Habillée d’une robe du type « En emporte le vent» elle court à perdre haleine dans un champ d’herbes hautes sous une tonnelle de cerisiers en fleurs. Elle sourit respire à pleins poumons cet air parfumé aux odeurs de printemps. Elle se sent heureuse, satisfaite, comblée… Mardi matin 8h45, Ecole primaire de Ferney Voltaire. Le petit Michel âgé de 7 ans se tient debout le nez au mur. Bagarreur, il a encore une fois de plus fait des siennes. Les castagnes, il aime ça, mais malheureusement pour lui, c’est la punition assurée. « On en a marre que tu te battes avec tout le monde ! Lui avait dit son instituteur. Et en plus on ne supporte pas quand tu chantes, c’est horrible, dissonant et tu traumatises tous tes camarades ! » Le pauvre enfant se sent brimé. Comment peut on à ce point ignorer un artiste. Il secoue sa longue tignasse d’un blond frisée, passe son doigt sur une fissure qui strie la cloison et se met à fredonner tristement: « Quand l’écran s’allume je tape sur mon clavier… Marylou ou ou ou ! » Mardi matin 8h50, Ecole primaire de Ferney Voltaire. Le petit Krishna 6 ans est le séducteur de sa classe. Il n’y a pas une petite fille qui a échappé à son charme indéniable. Il est déjà très grand pour son âge, le teint basané, la croupe droite et sa démarche de félin en fait un Casanova des maternelles. Aujourd’hui, c’est jour de chasse, il a repéré une petite nouvelle, une jolie blonde habillée d’une robe rose bonbon. « Tu veux un bout de caramel ? Lui demande-t’il. Elle rougit, tend la main. Il sourit, il en est certain, ce soir il aura son bisou… Mardi matin 8h55 , Ecole primaire de Ferney Voltaire. Le petit Lukas 5 ans est assis seul sur un banc. Personne ne l’approche et même, une bonne dizaine de mètres le sépare du plus proche de ses copains. La raison en est très simple. Ce n’est pas un problème relationnel. Non, tout le monde l’aime. Mais, c’est l’heure de son casse croute. Et son goûté qui provient d’u n café genevois bien connu dégage une odeur infecte au fumet si insupportable que même les mouches défaillissent. Mais pour lui il n’y a rien de meilleur dans la vie. Avec un énorme sourire d’envie, il ouvre grand la bouche est englouti son sandwich à la couleur verdâtre… La cloche sonne, c’est le début des cours qui est annoncé. Dans les rangs serrés qui rassemblent chacune des classes, on entend le chuchotement de trois enfants. Michel, Krishna et Lukas disent à l’unisson : « Ce soir notre maman Aurélie a dit qu’elle nous présenterait notre papa ! » Une sueur abondante s’écoule de son front, le champ de cerisiers se transforme en buissons de ronces, le ciel s’assombrit, l’orage gronde, les odeurs se font fétides. Aurélie, les yeux exorbités vient de se réveiller brutalement. Elle suffoque de ce cauchemar dantesque qui vient d’animer son esprit. Demain c’est promis elle prendra un traitement contre ses problèmes de ballonnements ! |