Etrange ambiance ce mardi soir. Nous étions tous là, présent pour un cours que nous savions une fois de plus être exceptionnel.  Pourtant quelque chose d’anormal flottait parmi nous. Seule, Aurélie le ventre bombé était rayonnante. Anne-Marie qui avait été absente la semaine précédente semblaient étrangère à nos incommodités. Elles étaient gaies et frétillantes alors que, nous autres, avions l’air accablé et cassé. Rolph se tenait le dos des deux mains en grimaçant de douleur, il nous montrait le cataplasme acheté ce matin même au café Vaudois, en fait un sandwich à l’ail qu’il affirmait être le remède ultime pour calmer sa blessure. Venu boitillait mais essayait tout de même de faire bonne figure. César n’arrivait plus à faire ses cabrioles uniques.  Meriem semblait courbée sous sa burka et jurait dans son langage bien particulier : « Z’y va j’ai trop mal, c’est relou » Chantal se tenait les coudes : « P… de M… c’est bien la dernière fois… » Martine qui montrait des rictus de souffrance ajouta que malgré son jeune âge, il lui restait  encore des séquelles. Olga commentait : « Camarade était très brutal, il devrait joindre l’armée rouge ! » Catherine avec son franc parlé habituel, tout en nous montrant ses deux yeux au beurre noir osait : « Ouaip : » Dominique chantait : « Marylou ouille ouille ! » Gaby un bandeau recouvrant une grande partie de sa tête nous confirmait que ce n’était pas un bandana, mais une protection pour sa compresse au Syntol. Phil nous regardait anxieusement à travers la vitre et nous montrait un sourire peureux découvrant trois dents cassés. Moi-même je ne ressentais pas de douleurs particulières mais mon short et t-shirt déchirés témoignaient d’un déboire récent. Le cours se termina, puis Dominique fit monté sur l’estrade, Kamu Gotogi un énorme gaillard de 150 kg, Sumo de son état. Il se racla la gorge par deux fois, puis il dit d’une voix feutré ! « Qui veut cette semaine essayer avec Monsieur Kamu Gotogi le coup du moulinet ! » Ayant tous eu une très mauvaise expérience pour avoir précédemment tenté cette expérience, le visage apeuré, nous répondîmes dans la négative. Seule Anne-Marie inconsciente des aboutissants de cette expérimentation tout en levant le bras demanda : « Pas de problème je veux bien essayer… »