Tout avait commencé
par un nez bouché !
Et bien oui, ma tendre et douce
aimée, lors de l’arrivée des pollens, a
le nez bouché !
Alors bon, il fallait que je
lui fasse une blague !
J’avais
déposé au beau milieu de sa garde robes un
camembert vieux de quelques mois dont l’odeur pestilentielle
embaumait l’air sur une bonne dizaine de mètres.
J’ai trop rigolé en pensant à ses
petites réunions entre copines le mardi et jeudi soir,
imaginant la gène qu’occasionnaient ses
vêtements parfumés au fromage.
Mais, ce qui devait arriver arriva.L’une de ses amies lui fit
remarquer qu’elle ne sentait plus le chanel N°5 de
son habitude et le pot aux roses fut donc vite découvert.
Le
dos meurtri et un bon coquard sur mon œil gauche,
j’écoutai avec attention les invectives que mon
épouse, son fameux rouleau de pâtisserie
à la main, me témoignait :
« Pierre, tu n’es qu’un
être vil, abjecte, détestable. Je ne sais pas
comment tes amis du body combat peuvent supporter tes
fadaises ! »
Cette
petite élocution, me fit réfléchir sur
la justesse de mon comportement…
Ce mardi, j’arrivais
au cours de body combat, penaud, la tête baissée,
en ayant la ferme intention de m’excuser platement pour mes
écrits abjectes et licencieux.
J’entrais sur la pointe des pieds dans la salle.
Olga, qui avait sur chacun de
ses mollets tatoué une faucille et un marteau, le regard
rivé sur un livre de poèmes de Trotski,
un large sourire aux lèvres, lisait à voix haute
l’un des pamphlets de son illustre compatriote :
« Oh, prolétaires
au mains souillées par votre labeur.
Révoltez-vous
contre le capital qui vous enchaine
De ces rustres
rupins surtout n’ayez pas peur
Videz sur eux
toute l’action de votre haine ! »
Puis soudain levant les yeux, elle me regarda d’un
œil tendre et dit :
« Pierre, ma foi dans le socialisme m’a
fait comprendre que je devais te pardonner l’ensemble de tes
écrits malfaisants, va en paix camarade!
Venu, occupé
qu’il était à approcher une petite
blonde aux allures de Polonaise et aux attributs plus que
généreux, fit une petite pose pour me
dire :
« J’ai relu des passages du livre de
Gandhi, alors mes amis et moi-même seront bons avec toi ce
soir dans les vestiaires.Nous avons décidé de ne
pas t’imposer la chaîne du
bonheur prévue sous les douches ! Soit
heureux !
Puis ce fut au tour
d’Aurélie qui tout en se frottant le ventre,
m’assura que je serai le parrain de son enfant à
naître.
En entrant dans la salle,
j’avais remarqué un tas de draps noirs
entassés dans un coin de la pièce. Ils se mirent
soudain à bouger et s’approchèrent de
moi...
En entendant la voix qui en sortait, je compris que
c’était Meriem recouverte d’une burka et
qui sortait de sa dévotion. Effectivement, elle venait
récemment de rejoindre le groupe de prière
d’un Imam intégriste.
Elle me rassura :
« Le prophète a dit qu’il
fallait savoir pardonner, aucune fatwa ne sera donc lancée
contre toi, vit heureux et paisible !
Rolph
qui sortait du café Vaudois, la mine bleime avec quelques
hoquets proches du vomissement me tendit un bon d’achat pour
un sandwich à la tartiflette de son resto
préféré :
« Tiens, tu vois, en fait, je ne t’en veux
pas. Va le ventre plein et la mine
réjouie ! »
Catherine brava sa
timidité pour m’envoyer une longue
ritournelle :
« t’es ok ! »
Chantal argumenta
qu’étant donné le QI moyen
d’un homme, toute femme devait être indulgente et
passer l’éponge sur toutes fadaises.
Enfin, ce fut peut
être Phil qui un peu plus tard m’offrit le plus
beau témoignage d’amitié en me donnant
un morceau du nem qu’il venait de mâchouiller.
Seul Dominique sembla garder de
terribles griefs à mon égard et je fus dans
l’obligation de l‘entendre entonner son ultime
version de « la mouche » de
Polnareff.
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