Mon accident de santé m’avait
éloigné pour quelques temps des salles de sport.
Pourtant un lundi soir vers 18h30, je m’activai sur mon nouveau passe-temps favoris, le tricotage et attaquai ma vingtième paire de chaussettes tout en écoutant à la radio les dernières minutes d’une émission concernant une magnifique rétrospective des œuvres de Chantal Goya. Soudain, le présentateur annonça : -Bonne soirée chers auditeurs, place maintenant à des musiques plus enflammées. Le premier air qui fut diffusé me rappela immédiatement une routine de body combat que j’avais particulièrement appréciée. Une idée folle se présenta immédiatement à mon esprit. Et, si j’essayais de faire un retour à mon sport favori. Je lâchai mes deux aiguilles, puis de mes doigts agiles j’envoyai ce texto à Chantal. « Demain je fais un retour au body combat ! Ne dit rien à personne, ce sera une surprise ! » Ça réponse fut presque immédiate. « Chouette B… de M… c’est super, tu peux faire confiance en ma discrétion. » J’arrivai au club ce mardi soir. Une foule bruyante attendait devant le club et Pascal, le manager de la salle, la mine réjouie se frottait les mains de bonheur. En me voyant, il se précipita vers moi en disant : -Pierre, suis moi, je te fais passer par la sortie de secours. Je me retrouvais donc rapidement aux vestiaires pour enfiler ma tenue habituelle. En me dirigeant vers la salle ce fut une totale surprise, deux parois de séparation avaient été enlevées pour faire place à des gradins. Une foule bruyante y avait pris place. En me voyant arrivé, le silence se fit. J’entendis quelques murmures admiratifs. Une jeune demoiselle rouge d’émotion, se tourna vers sa copine en disant : -Je trouve qu’il est encore plus beau quand on le voit en vrai ! Tous mes amis du body combat étaient là. C’est Chantal qui en me voyant se précipita vers moi en s’excusant : -B… je te promets Pierre je n’ai absolument rien dit… Enfin presque. Dominique avait repris le sourire qu’il avait perdu après mon arrêt forcé. Tout le monde semblait heureux ! Seul Phil avait l’air renfrogné car Chantal n’avait pas eu le temps de lui acheter ses nems favoris et il se retrouvait avec le repas de sa bienaimée en compensation. Trois morceaux de céleris, une carotte et un radis. Il y avait également un autre personnage qui semblait mécontent. C’était Venu, le regard renfrogné, la grimace au bout de ses lèvres. Il se tenait en retrait, jaloux de mon retour et de comprendre la fin de sa suprématie. Le cours commença dans la plus grande euphorie, chacun essayant de suivre avec peine le rythme que j’appliquai sous les indications de notre bon gourou. De temps en temps des hourras d’admiration fusaient à quelques-unes de mes meilleures arabesques. Devant la salle se trouvait deux très jolies infirmières que le club avait crues bon d’embaucher, dans le cas improbable où mon cœur me jouerait des tours. Ce détail n’échappa pas à l’œil exercé du séducteur de notre groupe. Venu, venait d’avoir une idée machiavélique. C’est lui qui allait profiter des bons soins de ces jolies personnes. Feignant un malaise, il s’affala sur le sol. « Vite ! » hurla la plus pulpeuse des deux demoiselles, réagissant ainsi à l’étonnement général. Allons lui faire du bouche à bouche pour le réanimer ! Venu frissonna de bonheur. Malheureusement, l’une des deux jolies soignantes murmura à sa collègue : -Mais je le reconnais, c’est l’étalon des Avanchets, il a fait le même coup la semaine dernière durant une séance de Salsa ! Elle se tourna vers la foule maintenant silencieuse et dit : -Qui s’y connaît en réanimation. -Moi ! hurla la grosse congolaise d’une petite voix nasillarde, ok ce n’est pas mon Dominique, mais bon, c’est mieux que rien ! Elle leva sa masse imposante pour la déplacer en direction de l’évanoui. Pendant ce temps-là, nos compères habituels essayaient leurs premiers soins. Olga s’appliquait à une technique Russe de ressuscitation. De grands coups de poings appliqués sur les parties intimes de notre séducteur, elle fut rapidement suivi par Anne –Marie qui lui sauta sur le ventre à pieds joints, imitant ainsi la danse du saute-mouton. Gaby les yeux révulsés, lui appliqua quelques saignements avec son grand couteau. Rolph lui fit sentir un reste de son sandwich. Dans un coin de la salle Meriem et Aurélie étrangères à la scène discutaient : -Z’y va trop d’la balle d’avoir un flèmou. J’te préparerai un p’tit tchador si c’est une fille ! Puis la grosse congolaise arriva enfin devant l’agonisant. Ses formes imposantes firent fuir l’entourage, elle se laissa tomber sur lui, l’impact allait être rude. A moitié inconscient après avoir senti le casse-croute de Rolph notre pauvre Venu ne vit pas arriver le choc. Complètement recouvert de chairs flasques il fermait la bouche de toutes ses forces pour éviter le baisé infâme. Heureusement la vieille Indira Calejane qui se trouvait dans une salle adjacente entrain de suivre un cours pour le quatrième âge, compris que son amour était en danger. Arrivant en boitillant elle fit comprendre à la grosse Congolaise que personne ne pouvait toucher à son chéri, qu’elle empoigna pour lui faire un bouche à bouche des plus convaincant. Venu la repoussa avec peine puis deux doigts dans son bec et l’air dégouté, il retira un dentier qui ne lui appartenait pas. Tout le monde comprit alors que le bellâtre était sauvé. Puis, se fut un vent de panique qui parcourut l’assemblée, pèle mêle tout le monde disparut en un instant. La raison en était évidente, Dominique heureux de ce bon dénouement s’apprêtait à nous chanter une chanson… |