Mensonge
Ce fameux dimanche de mai!
Chaque fois c'était la même chose.
J'étais avec mes quatre enfants réunis dans le
salon.
Nous avions le sourire.
Pourtant.
On pouvait le ressentir, presque le palper, nous étions
profondément contrariés.
Il fallait une fois de plus mentir, fabuler des propos
foncièrement éloignés de notre
pensée.
Alors, Sébastien, certainement le plus nerveux d'entre nous,
affirma :
-Cette année, j'ai l'intention de dire la
vérité, une fois pour toutes et ce sera fini pour
toujours !
Geoffroy tempéra cette allégation
s'évertuant en des propos pondérés :
-Tu sais, ce n'est pas si grave, et puis, c'n'est qu'une fois dans
l'année, alors...
Mes deux filles hochèrent de la tête et j'eu une
moue d'abnégation.
Puis, il y eut ce claquement de porte et la voix aux forts accents
Polonais de ma tendre épouse :
- Hallo sé moa, jé soui arrivée !
Dorothée au caractère particulièrement
sensible eut un frisson de terreur et se blottit dans les bras de sa
sœur.
Caroline, malgré son angoisse, dans un élan
protecteur , lui
caressa les cheveux.
Et puis, elle fut en face de nous.
Deux sacs de supermarché
accrochés à ses mains vigoureuses :
- Aujordui, c'est lo vide gronier de Gex, alors jé vous zai
acheté des bos cadeaux !
Puis avec sa délicatesse
habituelle, elle renversa ses deux cabas sur le sol.
Un fracas de métal et de verres brisés nous fit
frissonner.
-Tiens, Sebastiane c'est pour toi ! Dit ma douce mie en lui tendant une
horloge année cinquante où les deux aiguilles
suivaient en cadence chacun de ses mouvements.
Il eut un "merci" un peu froid qui inquiéta Danuta quelques
instants.
Pour la rassurer, Je lui glissais dans l'oreille que son fils n'avait
vraiment jamais su exprimer sa félicité la plus
profonde.
Geoffroy reçut un lot d'assiettes
ébréchées.
-Elles sont un po abimées mais c'est porcelaine Limoge !
Dit-elle dans un élan de vantardise, et toa Caroline
regarde, jolis vêtements tout neufs, trois Euros! Conclue
t'elle en claquant des mains.
-Très jolis, répondit ma fille en
écartant les fringues à l'odeur abominable. Oh!
Dit-elle en apercevant une faune vivace qui squattait les lieux. Moi
qui adore les animaux...
-Et Toa Dorotka tou a joli livre pour tes études.
Elle eut bientôt dans ses mains un bouquin jauni par le temps
avec une couverture écornée où l'on
pouvait avec difficultés lire ce superbe titre "Le livre des
inventions de l'année 1952."
Ne sachant comment réagir elle se jeta au cou de sa
mère en exultant :
-Merci maman, c'est trop bien!
Moi-même j'eu droit à une statuette Africaine qui
comblerait le seul mini spot disponible sur le sommet de mon armoire.
En me donnant ce joyaux, elle me fit une déclaration
élogieuse concernant sa personne et sur l'ensemble de ses
acquisitions remarquables :
-Tou a trésor à la maison!
Enfin, heureuse, elle sortit de
la pièce pour préparer sa fameuse goulache
Polonaise à base de patates, de choux et de
kiebalas (cubassa).
Nous étions contents de nos mensonges et d’avoir
une fois de plus laissé ses illusions à ma
compagne.
Enfin.
J'eu la déclaration que tous, nous attendions:
-Demain c'est journée déchetterie !