas fonctionner…
»
Aujourd’hui c’était Team-teach !
Dominique était là, dans la posture du Boudha,
les yeux
fermés, recherchant la complétion de toute son
énergie. Il avait beaucoup changé, son
« look
» était différent. Une dizaine
d’années auparavant en ayant mare des quolibets
qui le
suivaient (crâne d’œuf, boule de suif,
Zébulon) il avait décidé de se faire
implanter une
chevelure type Michel Polnareff.
Depuis, il arborait fièrement sa moumoute et avait perdu son
statut d’âme en peine en réussissant
à
conquérir enfin la grosse Italienne.
Nadia était également là,
entourée
d’une bonne soixantaine de kilos de surpoids. Elle
m’avait
confié que cet embonpoint n’était pas
une
négligence de sa part, mais qu’un excès
de graisse
lui permettait avec l’âge d’effacer ses
rides.
« Au fait !» Dit-elle, vous avez oublié
vos déguisements.
C’est lors que Chantal navrée de cet oubli, eut
une idée de génie :
« Faites Passer votre dentier à votre voisin !
»
Sa théorie se montra excellente, chacun montra ainsi une
mine patibulaire.
Seul Rolph déçu ne put échanger son
dentier qui
malheureusement, gardait entre chacune de ses canines des restes de son
sandwich du café Vaudois.
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Il était temps d’intégrer la salle,
Dominique
commença par nous chanter l’un de ses airs
préféré :
« Marilou, ou ou ! »
Je tapais sur l’épaule de venu lui montrant mon
plus beau sourire et dit :
« Y’a au moins un avantage
d’être vieux, c’est qu’on
devient sourd. »
Seule Catherine qui n’avait pas encore
débranché
son sonotone, pâlie avant de réagir en coupant son
système infernal.
Pascal fou de joie arriva en courant :
« Ca y est, le service de gériatrie de
l’hôpital Cantonal est arrivé vous
pouvez commencer.
Une équipe de personnel soignant entre dans la salle
menée par une charmante infirmière aux formes
avantageuses. Venu en la voyant feint immédiatement un
malaise.
La belle se précipite à ses
côtés penche sa
blouse dégrafée au niveau de notre petit malin en
disant :
« Monsieur, vous allez bien, faut-il que je vous aide ?
Venu qui est certainement le plus alerte d’entre nous
répond :
-Je me sens un peu faible aujourd’hui, votre assistance
n’est pas de trop !
C’est alors qu’une grosse marâtre
à la blouse
blanche et à la moustache fournie pousse sa jolie
collègue et affirme qu’elle seule à la
force de
seconder ce monsieur. Elle prend Venu sous les aisselles et le
soulève sans le moindre mal.
-Va plutôt t’occuper du monsieur,
répondit-elle en montrant Phil du menton.
-Merci Lulu, lui répond la pinup en se dirigeant vers lui.
»
Malheureusement Pour lui, Chantal ne semblait pas vraiment
d’accord. Elle envoya un mugissement des plus agressifs et le
tour était joué, je me retrouvai dans les bras de
cette
belle inconnue.
Un aide-soignant de stature et présentation
distinguées et élégantes se dirige
vers Olga :
« Madame, lui demande t-il, désirez-vous mon aide
? »
Olga jette un coup d’œil sur son chien qui tapit
à
ses pieds semble effrayé par la musique un peu trop forte
que
nos coachs viennent de propager, puis elle répond dans un
Français impeccable :
« Oui, monsieur, s’il vous plaît,
pourriez-vous vous occuper de mon Hannusse ! »
Le pauvre homme blêmit, ravale sa salive et en se tournant
vers son collègue, affirme :
« Ces vieilles, de nos jours, se sont toutes des
obsédées ! »
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Meriem
qui ne veut se faire aider que par une femme demande :
« Zi va la meuf, Mets mon gelin parterre et mets moi en
position de prière avant la teuf ! »
Bientôt, allongée ventre contre terre, notre
islamique des
gymnases se lance dans une psalmodie dont elle seule connaît
les
secrets.
Puis un homme en bleu de travail, portant des bottes, des bouchons
d’oreilles et un pince nez, se dirige directement vers
Chantal.
C’est son préposé habituel.
Son accoutrement est dû à une mauvaise
expérience
qu’il avait eu dans le passé avec notre amie la
féministe en terminant son cours noir de cambouis,
écœuré par son odeur, choqué
par ses jurons
de pattier et les pieds mouillés par son incontinence.
Tout en regardant le petit chippendale vautré aux pieds de
Babette, Catherine demande :
« Et il te coûte cher en nourriture ?
Babette répond négativement de la tête.
-Est-ce qu’il est propre ?
-Ya ! J’lui fais faire ses besoins dans un parc ! Affirme
t-elle plutôt contente d’elle.
-ET, est-ce qu’il sait sauter comme un batracien ?
Je dois vous confier, qu’au grand malheur de Catherine, le
petit
Portugais, appelé la grenouille, ne venait plus au cours. Il
y a
quelques années de ça, les fesses bleuies par les
pincements que Catherine lui infligeaient l’avaient conduit
chez
son médecin qui, effaré du résultat,
lui avait
immédiatement conseillé de suivre un
entraînement
où les disciples étaient moins entreprenants
à son
égard.
Depuis lors, Catherine recherchait avec avidité une rainette
aux fesses rebondis.
Dans un coin de la salle, Rolph at entreposé un
énorme
gâteau à la crème aux formes
étranges.
Aurélie qui se trouve à proximité, ne
semble pas
dérangée par les effroyables effluves que la
pâtisserie dégage. Notre charmante amie est
habillée d’un bermuda blanc,
d’où
dépasse quelques bourrelets graisseux, vestiges de ses
nombreux
accouchements. La pauvre, n’avait jamais vraiment
accepté son âge avancé et le temps de
sa
ménopause, pour nous berner, elle avait pris
l’habitude de
souiller le bas de son short avec du mercure au chrome pour nous faire
croire qu’elle était toujours
réglée.
Phil, toujours peu enclin à l’effort physique,
demande qu’on lui apporte une chaise roulante.
Assis confortablement, tout sourire, il se met à
déplier
la jambe droite, puis la jambe gauche. Les bras suivent en direction du
ciel. Ce que c’est bon de faire de l’exercice
après
un bon plat de riz collant.
Et le cours commence directement par le rythme époustouflant
d’une chanson de Chantal Goya. «
L’île aux
enfants »
Dominique dont les oreilles n’ont jamais bien
fonctionné,
augmente le volume de son sonotone. Nadia commence à remuer
ses
formes avantageuses et fait immédiatement réagir
l’estrade d’une succession de craquements
protestataires.
Tout le monde suit avec attention, les arabesques de nos bien
aimés coachs.
Rolph qui, par coquetterie ne
portait pas de
lunettes, placé à moins de deux mètres
du miroir,
croyant réaliser ses exercices devant sa prof
préférée, envoyait de ses
lèvres, en
direction de son propre reflet, des bisous d’amour
et des
clins d’œil dévastateurs.
Olga, en pleine forme, se déchaina dans des enchainements
que
tous, nous ne pouvions depuis déjà bien
longtemps, plus
réaliser.
Babette d’humeur ravageuse, profita d’une
série de
coups de pied pour passer ses nerfs sur son petit chippendale qui
s’épancha de plaisir.
Placé derrière Venu, je me pâmai de
plaisir soutenu
par la jolie infirmière alors que mon pauvre ami se faisait
malmener par ma marâtre au bras musclés.
Tout aurait dû s’enchainer dans une harmonie
Olympienne.
Quand, tout à coup, l’aide-soignante à
la carrure
de forgeron, celle, préposée à Venu,
remarqua une
difformité caché dans le pantalon de son patient.
En
effet, Le Viagra prit par notre séducteur venait
soudainement de
faire effet. La donzelle, trop heureuse, croyant avoir pour la
première fois de sa vie fait de l’effet
à un homme,
par des caresses, se montra plus entreprenante.
Venu furieux de cette agression de type sexuel, se dégagea
et
jeta son pied sur la malheureuse qui trébucha dans ma
direction. Ma belle infirmière s’interposa
immédiatement dans un geste de protection, chancela elle
aussi
pour se retrouver assise sur les genoux de Phil, qui surpris laissa
tomber ses mains sur les formes avantageuses de la belle.
Chantal hurla de colère et retrouva son allant de jeunesse
pour
se ruer en quelques enjambées sur ce qu’elle
croyait
être la voleuse de son homme.
Aurélie qui avait observée attentivement la
scène, voulut par des mots apaisant, calmer ce malentendu.
« Tais-toi ! Espèce de gonzesse aux fesses de
macaque ! Répliqua Chantal furieuse ! »
Aurélie réagit très mal à
cette invective.
Tout en se pinçant le nez et avec un rictus de
dégoût, elle prit le gâteau
laissé par Rolph
et le lança de toutes ses forces dans notre direction.
J’évitais le pire d’un mouvement rapide
de ma
tête, mais ce ne fut pas le cas pour la grande partie de
notre
assemblée.
Une odeur de vomi submergea rapidement la salle.
Le petit chippendale croyant à une gâterie
lécha le
sol avant de se retrouver sur le dos, les pieds et mains battant
l’air avec des hurlements de douleur abdominale. Puis il se
remit
sur ses pattes et se mit à tourner autour d’une
des
colonnes entraînant dans sa course Babette qui se retrouva
plaquée contre un mur.
« Mon dos ! Dit-elle. Mon dos, il est de nouveau droit !
S’exclame-t-elle heureuse du résultat.
»
Puis l’odeur devenant abominable nous dûmes tous
quitter la salle au plus vite.
Seule Meriem toujours coincé dans sa position de
prière nous supplia de l’aider.
Un peu plus tard, nous nous retrouvions assis dans la petite salle de
repos. Pascal avait fait appel à une deuxième
ambulance
pour emmener d’urgence le personnel soignant qui par manque
d’habitude n’avait pas supporté les
effluves des
gourmandises du café Vaudois.
Phil la tête penchée, coincée en
direction du
plafond par un mauvais torticolis, me dit qu’il venait de
parler
avec Babette.
Olga que l’entrainement écourté avait
laissée
sur sa faim s’activait dans un coin de la pièce
dans une
série de pompes, surveillée par son cher Hanusse.
Venu gêné, restait debout sans bouger, son sac
collé sur l’évidence de son
désir.
Dominique proposa de chanter du Polnareff à Rolph pour le
consoler de la perte de sa pâtisserie.
Aurélie bougonna qu’elle n’avait rien
d’un
singe et qu’au moins elle, elle était encore une
vraie
femme.
Chantal s’excusa un peu confuse,
écoutée par Meriem
qui dans l’attente de son ostéopathe avait
été entreposée dans sa position de
croyante sur le
comptoir du bar.
Catherine nous étonna par cette remarque :
« Bein oui ! »
Vive le body combat !