Tweet 14/01/2013 Sponsor       en audio ici 15 secondes chargement

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Depuis quelques jours j'avais cet étrange sentiment d'être suivi. Pour quelle raison, je ne le savais pas vraiment, puis, un jour je les ai aperçus dans le reflet d'une vitrine. Deux hommes, plutôt costauds, qui portaient tous les deux un costume noir aux manches évasées. Puis il y eut ce mardi soir, ce soir du body combat, où tout heureux je me postais à ma place habituelle, prêt à me défouler dans mon sport favori. Soudain un frisson envahit mon échine. Devant la baie vitrée qui donnait une vision de notre salle, deux hommes me regardaient de leurs yeux étranges. C'étaient eux, ceux qui me surveillaient depuis plus d'une semaine.
Pour calmer mon inquiétude, je me confiais à Chantal :
-T'as vu, ces deux mecs qui me matent, ils me suivent de partout !
-B... Je les connais, z'étaient au marathon de Genève, ils font partie de l'équipe "Nike", ils choisissent les athlètes d'exceptions pour les sponsoriser. M... Tu dois les intéresser. Moi-même, ajouta t'elle en se léchant les babines, c'est un agriculteur qui me soutient, j'ai des carottes et du céleri gratis et Pour Phil c'est un Chinois qui le fournit en Nems gluants !
Rolph qui nous écoutait, ouvrit une boite plastique découvrant un met à la couleur étrange et à l'odeur infecte.
-Bein, moi ça fait longtemps que le meilleur resto du coin me fournit mes repas à l'œil !
César qui se trouvait à côté de lui commença à avoir des nausées.
-Moi, c'est Pampers et Blédina ! Ajouta Aurélie toute souriante.   
Olga nous fit remarquer que ces camarades Bolcheviques lui offraient un sac de cent kilos de patates chaque année.
Meriem parla de viande halal.
Anne-Marie précisa que c'était sa pharmacie qui l'achalandait en bandages, Synthol et mercure au chrome.
Gaby, avec son bon cœur, nous dit qu'elle était bénévole pour l'association du don du sang.
Catherine jalouse nous dit qu'elle ne permettait pas aux inconnus de l'approcher. Il en fut de même pour Dominique qui marmonna que, pour des raisons inconnues, les maisons de productions n'étaient pas intéressées  par ses interprétations de chansons.

Amusé de ces petits plaisirs qui semblaient les enchanter, je me glorifiais en silence, pensant que pour moi, une marque prestigieuse m'avait évidemment remarquée.
C'est trop bien d'être le meilleur !

Pourtant quelqu'un ruina mon plaisir.

A l'extérieur de la salle, un brouhaha se dirigeait en direction des deux observateurs.
C'était Venu qui arrivait avec un peu de retard, il était suivi par une meute de toutes jeunes filles, à peine pubères, qui hurlaient leur admiration.

Venu se retourna prestement, pointa son bras devant lui courbant sa main à quatre-vingt-dix degrés en signe d'arrêt et précisa :
-Mes jolies, cette porte mène dans la Mecque du body combat, vous êtes priées de rester dehors pour m'admirer en silence. Autrement vous ne rejoindrez pas les millions de fans de mon Facebook !

Venu se retrouva à sa place habituelle pour s'adonner aux routines du body combat.

Mon échine fut parcourue par un frisson d'effroi quand j'aperçu l'un des recruteurs déchirer la page qu'il venait de remplir et quand je compris que son stylo venait de dessiner le mot Venu en grand sur un nouveau feuillet.
Puis pendant la totalité du cours, leurs yeux ne quittèrent plus notre séducteur et à leurs mines ébahis et leurs pouces en l'air, je compris que leur choix était maintenant arrêté.

Plus tard dans la soirée j'aperçu Venu attablé avec les deux acolytes, un verre de champagne à la main, entrain de signer l'intégralité d'un épais document.

Cette nuit-là fut particulièrement courte pour moi. Impossible de trouver le sommeil, mon esprit était submergé par ce que je ressentais comme un échec cuisant. Il fallait que je me fasse une raison, je devenais vieux et, ma superbe n'était plus de mise. Il y avait beaucoup mieux que moi, je n'étais plus le meilleur body combattant au monde.

Pourtant, le mardi suivant je compris que la chance m'avait une nouvelle fois épaulée.

J'étais avec mes congénères body combattants, occupé à quelques échauffements à côté de Chantal qui me semblait étrangement contrariée.
La porte de notre salle s'ouvrit laissant apparaître notre beau Venu habillé d'un minuscule haut de corps rose qui lui arrivait péniblement en dessous du niveau de la poitrine, d'un petit short vert extrêmement moulant, de deux chaussures manifestement trop petites d'où sortaient des socquettes qui lui montaient jusqu'aux genoux.  

Etonné je me tournais, interrogatif, en direction de Chantal.

Elle chuchota :
- B... De M... Tu te souviens de ce que je t'ai raconté la semaine dernière sur ces sponsors. Et bien j'ai bien involontairement induit également Venu en erreur.
En fait ces deux bonshommes représentent la marque de vêtements "Pinky" celle qui habille les adolescentes branchées...



 


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