Toutes
resemblances avec des personnages existants ou ayant existés
sont totalement fortuites
Chronique du body-pump 2
Rivalité
J’avais remis mon masque de
protection.
La fenêtre opaque de 10 millimètres d’épaisseur ne me laissait voir que le
point de lumière que je déplaçais sur le fil circulaire de mes deux pièces
d’acier.
Le travail terminé, je posai cette galette de métal à côté des cinq autres,
appréciai la perfection du travail.
Puis un barbouillage de peinture et la mention « 10kg » orna chacun
des éléments.
Je pris le tout qui ne devait pas peser plus de douze kilogrammes et les
entreposai dans un grand sac à dos vert pomme.
C’était au temps où mon hégémonie de meilleur body pumper
n’était pas encore parfaitement établi.
A l’époque, Il y avait mon ami Bahram, qui batifolait parmi
les grands de cette spécialité !
Alors, peut-être par convoitise ou du moins certainement par jalousie.
J’avais décidé de me moquer de lui.
Il avait posté une photo publicitaire sur son mur facebook.
Photo prise par son club, où il apparaissait lors d’un Body pump.
Cette photo avait provoqué une pléthore de commentaires élogieux qui
s’égrenaient au fil des heures.
Je n’avais jamais vu notre beau British d’adoption à l’œuvre, mais tous le
monde m’avait vanté sa force surhumaine et sa suprématie d’athlète d’exception.
J’avais ouï dire qu’Il portait des charges énormes et ceci sans sourciller.
Pourtant sur cette photo qui le montrait couché sur le dos, il développait une
barre chargée de deux petits poids de cinq kilos.
Alors, je ne pus m’empêcher d’écrire cette remarque :
-Bahram tu es un petit joueur !
La file des commentaires s’éteignit soudain et l’un des
premiers compliments, certainement le plus flatteur fut effacé, suivi
rapidement par un autre, puis un autre, pour ne laisser que le mien et celui de
sa fidèle élève Nina qui disait :
-You are ze so goude, tro ze fort, mi and maille momie iz véri fière of ze
you !
Quelques minutes plus tard je recevais un message de Bahram
qui furibond me disait :
-Pierre iou are ze no naille ce, aille will ze venge mi, aille come ze dimanche
tou your ze club and iou si wou iz ze plus for !
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On était dimanche matin, le jour du body pump.
Je m’étais levé à l’aube.
A peine réveillé, je traversai mon appartement en me cognant à chaque porte
pour arriver dans la cuisine et démarrer un bon café.
Mais pourquoi ce réveil si matinal alors que le cours commence à dix heures ?
Et bien c’est à cause de Stan.
Lorsqu’elle m’avait proposé de la rejoindre pour ce cours, elle m’avait bien
averti :
-Pierre, il y a beaucoup de monde qui vient au B.P. alors, tu dois arriver très
tôt pour installer tout mon matériel devant l’estrade, juste devant le coach et
tâche de rien oublié ou ça ira mal pour ton grade.
Vous ne connaissiez certainement pas son côté autoritaire,
mais je peux vous assurer qu’avec elle, il faut filer droit si l’on ne veut pas
subir de douloureuses conséquences.
Donc, j’arrivais au club de Signy.
Le club venait juste d’ouvrir.
La réceptionniste me fit un petit sourire :
-Alors Pierre dépêchez-vous, il reste à peine deux heures avant le cours de
Body pump ! Vous allez avoir juste assez de temps de préparer vos
affaires ! Ironisa-t-elle.
Je haussai les épaules et en chaussettes pénétrai dans la
salle sombre où une femme de ménage Polonaise nettoyait le sol :
-Djindobre, méssieur, tou est encore bocou avance, jé fini nettoyer place do la
dame.
Et mon premier entrainement commença.
Je dis premier entrainement, car Stan, la petite mignonne, qui paraît si
fragile, a besoin d’une multitude de poids et pas des plus légers pour son
entrainement. Deux de dix kilos, une dizaine de cinq, une kirielle de deux et
demi et puis des plus petits, ceci, pour être prête à toutes éventualités.
C’est trente minutes plus tard avec le dos complètement cassé que je m’attelai
à mon propre matériel.
J’avais mon sac à dos vert pomme et discrètement je sortis mes poids trafiqués
pour les placer sur leur barre de maintien.
Je testai d’une main et sans effort, les soixante kilos fictifs avec un petit
sourire de contentement.
Une heure trente plus tard la salle commença à se remplir.
Que de jolies femmes dans ce cours !
Mes yeux virevoltaient à chacune des entrées.
Etant l’un des rares hommes de l’endroit, je pouvais espérer avec certitude,
charmer l’une d’entre elle.
Puis Stan arriva et me fit les gros yeux :
-Pierre concentre toi sur ton futur entrainement et arrête de reluquer toutes
ces greluches.
Puis elle regarda son matériel soigneusement aligné. Compta chacun des éléments
soigneusement rangés et contente du résultat me fit un petit sourire en me
disant que pour une fois je n’avais pas fait d’erreurs énervantes.
Puis il y eut un silence étrange.
J’entendis des pas feutrés s’introduire dans la salle.
-It iz ze Bahram ! Chuchota l’une des plus jolies
filles. Aille ze tèque Angliche lesson in iz liteule roume !
-Mi tou ! Renchérit une autre.
-O maille ze God, i iz so beau !
-And trè for ! Ze baiste body pumper aille ze no !
Bahram habitué à ces compliments entra le torse bombé.
Trois filles s’empressèrent de lui préparer son matériel en ayant pris garde de
nettoyer le sol en s’aidant de leurs t-shirts qu’elles avaient, pour mon plus
grand plaisir, enlevés.
Bahram me lança un regard dédaigneux, repoussa du pied l’une
des filles qui le collait de trop près et soudain, il ouvrit largement les yeux
de surprise quand il vit la charge que j’avais décidé de porter.
Il fit un signe de la tête à deux donzelles pour qu’elles modifient sa charge
en équivalence avec la mienne.
Puis, il haussa des épaules.
Jordy, notre caoach, un bel homme aux épaules terriblement
musclées fit son entrée.
En voyant Bahram, il lui fit un salut déférent et se plaça devant nous au beau
milieu de l’estrade.
Comme au début de chaque cours, tout le monde se mit au garde à vous pour
chanter l’hymne du Body pump.
« …Reste assis, pas d'accord !
Touche pas ça, pas d'accord !
Va pas là, pas d'accord !
T'auras pas de dessert
Et Mamie, et Papi, et Maman
Dur dur d'être bébé
Oh là là bébé
C'est dur d'être bébé
Dur dur d'être bébé… »
La série de squats commença.
Par amusement je fis mine d’avoir du mal à porter la charge, tandis que Bahram
en prise à d’énormes souffrances, bavait chacun de ses allez et retour. Il fit
un signe à ses groupies pour qu’elles allègent la charge :
-Aille am in ze liteule forme toudè , pli ze, for ti kilos iz
énoffe !
La séance des squats se termina accompagnée de ses
gémissements de douleur.
Moi-même, frais comme un gardon, pour garder une certaine crédibilité, je fis
mine d’avoir eu beaucoup de mal à conclure cet exercice.
Pour les développé-couché même topo.
Notre Pauvre Bahram agonisait sous l’effort, tandis que moi, toujours en pleine
forme, j’alternai les allez et venu avec la plus grande facilité.
Mort de fatigue et les bras tétanisés il demanda de l’aide :
-Plize aille am coinced sou ze maille bar, ze help mi !
Ses groupies ne réagir pas tout de suite car elles étaient
toutes en train de me regarder, de m’admirer de leurs yeux emplis de
convoitises.
Pour pousser ma moquerie à l’extrême, je continuai l’exercice à grande vitesse et
avec le sourire, tandis que Jordy me disait :
-Excellent Pierre, mais tu peux t’arrêter maintenant, on va passer à la
prochaine routine.
Bahram mit fin à son entrainement et se trainant à quatre
pattes, perclus de douleurs, préféra renoncer au challenge pour s’en retourner
au vestiaire.
Le cours terminé Stan et Sonia vinrent vers moi pour me
féliciter de ma performance.
Mais, elles furent vite repoussées par ces trois jolies filles qui crièrent de
contentement de pouvoir s’approcher d’un athlète tel que moi.
-O ze Bahram iz ze tro nul, Pierre doux you tiche engliche
in your ze liteule roume ?
En vue de les impressionner je répondis à la mode de
Bahram :
-Yes maille ze demoisels, Aille ave big liteule roume four hall ze tri of ze
you !
Elles éclatèrent de joie :
-Tro ze goude !
-Oui are so à pie !
La plus gourmande d’entre elle, ajouta :
-Aille oui le ze come ze avant ze ozeur, so you tiche liteule more tou
mi !
Vive le Body pump.
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