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L’opération

Saloperie d’hernie Inguinale que je trainais depuis deux ans.
J’avais pris la sage décision de sa réparation.
Une rencontre rapide avec un chirurgien et le rendez-vous à l’hôpital fut pris.

Une semaine avant cette intervention redoutée, j’étais devant l’anesthésiste.

Il me regardait d’un air sévère :
-Alors vous allez vous faire opérer mardi prochain !
-Oui docteur !
-Tenez ! Signez cette feuille de décharge !
Le texte était peu engageant, parlant des complications possibles, très faibles, certes, mais envisageables.
Mon visage pâlit, ma gorge devint sèche et je signai d’une main tremblante ce que je ressentis être une véritable condamnation à mort.

Voyant la décomposition de mon visage, il essaya de me rassurer :
-Mais ce n’est rien ! On vous met dans le coma 15 à 30 minutes et on vous réveille, pas de problème.

Le mot coma venait de me tétaniser.
-Non mais, j’veux pas qu’on me mette dans le coma, ça ne va pas la tête !

-Ecoutez les risques sont pratiquement nuls comparés aux maladies nosocomiales qu’on peut se chopper à l’hôpital, sans parler de votre chirurgien qui, la plupart du temps, arrive particulièrement éméché de ses soirées festives.

-Voilà, ça fera 300 euros pour la consultation et en liquide s’il vous plaît ! Ajouta-t-il en tendant la main.

C’est le portemonnaie vide et le moral au plus bas que je quittai son cabinet de consultation.

L’anesthésiste se frotta les mains et hurla :
-Au suivant !

Les trente personnes qui attendaient, semblèrent toutes frissonner. Et personne ne voulut s’engager à son tour.

Dans l’ascenseur qui me descendit au parking, un petit groupe discutait justement de ce chirurgien qui devait m’opérer.
-Paraît qu’on l’appelle le boucher !
-Il désinfecte les plaies avec le restant de sa bouteille de whisky !
-J’ai entendu qu’il avait un début de parkinson !
Puis un homme souleva sa chemise pour me montrer sa cicatrice complètement zébrée sur plus de quinze centimètres.
-Imaginez, à cet endroit il était supposé percer un seul simple petit trou !

C’est le moral dans mes chaussettes que je rentrais chez moi ce soir-là.

 

Une semaine plus tard le grand jour arriva !

 

 

J’étais dans mon lit d’hôpital.
Un petit lit peu confortable, avec des draps trempés d’urine et qui venait juste d’être quitté par le patient précédent.
Un infirmier, la blouse débraillée, le torse et la figure noircie de cambouis entra dans la chambre :
-Je viens vous installer le gouttes à gouttes !

L’aiguille se planta au moins quinze fois dans mon bras avant qu’il m’avoue :
-En fais je suis remplaçant, je travaille habituellement comme chauffagiste au sous-sol !

J’avais eu le malheur de choisir une chambre à deux lits et mon voisin, un lépreux, toussait et crachait sa maladie.

Mon tour arriva, un peu trop vite.

-Faut qu’on s’dépêche ! Dit l’infirmier, y’a beaucoup de clients aujourd’hui.

La salle d’opération était petite, un peintre grattait la moisissure qui apparaissait sur les murs avec sa radio qui hurlait des mélodies Italienne « Funiculi, funicula ! »

Le chirurgien, le visage décomposé de fatigue, rota son alcool dans ma figure en disant :

-Vous êtes bien, Norbert ?

-Non ! Docteur, Pierre Allex ! Avais-je le temps d’hurler avant qu’un coup sur la tête me fasse plonger dans un coma pas si profond.

-Heureusement la voix éraillée du médecin conseilla :

-Donnes lui un deuxième coup, il ne semble pas bien endormi !

Cette fois si, mon sommeil fut total et mon réveil se fit cinq heures plus tard avec un mal de tête phénoménal.

Je regardai, mon ventre tuméfié !

-Docteur c’est normal ?

-Oui habituel, ça va cicatriser, ne vous en faites pas !

-Et mes bijoux de famille, ils sont violets !

-Oui ok, j’ai eu la main un peu lourde, mais de toutes façons à votre âge vous n’en avez pas vraiment besoin.

-Et mon bras droit, ma jambe gauche, ils ne bougent plus très bien !

-Arrêtez de vous plaindre ! Gronda-t-il furieux, personne n’est parfait ! J’vous l’avais dit qu’il y a toujours de petits aléas !

Enfin bon, le principal c’est que je sois toujours là !
Vivant !
Et, prêt à continuer de raconter des tas de bêtises, avec cette envie de bouger dans tous les sens et  faire toutes ces activités qui m’amusent et me rendent heureux…