C'est un peu de ma faute.
Notre professeur de sport, un véritable maître
pour nous m'avait demandé :
-Pierre, toi qui sais tout, est ce que tu connais sur internet des
sites de rencontres ?
- Tu sais! Je suis marié et je ne m'intéresse pas
à ce genre de connexion.
Puis j'ajoutais :
-Attends… Laisse-moi
réfléchir.
Puis, après quelques instants de silence, je lui
énumérais une bonne vingtaine d'adresses en lui
donnant
leurs caractéristiques principales.
Celle-là, il n'y a que des petites adolescentes,
celle-là, c'est les femmes de l'Est, l'autre les Africaines,
les
sados masos, les échangistes... Puis j'eus l'argument qu'il
recherchait, celle-là est gratuite !
Il
était tard ce mardi soir.
Après le cours de body combat, il se sentait toujours
fatigué, surtout que cet exercice était son
quatrième enseignement de la journée.
C’est donc
heureux qu’il arriva enfin chez lui.
La grosse Italienne qui squattait sa cuisine en se bâfrant de
spaghettis à la sauce tomate hurla.
- Alors Dominique, mon petit chou, ta journée s'est bien
passée !
Notre bon gourou grommela quelques mots en ajoutant à voix
inintelligible, ferme là grosse vache !
-Tu dis quoi mon petit poussin ?
-Tout va bien ma douce aimée, répondit-il, en
frissonnant
d'effroi à l'idée qu'elle aurait pu entendre son
insulte.
C'est vrai qu'elle n'était pas tendre la bougresse, des
torgnoles il en avait reçu à souhait. Elle
était
vulgaire, énorme, idiote, sans charme. Seule la peur de
recevoir
une raclée fatale l'empêchait de rompre. Pour en
avoir le
courage il lui fallait faire une nouvelle rencontre, et vivre une vie
plus paisible avec une femme plus douce, gracieuse.
Comme
à son habitude, après être repue, un
litre de
Chianti dans les veines, la grosse Italienne s'affala sur le sofa pour
ronfler sa fatigue.
Et ce fut le moment de tranquillité où Dominique
put
aller surfer sur la toile. Il ouvrit la page que je lui avais
conseillée et, avec un index mal habile, décrivit
son
profil en mentant d'une bonne dizaine d'années sur son
âge
et en insérant finalement sa photo...
Chaque
Soir, il retournait sur sa page espérant une
réponse
à sa demande et chaque soir il se retrouvait devant une
boîte aux lettres vide.
Mais il a fait comment Polnareff ? Marylou... ou... ou... Cette chanson
tournait en boucle dans son esprit attristé.
Pourtant
le cinquième jour, un message arriva, il était
concis et mystérieux.
"Dominique, mon petit bichon au miel, je suis tes cours de body combat,
je t'admire, je te trouve beau et pense que tu as une voix magnifique,
c'est quand tu veux, où tu veux !"
L'esprit
de notre ami se mit à bouillonner. Qui est-elle ?
L'une de ces jolies petites nouvelles qui suivent son
enseignement chaque mardi soir, ou, l'une de ses habituées.
L'image d'Olga, la jolie Russe traversa immédiatement sa
pensée, elle m'appelle toujours camarade. Serait-ce un signe
?
Où Meriem avec son "mon frère" ou Anne-Marie qui
lui
avait proposé de l'accompagner à une
séance pour
apprendre la danse du boxeur, ou même Catherine qui
rougissait
à chacune de ses invectives, Meskerem qui lui envoyait de
petits
cris stridents ou les grossesses nerveuses d'Aurélie
où
même Chantal qui en cachette de son Phil lui avait offert une
botte de carottes et Gaby qui profitait des team-teach pour une
approche plus physique?
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Au
début de son cours, il avait observé chacune des
demoiselles présentes, espérant que l'une d'elle
se
dévoilerait comme étant sa mystérieuse
correspondante. Pourtant, aucune ne lui proposa le signe
espéré.
Olga n'eut qu'un salut très Bolchevique.
Meriem qui s'était trompée de sens en mettant sa
burka, n'y voyant rien, s'était cognée sur le mur
:
-z'y va trop ouf cette salle, sont zarbi, peuvent pas
l'éclairer un peu !
Aurélie le ventre dégonflée semblait
inquiète en pensant qu'elle n'aurait pas dû
arrêter
son régime à base de fayots.
Meskerem était aphone et Catherine portait une casquette
trop
large pour elle de façon à ne pas être
reconnue.
Chantal croyant qu’il allait lui voler son brin de
céleri
eut un geste particulièrement vulgaire à son
approche.
Gaby ne lui prêta aucune attention trop occupée
qu'elle
était d’agrandir avec son couteau le piercing
qu'elle
avait à l'intérieur de son nez.
Et les trois jolies petites nouvelles étaient absentes.
Assez décontenancé et déçu,
il
commença son enseignement qui pour nous se
déroula
à merveille.
Dominique eut quelques frissons de terreur lorsque Rolph lui envoya un
clignement complice de l'œil et quand Venu (se prononce
Vénou), captivé par les exercices
particulièrement
envoutants, secoua son arrière train d'une
manière
véritablement subjective.
Le cours était pratiquement terminé lorsque
l'évènement tant attendu arriva.
La grosse Congolaise, en retard, déboula en criant :
-Excuse-moi mon petit bichon au miel, il y avait une circulation
terrible sur l'autoroute.
Dominique choqué par la révélation en
eut le souffle coupé...
A
la fin du cours, il fut coincé, seul dans la salle
avec la
grosse congolaise qui avait posé son énorme masse
devant
la porte.
La
confrontation amoureuse eut lieu.
Notre bon gourou dû imaginer une affirmation
mensongère et infaillible.
- Je te trouve charmante, mentit-il, mais tu sais, j'avais mis cette
annonce essentiellement par amusement et puis, c'est Pierre qui m'en a
donné l'idée en me disant que c'était
ainsi qu'il
trouvait matière à ses histoires. Et puis,
j’adore
la grosse Italienne, elle est si douce, tendre, belle, intelligente !
Pourquoi voudrais-je changer de compagne.
A sa grande surprise la grosse Congolaise n'argumenta pas, lui
répondit par un "ok!" et partit en ne laissant
derrière
elle que le craquement du plancher trop heureux d'être
soulagé du bon quintal qui l'oppressait.
Ce
soir-là en arrivant chez lui. Dominique pensa qu'il avait,
par son habilité, évité le pire.
Mais, à peine avait-il franchi le seuil de sa porte, que la
grosse Italienne lui sauta dessus, le prit sous son
bras
pour l'emmener directement dans la chambre en disant :
-Mon p'tit chou, c'est moi qui t'ai envoyé la grosse
Congolaise
et elle m'a répété tout ce que lui a
dit sur moi.
Promis je ne te quitterai jamais!
Puis, en le regardant d'un regard coquin elle ajouta, ce soir c'est ton
jour de chance...
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