J’étais
en avance ce mardi soir.
A
mon grand étonnement toutes les filles étaient
déjà là et une euphorie inhabituelle
les animait.
Olga, un tonneau de vodka perché sur
l’épaule semblait mener le bal.
« Qui veut encore de ma boisson prolétarienne ?
» Dit-elle à haute voix.
Nos boby combattantes préférées se
précipitèrent vers elle,
l’œil embué et le verre à la
main.
« Moi, moi, moi ! Dirent-elles d’une voix
éméchée.»
Je fus surpris de voir Aurélie avec un t-shirt moulant et le
ventre rentré d’une façon
inaccoutumé, et qui, semblant ne prêter aucune
attention à son état, buvait avec
allégresse.
Catherine, que l'alcool avait rendu extrêmement volubile,
inondait l’endroit de paroles grivoises :
« Pousse ton cul, c’est mon tour ! »
-P… de M… me confia Chantal, c’est le
troisième verre que je bois cul sec, j’en ai
l’habitude. Mieux qu’un mec ! Me
précisa-t-elle.
La plus éméchée de toutes
était Meriem qui cachée sous sa burka, pensa, que
je ne l’avais pas reconnue.
Et puis il y avait Babette que l’alcool avait rendue
silencieuse et qui se tenait affalée dans un coin de la
salle, les cheveux ébouriffés et la langue
pendante.
Et puis chose étrange, Phil était là,
en tenue sportive, un chapeau chinois sur la tête, qui
regardait sa douce aimée d’un œil
inquiet.
Je rejoignis les vestiaires où je retrouvai mon ami Venu.
Son œil était triste, son sourire absent, il ne
réagit même pas à la bonne histoire que
me raconta Rolph :
« Je reviens d’Egypte, dit-il, et devine ! Avec mes
biscuits du café Vaudois, j’ai réussi
à donner la tourista à la moitié de la
population locale ! »
Peiné pour Venu, notre séducteur National, je
m’enquis de son chagrin.
« Snif, snif, me répondit-il, si tu savais ce que
Chantal m’a fait … »
Soudain, j’entendis des rires qui provenaient du second local
des vestiaires.
Intrigué par cet excès de joie, j’allai
y jeter un coup d’œil.
Six hommes, nus comme un verre, au physique de David parlaient et
riaient bruyamment.
A entendre leur conversation et à un détail
flagrant de leur anatomie, je compris immédiatement que leur
intellect n’était certainement pas leur point fort.
Venu,
posa sa main sur mon épaule et hoqueta :
« Chantal a invité six chippendales
qu’elle a rencontré durant l’une de ses
soirées de débauches. J’vais me sentir
nul et sans intérêt… »
Compatissant avec notre ex séducteur. Nous nous
rendîmes à notre cours.
Dominique une jambe derrière la tête sautillait
pour rejoindre son estrade.
Venu se posta à son poste avancé habituel, mais
fut vite réprimandé par nos tourterelles.
« Cette place est prise ! Dirent-elles euphoriques.
»
Elles riaient de bon cœur, jetaient à
foison des expressions grivoises et Olga se mit à chanter
une ballade paillarde Russe qui parlait des loisirs peu
avouables des bucherons de Sibérie.
Puis le silence se fit. Nos six Chippendales venaient
d’intégrer le lieu.
Malgré l’alcool, et
l’excitation féminine
générale, le cours commença avec le
plus grand sérieux. Durant la routine
d’échauffement, les adonis
s’étirèrent lascivement devant nous.
Du coin de l’œil j’observai
chacune de nos amies. Aucune d’elles suivaient vraiment la
chorégraphie que Dominique nous démontrait avec
brio.
Leurs regards rivés, perdus dans quelques rêves
inavoués, miraient ces anatomies masculines idylliques.
C’est durant la deuxième routine que
l’affaire commença à mal tourner.
Chantal qui, n’arrivant plus à se contenir, mis
deux doigts dans la bouche et siffla violement.
Et,
ce fut la ruée.
Toutes
les filles se précipitèrent pour obtenir une
parcelle de leurs convoitises.
Phil accroché à la jambe de sa
bienaimée qui s’affairait sur les boutons
récalcitrant du short d’un des
éphèbes, suppliait :
« Vient bibiche, on rentre, je t’ai
préparé des nems au curry ! »
Aurélie perchée sur les
épaules du plus costaud hurlait ;
« Moi, j’nai pas que des envies de fraises !
»
Catherine toujours sur l’emprise de
l’alcool lâchait des insanités
licencieuses à l’un des adonis qui
s’adonnait à un strip-tease.
Olga qui revenait récemment d’un stage
dans un escadron d’élite de
l’armée rouge, tenait sous ses aisselles la
tête de deux des musclors et tout en les emmenant dans les
vestiaires tonnaient :
« Ses deux camarades sont pour moi ! »
Babette assise dans un coin racontait sa vie au plus timide
des hommes qui commençait à s’endormir.
Venu, assis seul sur un Step, la tête entre les
mains sanglotait :
« Et moi alors ! »
Rolph installé sur l’estrade
à côté de Dominique ignorait cette
orgie apocalyptique et tout en regardant son tatouage de Nadia
fredonnait langoureusement qu’une femme comme elle
était exceptionnelle.
Il n’y avait que Meriem qui semblait être
restée sage.
Dès
le début des scènes de débauches, je
l’avais vu, étendue parterre et j’avais
d’abord pensé que l’alcool avait eu
raison d’elle. En fait je me mis à
déchanter rapidement quand je vis quatre pieds
dépassés du bas de sa burka…
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