Tweet 27/02/2012   Le fou

-Oui, Noël, je m'en souviens bien, j'ai dû m'en occuper au moins pendant six ans !
...
-Non, pas vraiment de problèmes avec lui, en fait il était, enfin il est plutôt calme, tranquille, affable. C'est juste quelques fois qu'il a un comportement bizarre !
...
-Et bien, il se met à hurler, bouge dans tous les sens, alors il faut vite lui donner une piqure pour le calmer !
...
-Une caractéristique particulière ? Je ne sais pas. Ah ! Si, il aime changer d'apparence, homme, femme, blond, brun. Ah oui, ça c'est clair. Jamais le même et puis je m'en souviens maintenant, il adorait le body combat !
....
-Ah non, alors là, je n'ai rien vu venir, un matin je suis allé le chercher dans sa chambre et il n'était plus là!

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Noël s'était fait la malle et malgré des recherches actives n'avait jamais plus pu être rattrapé.
Sa famille avait essayé un dernier recours pour le retrouver en la personne de monsieur Artémise, un inspecteur privé connu pour être un fin limier.
Après quelques semaines d'enquêtes, il avait eu vent que ce déséquilibré fréquentait régulièrement, le mardi soir, un club de sport de Genève.
Il se frotta les mains de plaisir et pensa :
-Ca va être du gâteau.

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J'avais le nez collé contre la vitre de la salle de sport. Depuis mon incident de santé, je ne pouvais plus adhérer à ces exercices trop violents pour mes artères fragiles. Je regardais donc passer avec tristesse mes anciens compagnons de l'effort.
Venu passa devant moi l'air condescendant, puis me tournant le dos avec agilité me fit admirer son t-shirt où l'on pouvait lire "Meilleur body combattant au monde."
Puis, Chantal arriva. Alors je mis un genou à terre, baissai la tête en signe de dévotion et osai :
-Ma muse, esthète du zéro pour-cent de matière grasse, pourquoi ne t'ai-je
pas écouté ! Ainsi tous mes problèmes auraient pu être évités...
Elle me regarda avec ce regard supérieur de quelqu'un qui a enfin prouvé sa raison et répondit :
- B... De M... Faut écouter quand on parle !
La tête basse, je sorti une barquette de carottes râpées y plongeai la main, puis enfournai
Le contenu délicieux dans ma bouche grande ouverte.

Dans la salle évoluaient deux nouveaux adhérents. Il y avait ce monsieur Artémise qui s'était précédemment présenté à moi et puis ce personnage, mi-homme, mi- femme dénommé Léon qui se tenait discrètement dans le coin gauche de la pièce.
Le cours commença.
La dynamique ne semblait plus être de mise, était-ce mon absence ?
Venu avait beau faire de son mieux, Dominique avait beau envoyer de sa motivation. Quelque chose manquait. L'excellence, l'unique, le sublime.

Le cours se déroula d'une manière sobre sans la moindre anicroche. Artémise scrutait chaque participant avec attention et semblait ne pas trouver la solution de sa recherche. Peut-être, ce Léon ! Mais aucune singularité comportementale ne le soutirait du lot.
Mais alors que le dernier exercice se terminait sans évidence de culpabilité.
Son intuition se vit confirmé. Léon commença à s'agiter de façon désordonnée et poussa des cris d'âne en rut.
S'était lui le fou ! Il eut un sourire de contentement, sortit une petite seringue de sa poche et se dirigea dans sa direction pour l'empoigner et lui infliger l'injection calmante. Quand, tout à coup un autre comportement
incertain le fit douter de sa conclusion.

Sur sa droite Gaby, armée d'un long couteau finement aiguisé, gravait le nom de Nadia sur une omoplate de Rolph qui se gavait d'un sandwich mal odorant.

Et puis il y avait Anne-Marie qui se tapait la tête sur une colonne en acier pour illustrer la nouvelle danse juive appelée "le mur des lamentations" qu'elle était en train d'apprendre.

César encouragé par Les petits cris de Meskerem, virevoltait de joie.

Aurélie, couchée sur le dos, crevait une baudruche d'eau pour simuler son prochain accouchement.

Meriem se secouait de rire en regardant les facéties d'Aurélie, et son drapé intégral virevoltait de façon désordonnée, accompagné par ses gloussements amusés :
-z'y va t'es trop ouf de la bale et si tu voyais ta cheutron !

Phil qui était venu chercher Chantal, démontrait son habilité en avalant des nems huileux par le nez, tandis que Chantal vociférait de plaisir en badigeonnant d'huile une bielle grippée :
M... C... P... B... C'est trop bien la mécanique !

Venu comme à son habitude courait après une petite blonde qu'il avait partiellement dévêtue et qui hurlait :
-Je ne suis pas une petite Polonaise !

Olga pour se rafraîchir se frottait les aisselles avec un chiffon enduit de vodka et d'ail en affirmant :
- Camarade Lénine connaitre bon recette pour femme transpirante !

Catherine intimidé par toute cette agitation utilisait une nouvelle technique de décontraction qui lui avait récemment été enseignée. Elle se mit à tirer la langue à toutes les personnes qu'elle voyait en persiflant des gargouillis étranges.

Artémise se trouva dans la plus complète expectative.
Mais, qui était le fou ?
Il allait se décider sur l'un des protagonistes quand une douleur atroce lui traversa les oreilles. Une dissonance proche de l'horreur. Il pointa son regard en direction de l'homme qui diffusait ce terrible supplice.
Puis il comprit.
Ce ne pouvait être que lui, le fou, la bête immonde, plus aucun doute.

Assis sur l'estrade, les jambes croisées derrière la pointe de ses oreilles, les bras tordus en position du Bouddha, Dominique notre prof et bon gourou chantait...



 


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