J’arrivais devant la porte des vestiaires des hommes. Une foule de demoiselles toutes aussi jolies les unes que les autres semblaient attendre quelque chose. Je leur envoyai un sourire qui ne reçu aucune attention. A l’intérieur, Venu était entrain de se changer. En me voyant son visage et son attitude me montra quelques animosités. Il vociféra ; « Pierre pourquoi as-tu mis sur le net la photo où l’on me voit en costume, cravate ! – Et bien… – Il me coupa dans mon élan explicatif et me tendit trois calepins qu’il tenait dans le creux de sa main en disant. – A cause de toi j’ai dû m’acheter de nouveaux carnets de rendez-vous, je n’arrive plus à faire face ! – En les feuilletant je me rendis compte qu’ils étaient effectivement remplis de noms aux consonances féminines. Adeline, Michèle, Coralie, Adeline, Gwendoline, Macha, Robert (tien, c’est qui celui là). C’est en nous dirigeant en direction de la salle de cours, que je compris vraiment l’importance de ma bévue. L’ensemble des groupies qui attendaient notre sortie, se jetèrent sur Venu en essayant de lui arracher des lambeaux de vêtements, il perdit l’équilibre et tomba au sol. Paniqué, je ne savais que faire, pour la bonne raison que ma conduite d'homme galant ne me permettait aucune violence envers les femmes. Heureusement, nos naïades du body combat n’étaient pas loin et arrivèrent en courant. Olga asséna quelques manchettes Bolcheviques dont elle seule connaît le secret, empoigna notre Venu par la cheville et tout en l’éloignant de la meute dit : -Ce camarade nous appartient. Aurélie s’interposa en précisant : -Ne me bousculez pas, je suis enceinte ! Meriem enleva la capuche de sa burka découvrant son crâne au côté droit totalement rasé et hurla : -Intifada ! Babette lâcha son petit chippendale qui se rua dents devant dans la cohue féminine. Catherine s’interposa et serrant les poings et leurs fit comprendre par des gestes déplacés de ne pas insister. Puis, ce fut Chantal, qui, sortant de derrière son dos un pot d’huile de graissage pour roulements à billes, interjeta dans son langage si féminin : « La première Pouf qui bouge j’lui fout mon pot de graisse sur la tronche ! » Le calme étant revenu Dominique, notre bon gourou du body combat, nous enferma à double tour dans la salle pour nous permettre de suivre notre cours dans une totale sérénité. Notre leçon se passa parfaitement bien. César, dit la grenouille virevolta de joie sachant que pour Catherine son fessier n’était plus vraiment le seul objet de sa convoitise. Phil resté à l’extérieur passa le cours, le nez collé contre la vitre à nous observer, voulant s’assurer que sa Chantal ne céderai pas au charme indéniable de notre bel ami Venu et Rolph nous proposa tout au long de la séance, quelques éructations de digestion particulièrement démentielles. En sortant du local, Venu, tremblant, me demanda de l’accompagner dans le parking où il devait récupérer son automobile. Comprenant parfaitement l’angoisse qui le taraudait, j’acquiesçai immédiatement à sa demande Un peu plus tard, je le laissai au niveau de ma voiture. En refermant ma portière, je vis une horde de donzelles hystériques qui se précipitèrent en direction de notre séducteur national. Venu tambourinant sur mon par brise hurla : « Pierre au secours, à l’aide ! » Peut-être un peu jaloux, je fis mine de ne rien entendre, de ne rien voir. Mon moteur ronfla son éveil et le son de mon cd de Chantal Goya diffusa sa musique enchanteresse un peu plus fort qu’à l’habitude. En m'éloignant, je ne pus m'empêcher un petit sourire en laissant derrière moi mon pauvre compère noyé dans sa terrible adversité... |