Le hasard provoque des
situations bien étranges.
Ce mardi matin
j’avais exceptionnellement emprunté un bus
pour me rendre au beau milieu de la cité de Calvin. Une
jolie dame, du type que
l’on remarque facilement, se trouvait à mes
côtés. Elle avait une chevelure
abondante du type Jimmy Hendrix et la petite fille qui se tenait
à côté d’elle
lui ressemblait comme deux gouttes d’eau.
Après
quelques
minutes de route. L’enfant se tourna vers cette fameuse dame
que je compris
être sa mère et dit :
« Maman,
c’est quoi des poux ?
-Des petits animaux qui
grimpent sur la tête répondit-elle.
-Et bien j’ai entendu
la maîtresse qui disait à une autre
dame qu’il y avait des poux dans sa classe ! »
Sa maman la regarda
d’un air horrifié et lui dit qu’il
faudra absolument voir ça en fin de journée.
Effrayé par ces
propos alarmistes, je m’éloignais de trois
bonnes enjambées.
Le même soir
j’arrivais au club de fitness, mon esprit et mon
âme comblés de ce désir que
chaque body combattant doit connaître et je me retrouvais
devant la salle avec
tous mes acolytes habituels. Nous étions tous
prêts pour un cours aux
perspectives enrichissantes.
Puis, Catherine arriva
accompagnée d’une personne qui ne
m’était pas inconnu.
Eh bien oui ! Vous
l’avez certainement deviné, il
s’agissait
de cette fameuse dame aux cheveux bouclés.
Pendant les
présentations, elle s’empressa de faire la bise
à chacun d’entre nous. Mais, quand mon tour
arriva, je feignis une envie
pressante pour éviter cette embrassade qui me semblait
d’un issu fatal.
Dominique,
notre merveilleux gourou, fredonnant une chanson
de Polnareff, nous montra le chemin de la salle.
La leçon
commença par
les échauffements habituels.
Posté,
comme à mon habitude, au fond du local,
j’observais
attentivement le galbe chauve et arrondi du crâne de notre
professeur qui
semblait montré quelques repoussés capillaires.
Rapidement, je me rendis compte
qu’en fait ces points noirs étaient de jolis
morpions en mouvement et je
compris alors que l’infection avait contaminé
l’ensemble de notre groupe !
Tout commença par
Venu qui voulant garder son élégance habituelle,
modifia légèrement la
trajectoire de ses Katas pour se frotter discrètement les
aisselles.
Catherine
entreprit de se lustrer le dos contre l’une des
poutrelles de la salle.
Rolph marmonna
qu’il
ne comprenait pas la provenance de ces insectes malveillants alors
qu’il
n’était pas allé au restaurant Vaudois
depuis plus d’une semaine.
Aurélie
dont la silhouette boudinée de future maman ne
permettait pas de se grattouiller facilement le dos fut secourue par la
petite
vietnamienne qui se trouvait derrière elle.
Dominique
du haut de son estrade, apercevant cette scène fut
soudainement submergé par son instinct animal ! Ill poussa
le cri du singe et,
avec sa douceur légendaire, se jeta sur ces deux
tourterelles, les empoigna par
les cheveux et les traîna dans un coin de la salle en vue de
les épouiller
tranquillement.
Au même moment,
Chantal,
sans la moindre discrétion, se gratta d’une
façon très masculine que je
qualifierais même de grossière pour toute personne
du genre féminin.
Phil qui l’observait
de l’extérieure de la salle, habillé en
script mandarin, se souvint soudainement d’une recette
chinoise qui permettait
de se débarrasser de la vermine.
Il s’agissait
d’enduire la personne infectée par de la
graisse de nems.
Il regarda donc, d’un
œil triste son sac à provision, et, en
homme courageux empreint de galanterie, se précipita dans la
salle les mains
encombrées de sa nourriture
préférée pour en badigeonner sa
bienaimée.
Sur ma gauche,
Meriem, n’y tenant plus, dut se résoudre
à s’extirper de sa burka. Nous pûmes
ainsi découvrir les véritables
préceptes qui l’animaient. Un petit short
moulant jaune fluo et un t-shirt marqué « I love
Pastis 51 »
Seule Olga au beau
milieu de la salle semblait étrangère
à notre épidémie. Voyant mon regard
interrogatif elle me précisa immédiatement
armée de son accent Russe si
particulier :
« Camarade Pierre !
Dans mon pays, les poux sont considérés
comme des animaux de compagnie… »
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