On avait tous été choqués, terrorisés, traumatisés par le véritable massacre perpétré par un groupe Islamiste à la suite de parutions qui leur avaient déplu. Alors je me suis mis à penser à toutes les bêtises que j'avais écrites sur mon groupe de body combat. Maintenant je craignais des représailles dramatiques de la part d'un des nôtres. Un mea-culpa me sembla alors obligatoire. Espérant ainsi, un pardon, qui m'éviterait des conséquences dramatiques. J’envoyai un mail d'excuses à tous mes amis sportifs les priant instamment de ne pas me tenir rigueur sur toutes mes pignoleries de mauvais gouts. Le retour de mon message fut heureux. Tout le monde avec des smillés sympathiques me firent part de leur absolution. Je me sentais heureux ! Pourtant une seule réponse manquait à la liste. Devinez de qui... On était mardi soir, vous savez, ce mardi soir de bonheurs, d'allégresses où, nos corps de sportifs se fondent dans une osmose divine. J'étais prêt à mentir des compliments infondés pour me faire paraître plus amicale. J'arrivai dans les vestiaires. Venu, mon modèle, superbe comme toujours, me précisa qu'il avait eu beaucoup de mal à se débarrasser des dix petites Polonaises désespérées qui s'étaient enchainées à sa voiture dans l'espoir d'un simple de ses regards. Puis il m'invectiva: -Alors, c'est comme ça que tu me salues! Je pris immédiatement conscience de mon incivilité. Un genou à terre, la tête baissée je lui fis alors, avec mon bonnet, des arabesques dignes d'un roi. Notre salle de body combat était déjà remplie des groupies habituelles. Dominique notre fantastique Gourou, se sentant particulièrement fier et riche ce soir-là, avait sciemment laissé dépasser de son short une liasse six billets de dix Francs Suisse que sont dur labeur lui avait octroyé. Il chantait de sa voix douce et mélodieuse des cantates de Polnareff que le manager de la salle enregistrait consciencieusement pour les joindre à la postérité des clubs Silhouette. Chantal arriva, les joues gonflées de nourriture, un sac de Mc Do à la main d'où dépassaient des Fanes de carottes : B. De M. Salut les mecs! Dit-elle avec sa distinction qui la caractérise. Phil courant derrière elle, de ses petit pas, la suivait respectueusement, un nem bien gras suintant de sa bouche entrouverte. Immédiatement j'allais le remercier pour sa présence exceptionnelle: -Merci Phil, mon grand Timonier! Il me regarda tendrement, évitant cette condescendance qui pourtant aurait été bien naturelle et me répondit par un simple sourire. -Je me sens honoré de ton regard, magnifié par ton intention gratifiante! Continuai-je. Puis, mimant un bonheur ineffable, je fis un baise main à Chantal, dont le délicat parfum d'huile de coupe, délecta mes narines. Camarade Olga arriva, auréolée de sa beauté infinie, véritable rayon de soleil qui nous éblouit un instant. Elle avait habillé son nouveau petit chien, Fionkipu ***, d'un petit chandail vert foncé qui lui allait à merveille. Anne marie, avança vers moi avec aisance. -Pas la moindre anicroche aujourd'hui, me dit-elle, et pourtant je viens de terminer un cours de perfectionnement de la danse du sauteur en parachute. Rolph, nous présenta de délicieux cookies au chocolat qui provenaient du café Vaudois. L'odeur âcre titilla nos narines. Voulant absolument lui faire plaisir, je fus le seul à en prendre un et le lovai dans un revers de ma bouche près à le recracher dès qu'il aurait le dos tourné. Gaby véritable déesse du tatouage, s'appliquait avec un couteau de cuisine, sur le dos de Catherine. Aurélie, mince et élancée nous affirma qu'elle pensait enfanter dans un futur lointain, car la pureté de sa jeunesse était encore loin de toutes flétrissures. Babette était là! Expliquant, en allemand, à Meskerem qui ni comprenait rien, la raison pour laquelle elle s'était défaite de son petit chippendale un peu trop encombrant. Je leur fis part de mon soulagement dû à leurs pardons en précisant que Meriem avait été la seule à ne pas y répondre! Quand, justement elle arriva soudain. Vêtue de son ample Burka noire. Un tremblement d'effroi envahit chacun d'entre nous. Les femmes, un peu fébriles, se recouvrir la tête d'un foulard. Et, moi-même, je dois l'avouer, peu courageux et béotien des coutumes islamiques j'en fis autant. Venu l'air apeuré me jeta un bref coup d'œil. D'un doigt discret, mais agile, je l'informai sur la bonne direction et prestement, il sortit un petit tapis de son sac, et à genoux, face contre terre, il fayota quelques prières. Dominique y alla de son appel, suivit par Rolph qui nous montra un tatouage qui représentait un verset du Coran. Chantal précisa que pour elle, c'était Ramadan toute l'année et Phil s'essuyant la bouche d'un revers de main nous dit qu'il adorait ces nems Halal. Olga précisa qu'elle était en train de coudre une Burka pour son petit Fionkipu... Un courant d'air fit virevolter la chasuble de Meriem qui se plaqua contre elle, dessinant une forme longue, étroite et mystérieuse qui lui barrait le corps au niveau de sa taille et qui me fit dresser les cheveux sur la tête. Elle nous lança un regard perçant à travers sa petite fente et grogna : Z'y va trop ouf ces courants d'air, j'l'ai même sentis sur la cheutron, vachement zarbi, j'kif pas! Puis, ne m'ayant pas reconnu sous mon fichu mal cadré, elle continua : -Est-ce que vous avez vu Pierre? Tout le monde me sauva de leurs mensonges et le cours commença. Malgré la peur qui s'était emparée de nous, il se déroula à la perfection et notre dépense corporelle nous fit oublier notre angoisse. Nos exploits sportifs terminés nous nous retrouvâmes tous devant l'estrade, glorifiant notre gourou et maître Seule, au fond de la salle, la silhouette fantomatique de Meriem restait immobile nous regardant fixement. J'avais enlevé mon foulard, totalement inconscient du danger et c'est alors qu'elle me reconnut. -Pierre, j'kif qu'tu sois là, tu vas voir! Hurla-t-elle. Elle s'approcha de moi, semblant flotter dans son ample vêtement, puis elle y glissa sa main, faisant apparaitre à travers le tissu la forme d'un canon. Conscient de mes derniers instants je tombai, sans force, sur mes genoux qui craquèrent, pleurant ma vie qui allait prochainement être effacée. Les filles terrorisées se jetèrent dans les bras de Venu, qui malgré sa peur se délecta et profita de de cet instant d'opportunité. Dominique se frotta la tête voulant ainsi aplatir le seul cheveux qui lui restait et Phil postillonna son nem en toussant. Prestement Meriem sortit un parapluie de dessous sa cachette. Oui, ce parapluie jaune à points blancs signé Chantal Goya, celui même que je lui avais prêté, dans un passé récent, un jour de grosse pluie. Voyant ma posture de supplique. Elle s'étonna : -Z'y va trop ouf, j'pensais pas qui t'manquait tant. J'voulais t'passé un mail mais mon zarbi d'internet était en panne depuis plus une semaine! |