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Une histoire de langue

Ah, c'est nul cette Covid !
Ah, ce que c'est beau l'hiver !
J'ai une amie, une petite femme aux cheveux noirs qui descendent en cascade autour de son visage, jolie comme un cœur, submergée de questionnements et d’originalités complexes.
L'une de ses caractéristiques et non la moindre est qu'elle se fourvoie avec bonheur dans une confabulation extrêmement volubile.
Oui, cette jolie petite dame aime causer !
Elle est très, très bavarde !
En tant qu’antivaccin, elle aime abreuver son entourage de sa théorie discutable.
Théorie qui ne m’intéresse pas de débattre, l'argumentation de chaque camp étant tout à fait louable et d’une certaine façon compréhensible.
Par un beau matin d’hiver, je reçu l’un de ses coups de fil sympathique.
-Oh bonjour Sofia, je suis content de t’entendre, ça faisait longtemps.
Sa voix affirmée, mélange d’oiseau du paradis et d’aigle royale m’envoya, sa jolie ritournelle.
-Bonjour Pierre, comment vas-tu. Je n’ai pas eu de tes nouvelles depuis pas mal de temps. Serais-tu fâché ?
-Que nenni, lui répondis-je dans ce langage châtié que j’aime quelques fois utiliser. Puis j’osai cette erreur. J’organise beaucoup de sorties mais je n’ose pas t’inviter car je sais que tu n’es pas vaccinée et que tous les restaurants te sont donc interdits.
Que n’avais-je pas dit là.
J’eu droit pendant une bonne demi-heure à toutes les théories complotistes dont je n’avais cure et l’oreille rivée à mon téléphone je ne pus qu’acquiescer ses argumentations, de peur d’enclencher une guerre qui ne me concernait aucunement.
-Humm, Sofia, je suis navré de te couper la parole et d’arrêter tes propos. Très intéressants...
Mais il est temps pour moi d’aller faire les courses. Si tu veux bien, je serais enchanté d’aller en ta compagnie, faire une promenade en raquettes avec piquenique du côté de Saint-Cergue.
Serais-tu libre mercredi ?
-Oui Pierre quelle bonne idée, je me charge d’apporter une petite bouteille de vin, on pourra ainsi souhaiter nos retrouvailles.
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Ce mercredi j’étais particulièrement heureux de retrouver Sofia.
On s’était retrouvé au parking de Signy et nous avions décidé de faire la route ensemble jusque sur les hauteurs du Jura.
Ce covoiturage, elle l’avait voulu.

-Pierre j’aimerai tant monter dans ta nouvelle Ford Focus !
Eh oui, je dois l’avouer cette automobile est vraiment un piège à filles. Racée comme une Porsche, élégante comme une Jaguar, confortable comme une Bentley, avec tous ses accessoires provenant de la pointe du progrès.
Je fis une moue humble quand elle s’émerveilla de mon véhicule bijou admirable et véritable perfection technologique.
J’ajoutais l’air de rien :
-Oui, et en plus elle fonctionne à l’éthanol.
Ce mot était magique et obligea sa voix de pinson à une envolée lyrique, glosant sur cette merveille…
La piste de raquettes était de devant nous.
Ce que c’est beau Saint-Cergue, ce que c’est beau la Suisse !
Tout est mieux ici comparer à la France.
La nature est parfaitement alignée, les senteurs d’air plus purs, l’ensoleillement des frimousses des autochtones est admirable, avec, en plus ce parfum de bonheur et d’apaisement du Pays où la perfection est de mise.
La balade était facile.
Elle avait été choisie par Sofia qui était en manque d’entrainement à cause de son inactivité due à la Covid.
Humm…
Excusez-moi !
C’est vrai je dois dire au Covid, qui passe ainsi au gendre masculin, le langage Suisse étant différent du Français et bien entendu structuré d’une façon beaucoup plus intelligente, « De Dieu, de Dieu, c’est bonard ! ».
Oui justement ! Parlons de ce sacré Covid.
Pour éviter à mon amie de se lancer dans une discussion qui ne m’attirait nullement, je lui lançais un chalenge sorti tout droit de mon imagination malicieuse.
-Sofia ! Je te lance un défi ! Lui dis-je d’un ton assuré
Elle parut surprise

- Oui, lequel ?

- J’en ai marre d’entendre parler du Covid, alors, si jamais tu prononces ce mot ! Tu dois me rouler une pelle !

Je vis une expression terrorisée envahir son joli minois, un frisson que je pris comme de la terreur secoua son échine. Et je dû attendre quelques minutes pour que sa composition retrouve son calme.

- Pierre, c’est d’accord ! Puis elle ajouta d’un ton ironique. C’est certain, vu le gage, je n’aurai aucun mal à tenir ce défi !
Et la promenade commença.
On avait l’impression que la faune entière parsemait les aléas de notre cheminement.
 Les oiseaux piaillaient leur contentement, les biches et chamois gambadaient sans vergogne, l’œil narquois, surveillant de loin notre chemin. Les branches des sapins penchées par un trop plein de neige semblaient honorer notre présence.

Ce que la vie est belle !
La pause repas fut décidée sur une plaque herbeuse, au pied d’un arbre plus que centenaire auprès duquel cheminait un petit mur de pierres.
Alors nous nous régalâmes de nos gouters bien préparés et de la topette de vin rouge, qui fut engloutie en un rien de temps…
Le sentier en pente douce accompagna notre retour et fut parcouru à une allure tranquille.
Pas de chute spectaculaire comme je le souhaitais.
Je dois noter cette sympathique rencontre avec un couple de retraité qui ressemblaient comme deux gouttes d’eau à leur gros chien des montagnes.

J’eus l’impression que le vin que nous avions absorbé avait eu un effet bénéfique sur notre personnalité en effaçant notre fatigue et en accentuant notre gaieté et bonheur d’être ensemble.
Notre périple terminé.
Le retour dans mon bolide de luxe se fit en un trait, et, c’est quelques dizaines de minutes plus tard, quand le soleil commençait à peine à se coucher sur l’horizon que ma belle Ford Focus gronda sa puissance en laissant Sofia dans son véhicule.
Quelle belle journée !
Je me mis à ressasser tous les bons moments de notre échappée belle.
Ce petit lapin d’une blancheur de neige qui détala devant nous.
Ce coup de vent qui balaya la cime des sapins répandant un voile de mystère volatile sur la paisible campagne.
Le vin et le piquenique délicieux qui réanimèrent nos forces chancelantes…

Il y a tout de même un bémol à cette magnifique journée.
Oui !
Un sacré bémol !
C’est qu’à mon grand regret, ma délicieuse amie ne prononça qu’une dizaine de fois le mot Covid.

Vive les raquettes à neige.