Chronique du body-pump 1 (l’introduction)

Le meilleur Body Pumper au MONDE !

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IL y eut des cris féminins.
La réceptionniste posa la main sur son combiné et grogna :
-Taisez-vous, je n’arrive pas à l’entendre…

Et bien oui, chaque année je dois prendre rendez-vous pour un contrôle de santé chez mon cardiologue…

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Il y a un an, j’étais dans la salle d’attente de l’hôpital, patientant mon tour.
Quand une jolie infirmière, dans la quarantaine, passa devant moi en m’envoyant l’un de ses plus beaux sourires.
Tout en bombant l’évidence de son anatomie, elle me dit :
-Se sera bientôt votre tour, c’est moi qui m’occuperais de votre préparation !
Son œil était brillant, sa bouche moite fut parcourue par sa langue gourmande et elle continua son chemin en m’envoyant une œillade à la perspective alléchante.

La salle était blanche avec cette multitude d’appareils médicaux à la forme étrange.

La porte claqua derrière moi.
Elle était là, à me regarder de son regard empli de concupiscences.

Elle enduisit ses lèvres d’un rouge sulfureux et d’un doigt autoritaire me montra la table d’osculation :
-Mettez-vous torse nu et allongez-vous sur « le lit », gaffa-elle par mégarde.

J’exécutai son ordre avec promptitude et me retrouvai couché sur le dos, le ventre à l’air, à attendre ses services.
Je savais par habitude qu’elle devait poser des électrodes à différents endroits de mon thorax.
Elle arriva, d’abord concentrée sur les sondes médicales qu’elle portait puis, jetant un bref regard dans ma direction, elle s’arrêta net :
-Mais vous avez un corps splendide, c’est impressionnant !
je fis une grimace. Du type de celle que l’on a quand on reçoit une moquerie peu sympathique. Comment pouvait-elle ironiser si effrontément de moi et mon physique de petit gringalet malingre ?

Rapidement elle fut vers, ou, devrais-je dire sur moi, à m’enduire d’une crème conductrice tout en émettant des vocalises de désirs.
 Quand je dis m’enduire, je devrai plutôt dire qu’elle me caressait le torse avec une langueur que je pourrais facilement qualifier d’obscène, d’érotique, de terriblement charnelle.
Puis elle posa les électrodes aux endroits adéquats.
Lentement.
Sa main glissa sur le bas de mon ventre.
Oh non !
Mais que voulait-elle faire !
Elle entreprit de dégrafer mon pantalon en disant :
-C’est la nouvelle procédure, je dois m’assurer que l’un de vos organes vitaux fonctionne parfaitement bien.
Alors là j’eus peur !
 Docteur, allais-je crier, quand justement celui-ci fit irruption dans la salle me sauvant ainsi de l’outrage inéluctable.

L’infirmière fit la moue, me glissa dans l’oreille qu’elle s’appelait Brigitte et qu’elle me laissait son numéro de téléphone dans ma poche.
Puis, elle s’en alla en chaloupant son arrière train dans ma direction et, avant de fermer la porte derrière elle, elle m’envoya un ultime baiser lointain du bout des lèvres.

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Je vous vois abasourdis.
Vous qui me connaissez, vous devez vous demander si cette pauvresse ne perdait pas la tête, si son jugement n’était pas complètement altéré !

Et bien non, ma transformation d’avorton en magnifique athlète est bien réelle !

Souvenez-vous !

J’avais été abandonné par tous mes compères du body combat de l’ICC. Ils m’avaient laissé seul pendant de longs mois devant un homosexuel chantant, qui m’incitait à bouger les fesses avec toute ma vigueur.
Alors j’en avais eu mare et j’avais quitté le club, sans le moindre regret, pour rejoindre Stan qui s’entrainait depuis quelques mois dans les clubs Harmony.

Au début, je l’avais suivie à deux cours de Body combat.
Puis, plus tard, à un body balance.
« Ah oui, il faut que je donne un truc pour être un esthète du Body Balance.
Et bien, grattez-vous toujours les pieds pendant l’entrainement, c’est important ! »

Un jour où je parlais à Stan de la force de mon bras droit dû à ma carrière de pongiste, elle avait posé sa main sur mon biceps et avait eu un immense éclat de rire :
-Pierre, je pense que tu devrais venir avec moi au cours de Body Pump du dimanche matin, tu en as bien besoin.
Comme tous ses désirs sont des ordres, je devins alors un Body Pumper du dimanche.
Soulevant dans les premiers temps des charges minimes pour, petit à petit m’atteler à des poids beaucoup plus importants.

Mon corps se mit à se transformer.
Galbant ma ceinture abdominale, gonflant mon torse, développant mes muscles.
Rien de simiesque, comme ces musclors aux volumes corporels importants et à la cervelle de moineau, mais plutôt comme celui d’un esthète de la beauté parfaite, un exemplaire de perfection, de beauté ultime, proche du sublime.

Une nuit, dans l’un de mes songes, je vis apparaitre Michel Ange.
Il me regardait de ses yeux doucereux :
-Maître, osais-je en le regardant, j’admire vos œuvres, elles sont tellement belles, par qu’elle hasard vous trouvez-vous aux côtés de ma bien pâle présence.
-Mon cher ami ! Me dit-il. Je dois t’avouer l’un de mes dons. Je peux voyager dans le futur et je t’ai choisi comme exemple, parmi tous les humains, pour accomplir la plus grande œuvre de marbre de ma vie.
Tu seras mon modèle pour mon David !
Je fus ému par son affirmation.
Il continua :
-Je représenterai dans la plus grande exactitude ton corps d’ébène, puis il ajouta en souriant, seul ton sexe sera raccourci d’une dizaine de centimètres pour que l’ensemble de mon œuvre reste plus conforme aux justes proportions…

Puis, avant de disparaitre, il ajouta, dans un souffle, cette dénomination qui allait prévaloir sur le chemin de ma nouvelle vie.

« Pierre, tu es le meilleur Body Pumper au MONDE »

Revenons au début de mon histoire.
Souvenez-vous de ces cris derrière l’appel téléphonique.
Ceux qui avaient fait réagir la secrétaire.
C’était moi qui les avais provoqués, ou, du moins mon nom que la pauvresse avait par imprudence, répété à voix haute voix en enregistrant mon rendez-vous cardiologique.
Elle réalisa enfin la stature de ma personne et bredouilla :
-Monsieur Pierre…
c’est vraiment vous.. Le meilleur Body Pumper au MONDE !
Les hurlements dans son dos se firent encore plus forts.
Je reconnus l’intonation de ceux de Brigitte que j’avais pu pratiqués lors d’une nuit épuisante de folie.
Puis les autres voix s’entremêlèrent :
-Je veux avoir ma chance…
Puis.
-Je suis de garde le mercredi…
Puis.
-J’en rêve jour et nuit, il paraît qu’il ressemble terriblement au David de Michel Ange…

La réceptionniste calma les donzelles et me dit qu’elles m’attendaient, le jeudi soir de cette semaine en fin de journée, vers 23 heures, que quatre infirmières seraient disponibles pour s’occuper de ma personne…

Je ne sais pas pourquoi !
Je ressentis alors une évidente préférence dans ma nouvelle stature de meilleur Body Pumper au MONDE.
Un superbe pressentiment.
Je dois vous le confier.
Ce jour-là.
J’ai abandonné, à qui la veut bien, et ceci sans le moindre regret, ma place de meilleur Body combattant…