C’est un peu de ma faute ! J’aurai dû faire attention ! Etre plus discret… Dans la salle de body combat, je m’approchais de Venu en disant à faible voix : « Venu, j’ai vu dans les vestiaires que tu ne portais plus de string ! -Oui c’est vrai me répondit-il. Il me félicita particulièrement pour mon sens inné de l’observation, puis, ajouta avec un ton chargé d’émotion. C’est la vieille Indira Kalinranjan qui m’a offert de nombreux caleçons. Je les garde tous avec moi ! Il me proposa de m’en prêté un, si un jour j’étais démuni, mais je déclinai son offre avec politesse, les couleurs vives que j’avais observées n’étaient pas vraiment à mon goût. C’est plus tard, après le cours, que l’irréparable arriva. Revenant de la douche je vis Venu dans la plus grande contrariété. -Qu’est se qui se passe mon ami ? Lui demandais-je. -On m’a volé dit-il presque en larmes. -Quoi ton argent, tes papiers. -Non, pire que ça. Alors je compris, je saisis la terrible nouvelle qu’il allait m’apprendre. -Oh non pas ça ! M’exclamais-je terrifié. -Oui, tous mes caleçons ont disparu. Cette nuit-là, il me fallut de longues heures pour m’endormir, je ne pouvais pas admettre cet acte abominable que je pourrai qualifié de barbare et inhumain. Qui avait bien pu perpétrer ce forfait infâme ? Une semaine passa et j’espérais que mon très cher ami avait pu surmonter sans le moindre problème ce drame de la vie. J’arrivais dans la salle avec un peu de retard et la terrible vérité éclata devant mes yeux ébahis. Dans les vestiaires, un Musclor, qui semblait très- heureux, comptait une liasse de billets en disant à son copain : « Aujourd’hui, j’ai vendu 50 échantillons et 3 complets ! » Puis il se mit à rire. Je reconnu ce gaillard. Venu me l’avait présenté en disant : -C’est mon copain Poupoule, il a un magasin au Pâquis nommé « Aux serruriers Gays » C’est en traversant la salle pour aller au cours de body combat que je compris l’affaire. Toutes les filles, folles de joie, avaient un morceau de tissu aux couleurs chamarrées et à la provenance évidente, collé sur le cœur. Mais le pire était à venir, je le découvris en entrant dans la salle de cours… Dans un coin, Gaby avait un morceau d’étoffe cousu sur le bras, elle regardait langoureusement Venu et léchait la plaie en disant : -Si elle suppure c’est qu’il m’aime ! Meriem avait changé la cagoule de sa Burka avec un tissu aux couleurs vives et à la tournure étrange, elle se trémoussait contre notre séducteur en disant : -Z’y va , celle-là j’l’ai pas lavé pour z’y avoir ton odeur mon keum ! Olga en me voyant se précipita vers moi en disant : Camarade Pierre, regarde le joli vêtement que j’ai fait à mon chien, puis elle l’appela ; Hannus, viens ici mon p’tit. Le petit chien arriva en jappant, très fier de son couvert aux couleurs vives. Catherine enrhumée, se mouchait dans uns mouchoirs rouge à la forme très particulière. Dominique donnait son cours avec un couvre-chef vert et jaune fabriqué maison. Chantal très coquette ce soir avec son bleu noir de suie, montrant l’une de ses jambes recouverte de poils avait délicatement enroulé un morceau d’étoffe mauve et ocre autour de son cou. -C’est pour P… de M… penser à mon p’tit Venu ! César portait un sous vêtement au-dessus de son short : -I want to become the third best body combattant dit-il en faisant une pirouette. Au fond de la salle Marie, Anne-Marie et Misliar tenaient haut dans le ciel leur bout de textile en criant : Give me a V, give me E, give me a N, give me a U, VENU ! Malgré toute cette agitation  incontrôlée notre Casanova, plus communément appelé l’étalon des Avanchets semblait resté de marbre. Je ne pus m’empêcher de l’interroger à ce sujet. « Je gère dit-il, tant qu’elles ne connaissent pas mon secret, je pense pouvoir en réchapper sans trop de dommage ! » Malheureusement pour notre bel ami, l’irréparable arriva juste à la fin du cours. Phil qui à travers a vitre essayait d’attirer sans succès l’attention de Chantal demanda à Rolph d’intervenir pour qu’elle remarque sa présence. Rolph, tout en croquant dans son sandwich ail-chèvre, se dirigea vers notre féministe, glissa sur une flaque d’huile et s’affala à terre, il tenta de se retenir au short de Venu qui descendit que quelques centimètres en dévoilant son fameux secret. Un magnifique caleçon à cœurs roses.