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  L'extra terrestre avait des cornes

03/03/2018


Par cette belle journée du début du mois d’août, le Pays de Gex s’était endormi tranquillement, oubliant la transhumance quotidienne de ses habitants qui partaient et revenaient chaque jour de leurs activités professionnelles qui les conduisaient en Suisse.

Il s’était vidé de ses habitants, tous en vacances, et l’activité économique avait comme chaque année, sombré dans une vague soporifique.

Dans le petit commissariat de police, il en était de même, le calme, la folie des investigations, des enquêtes étaient au point zéro. Il ne restait que deux personnes qui gardaient l’endroit.
Ernest Puppa, l’inspecteur à la réputation maintenant bien établie et Purbon son acolyte de toujours.

Purbon adossé à son siège, les pieds appuyés contre son bureau, se balançait lentement, les yeux fermés.
Puppa quant à lui était penché sur un gros livre, une nouvelle acquisition, chinée dans une bibliothèque.

Il aimait se détacher de l’écran de son téléphone, trop invasif à son gout, pour rechercher « à l’ancienne » les informations qu’il désirait.
Cette fois ci, il s’agissait d’un cours sur l’acoustique.
Il s’était récemment attaché à ce sujet, confronté à des acouphènes qui s’étaient développé chez l’un de ses amis qui suivaient des cours de fitness, dynamisés par une musique beaucoup trop forte.
C’est un peu effaré qu’il venait d’y découvrir les explications des dommages irréparables qu’une musique trop forte, provoquait sur les tympans des oreilles et fit connaissance de ce que l’on appelait « le trou à quatre mille hertz », qui petit à petit nous empêchait d’entendre correctement la voix humaine.

Il se mit à s’intéresser aux fréquences, déchiffrant avec difficulté les équations mathématiques des démonstrations.

Quand il entendit un cri d’effroi.

C’était Purbon qui venait de basculer en arrière et venait d’heurter le mur salvateur qui l’avait protégé d’une chute plus douloureuse.

Son collègue reprit ses esprits, les yeux hagards, et pour reprendre sa composition s’adressa à lui :
-Ernest, as-tu regardé l’émission de télé, hier soir ?
-Laquelle ?
-Celle qui parlait des extraterrestres !

Puppa sourit, il connaissait la passion de son ami pour ces phantasmes journalistiques.

-Tu sais Ernest, on nous cache la vérité, ils sont là, parmi nous, nous surveillent, nous étudient, nos gouvernements sont au courant et nous cachent la vérité.

Puppa éclata de rires.

-ça n’existe pas les extraterrestres, c’est une plaisanterie pour faire fantasmer les gens, des affirmations d’huluberlus sans aucun fondement.

-Et Roswell alors ?

-Des bêtises !

-Et ses multiples apparitions mystérieuses dans le ciel, ses figures géométriques dans les champs ?

-Fadaises, plaisanteries, réalisées avec talent, je l’avoue !

-Alors, tu crois que nous sommes seuls, êtres vivants de l’univers !

-Mais non, bien entendu, il y a des milliards de planètes habitées dans l’univers. L’univers est infini et l’infinitude et synonyme de multiplications, de répétitions des phénomènes de la vie. Ni Dieu, ni Diable, juste le hasard d’un passé qui n’a pas de commencement et d’une fin qui n’existera jamais.

Purbon ne comprenait pas vraiment les allégations de Puppa, mais sa logique lui permit de lancer cette juste remarque ;
-Alors si un nombre infini de planètes habitées existent, on est forcément surveillé ou visité par leurs habitants.
-Détrompe toi, mon cher, les distances énormes et l’espace-temps qui nous séparent nous empêcherons tous contacts !

Purbon haussa des épaules, c’est quoi ça « espace-temps » ? Se demanda-t-il, encore l’une de ses fadaises intellectuelles.
Il savait par expérience qu’il était inutile d’argumenter de propos scientifiques avec son collègue, car de toute façon il était borné, voilà tout, un sans espoir…

Il reprit donc sa flânerie de balançoire et Ernest d’immergea de nouveau dans sa lecture.



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L'amitié sincère entre les Martinon et les Embudin s'était bonifiée au cours du temps. Ils se connaissaient depuis une vingtaine d'années et adoraient se retrouver ensemble autour d'une bonne table.

Leur première rencontre remontait à la naissance de leurs enfants.
Edmond Martinon, était né à l'hôpital de Saint-julien en même temps que Jérome, le fils regretté des Embudin, qui n'avait vécu qu'une toute petite année pour rendre l’âme, foudroyé par une terrible maladie.

Le soutien indéfectible que Les Martinon leur avait apporté durant cette triste période, avait scellé pour toujours leur amitié indéfectible et sincère.

 Ce soir, c’était le tour pour les Embudin de recevoir leurs intimes pour dîner.

Edmond, devenu un magnifique jeune homme, accompagnait ses parents.

Tous les cinq étaient attablés dans la petite salle à manger de cette jolie villa de Cessy.

L’ambiance était, comme toujours, au beau fixe, chacun respirait la joie de se retrouver ensemble.
De partager ses moments de complicités construites au cours des années.

Jean Embudin, le maître des lieux, avait deux hobbies.
La musique et le jardinage !
Tout chez lui démontrait son amour pour ces passions.
D’abord, dans un coin du salon où une immense armoire était bondée de C.D. en tous genres qu’il n’utilisait plus vraiment, car remplacés par les nouvelles technologies, et, surtout, il y avait cette fantastique chaîne hautefidélité composé d’un ampli Hi tech et affublé affublée de deux énormes haut-parleurs dignes d’une scène de concert de Rock.
Il aimait affirmer, d’ailleurs, qu’elle était capable de transmettre n’importe quel son avec une exactitude inégalée.

Quant à L’amour du jardinage, il le partageait avec sa femme, la belle, très belle Chloé !

La plus grande partie de ses week-ends, ils les passaient d’ailleurs dans leur jardin, bichonnant jour après jour leur magnifique roseraie.

Il avait également une magnifique serre. Située à l’abri du nord dans le prolongement de leur maison.
Elle était pour eux, synonyme du bonheur hivernal floral.
Grâce à elle, ils pouvaient se vouer toute l’année à leur amusement préféré.

Leurs amis Martinon, quant à eux, aimaient les voyages.
Ils partaient fréquemment visiter les moindres recoins de la planète. À la suite de leur dernier périple au Mexique, ils avaient ramené une énorme géode qu'ils avaient offerte à leurs amis.
Ce cristal de roche trônait bien en vue sur une étagère de la salle à manger et suscitait chez tous les visiteurs de passage, des commentaires admiratifs.

Les Martinon éprouvaient immanquablement, une réelle jouissance à raconter en détail leurs longs et intéressants périples.
Ces récits, ils aimaient les accompagner inévitablement d’une multitude de petits détails anodins ou croustillants qui enchantaient divinement leur auditoire.

Edmond, silencieux, les observait un petit sourire aux lèvres.
Lui-même adorait écouter ces histoires et même si pour lui c’était une énième répétition de ce qu’il avait déjà entendu, il ne se lassait pas de les entendre.

On pourrait trouver étrange la présence, au côté de ses parents, de ce beau jeune homme de vingt ans.
Sa place n’était-elle pas avec les jeunes gens, les jeunes filles de son âge ?

L’explication en était simple.
Ce fils tant aimé, adulé, que les Martinon choyaient de leur tendresse n’était pas vraiment un modèle d’intelligence et de courage.
Jamais, au grand jamais, il n'avait été capable de suivre des études, et la présence de papa, maman, semblait depuis toujours, amplement le combler.
Leur fortune lui permettrait de jouir d’une vie oisive et sans souci, sans problème.

Ses parents s’inquiétaient un peu de cette évidence.
Ils avaient essayé de l’obliger, de l’inciter à s’adonner à des occupations qui auraient pu lui donner l'idée d'exercer un jour un métier.
Mais ceci sans le moindre succès.
Et ce n’était que très récemment, qu’une proposition semblait l’avoir intéressé.
En fait, elle émanait des Embudin.
Très gentiment, ils lui avaient proposé de venir s'occuper de l'entretien de leur propriété.
A la surprise générale, le fiston avait accepté avec un contentement étonnant et peu dissimulé.

Le repas se déroulait avec sa cohorte de sourires et de propos agréables.

Le Chili était pour l’instant le centre de la conversation.
Ce lointain pays serait sans nul doute la prochaine destination de nos voyageurs.
Les Martinon en profitèrent pour faire cette proposition à leurs amis :
-Et si nous partions visiter ce pays ensemble, se serait bien !

Monsieur Endubin acquiesça immédiatement en s’engageant immédiatement sur les détails du voyage.

Les questionnements et réponses fusèrent évoquant avec bonheur ce projet.

Pourtant, une personne était absente de ce total enthousiasme.

Une rougeur, à peine perceptible, venait de colorer son charmant minois.

C’était celui de la maîtresse de maison.

L'anachronisme se déroulait sournoisement sous la table, où, un pied câlin caressait la jambe de la belle dame.

« Qu'en penses-tu Chloé ? Demanda monsieur Embudin à sa douce moitié.

-Excuse-moi, je n'écoutais pas ! dit-elle l'air gêné.
Puis elle se leva subitement.
-Je vais chercher la suite. Est-ce que tout le monde aime le gigot d'agneau ?

L'approbation générale sembla la contenter.

Rapidement elle disparut de la vue de ses invités.

Son cœur battait la chamade, sa gorge nouée semblait s’être complètement desséchée.
Une moiteur inhabituelle tapissait la paume de ses mains.
Ses joues étaient maintenant en feu.

Arrivée dans la cuisine, elle s'activa autour du morceau de viande qu'elle venait de sortir du four en essayant tant bien que mal de retrouver sa composition.

Dans la salle à manger les convives continuaient leur bavardage sans vraiment réaliser l'étrange comportement de Chloé.
La première bouteille de vin était à présent complètement éclusée et monsieur Embudin pria Edmond d'aller dans la cuisine demander à son épouse, le Bordeaux grand cru qu'il avait préparé en leur honneur.

Sans mot dire le jeune homme emprunta la porte de la cuisine.

« Il est bien élevé ce petit ! Ironisa monsieur Embudin et la discussion sur la chaîne andine reprit de plus belle.


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La suite 11/02/

Le corps de Chloé frémit sous la tendre caresse que des lèvres gourmandes lui dispensait sur la nuque.
Les bras du jeune homme prirent possession de la belle qui laissa échapper un soupire de béatitude.
Prit d’un désir fou qu’il ne pouvait plus contenir, il lui sollicita d’abord un baiser, puis ses mains s’engagèrent sous sa jupe,
« Non, pas ici, pas maintenant ! articula-t-elle. On va nous surprendre. »

Cette affirmation évidente, calma son entreprise.
Se remémorant les moments de félicité qui depuis un mois maintenant réunissaient leurs anatomies consentantes, il lâcha lentement prise.

Le moment était mal choisi, il en convenait et la gêne que son attitude engendrait, était bien compréhensible.

Des rires parvinrent à leurs oreilles. Puis une voix forte s'éleva.
« La suite, la suite, on a faim !

Les deux amants réintégrèrent la salle à manger.
Madame portant à pleines mains le met carné qui diffusait un fumet délicieux, et Edmond, l'élixir tant attendu.

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Elle était encore endormie, plongée dans un rêve qui la faisait sourire.
Dans cette chambre bleu ciel, celle de Monsieur et madame Embudin, la clarté venait de faire son apparition, une lumière blafarde de la montée d’un jour d’été.

Jean allongé sur le côté, la tête posée sur sa main regardait Chloé avec ses yeux amoureux, avec ce même regard qui l’avait porté depuis leur première rencontre.
Jamais, au grand jamais, il n’avait été attiré par une autre femme qu’elle.
Elle était son âme, sa destinée, son unique amour qui le comblait de son charme, de sa beauté, de son unique perception des choses.
Il la connaissait à la perfection.
Elle bougea légèrement, un papillonnement de narines, un semblant de rictus apparu sur ses lèvres, un soupir de contentement se fit entendre de sa bouche entrouverte, ses pommettes avaient rosi imperceptiblement, un semblant de cette mimique qu’ils appréciait tant.
Celle, qu’elle avait lorsqu’il faisait l’amour.
Justement l’amour, l’amour charnel qu’il appréciait, avec elle, au plus haut point, s’était depuis quelques mois apaisé, espacé, à son mécontentement supporté, mais acquiescé.
Elle avait de multiples excuses pour éviter se type de retrouvailles.
Un mal de tête, une fatigue, un film à la télévision qui se terminait tard, trop tard, mais qu’elle ne voulait en aucune façon manquer.
Et, leurs rares étreintes n’étaient plus aussi explosives, elle semblait s’être lassée de ses caresses de ses prévenances.
Il s’était mis à penser que sa cinquantaine arrivée avait baissé sa libido et que sa vieillesse ne donnait plus satisfaction à son épouse de dix ans, plus jeune que lui.

Ils passaient moins de temps ensemble à gratter leur jardin.
Elle sortait souvent, avec sa grande copine d’enfance avec qui elle entretenait une relation complice.
Rentrait parfois tard, sans l’avertir et lui donnait des explications confuses, presque gênées.

Et puis, il y avait cette odeur, cette odeur bizarre sur ses joues.

Il lui offrait invariablement le parfum qu’elle aimait, une flagrance au gout de vacances, comme elle aimait le préciser. Qui embaumait sa peau d’effluves particulières qui, mélangées à la douceur de son épiderme résonnait d’une certaine harmonie, d’un gout de bonheur, d’une touche divinement aphrodisiaque.
Eh bien, chaque fois qu’elle revenait de ses escapades entre copines, l’odeur qu’il ressentait sur ses joues était différente, plus acres, mélangée à une émanation qui lui semblait étrangère, masculine.
Ce qui l’avait interloqué c’était qu’il avait ressenti une similarité avec l’odeur du jeune fils de leur couple d’amis.
Edmond.
Au début, il avait pensé que son esprit lui jouait des tours, que sa jalousie naissante, l’obligeait à des conclusions incertaines, trop actives, sans fondement.
Puis il y eut ce message arrivé sur le portable de sa femme.
Elle l’avait laissé sur la commode du salon. 
Au hasard de l’un de ses passages, le téléphone s’était allumé pendant quelques secondes pour avertir de l’arrivée d’un texto. « 14h comme d’hab » signé de deux lettres « Ed ».

Le doute était-il permis ?

Il se leva, il voulait absolument commencer un travail long et minutieux sur sa serre avant que celle-ci soit baignée des plus chauds rayons de soleil qui rendrait l’endroit infernal.

Chaque année c’était la même routine, après l’avoir vidé de l’ensemble des plantes qui s’y épanouissaient, il enlevait chaque carreau, l’un après l’autre, les nettoyait avec soin avant de les remettre à leurs places respectives…

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Les heures passèrent sur sa contraignante besogne.
Il était maintenant perché sur un escabeau, à ajuster chaque vitre avec minutie.
Il la calait avec précision, la faisait résonner avec une pointe métallique et la repositionnait jusqu’à ce qu’elle soit en accordance avec son opinion rigoureuse.

Hector, le fermier qui possédait l’immense champs de blé qui bordait sa propriété et qui passait par là pour s’assurer qu’aucun troupeau de sanglier avait ravagé ses cultures, s’était arrêté pour le regarder faire.

Hector est un gros homme rougeaud, à la santé de fer, au bras doté d’une musculature impressionnante :

-Tu es bien appliqué mon gars ! Lança-t-il de sa voix de ténor.
-Oui, répondit Jean, il faut que tout soit parfait, exactement dans la bonne position pour résister aux intempéries et surtout en cas de grêle.

Il venait juste de terminer sa besogne et après un sourire courtois à son interlocuteur il rentra se reposer pour se trouver nez à nez avec sa femme qui venait de rentrer de l’une de ses escapades.

-Cécile m’a éreintée, on a fait une promenade dans la montagne de plus de quatre heures, et je tiens à peine sur mes jambes.

Jean la regarda avec attention ;
il la trouvait tellement belle, son visage, son corps félin resplendissait sa quarantaine et elle semblait être devenu plus jeune plus désirable que jamais.
 
Il voulut l’embrasser, mais elle l’esquiva :
-Je suis en sueur mon chéri, je vais aller prendre un bon bain, ça me fera du bien…


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Ernest était furieux !

Lui un inspecteur de police hors pair, l’assigné à une enquête aussi débile.

-Mais ce n’est pas possible chef, envoyé un gendarme pour consigner l’évènement, il n’y a pas besoin de mettre la police scientifique sur le coup.

Son chef le regarda avec sévérité. Non mais, pour qui se prenait-il ?
-On ne discute pas mes ordres, un point c’est tout, et de toute façon, je ne vois pas ce qu’il y a de débile dans l’apparition d’extraterrestres.
-Et bien, ça n’existe pas, tout simplement. Martèle-t-il d’une voix remplie de certitude.

C’est accompagné de son fidèle compère Purbon que notre brillant inspecteur arriva à Cessy, au lieu-dit des apparitions.
C’était Hector qui piaffant de leur attente, se précipita vers eux en gesticulant.
Il était suivi de cinq autres personnes que Puppa connaissait de vue.

- Ils sont venus cette nuit ! Des hommes de l’espace !
-Oui, oui c’est vrai ! Réenchérit ses comparses.
-Venez suivez moi je vais vous montrer…

Puppa constata la description que le paysan lui faisait du phénomène.

Trois ronds, parfaitement circulaires, de trois mètres de diamètre, dénaturaient le champ de blé. Les tiges semblaient avoir été sectionnées puis brulées et de nombreux cristaux brillants jonchaient la terre.
Purbon, en récolta une dizaine d’échantillons qu’il entreposa dans un petit sac en plastique et pris une multitude de photos pendant qu’Hector décrivait avec véhémence cet étrange évènement :
- Oui, inspecteur ! Au beau milieu de la nuit, tous les chiens du coin se sont mis à hurler à la mort. Je suis sorti pour voir ce qui pouvait bien arriver. Et, soudainement une intense lueur s’est mise à briller par ici !
Il montra des fourrés du doigt.
-Tout ça n'a duré que quelques minutes.  Puis, la lumière a disparu aussi soudainement qu'elle s'était montrée, quelques secondes après, les chiens ont arrêté de s'époumoner et un silence de mort a envahi l'endroit. Tout cela m'a glacé le dos. J’n’ai jamais rien vu de pareil. Pour sûr, il ne s’agissait pas d’une farce. Et puis mon chien, la pauvre bête, il tremblait de tout son corps.

Les gens acquiescèrent ses affirmations en racontant leurs impressions concordantes.

-Oui, les chiens ont hurlé à la mort, même mon petit « Titou » un chihuahua d’habitude si calme, à japper à en perdre le souffle. Je me suis mis à ma fenêtre, une lumière vive m’a éblouie quelques secondes, puis a disparu, et tous les chiens se sont tus en même temps.

Puppa s’interrogea sur cette remarque spécifique concernant les chiens, qu’avaient-ils pressentis ?
Une présence, un mouvement suspect, juste avant que l’incident se produise.
C’était étrange.
Vraiment très étrange.
Aucune explication logique vint à son esprit éclairé.

-Avez-vous vu une soucoupe volante s’envoler.

- Bein non ! Pas vraiment juste cette lumière aveuglante, mais pas un bruit, pas un souffle. C’était des extraterrestres, aucune invention humaine n’est capable de provoquer un tel phénomène !

De retour dans leur voiture. Purbon le regarda d’un air interrogateur, espérant l’explication de son brillant ami .

-Etrange, très étrange, lui répondit-il avec une moue désabusée.


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Ernest n’arrivait pas à dormir il devait être trois heures du matin et il se retournait dans son lit sans le moindre repos.
Sa seule pensée concernait ce fameux mystère des petits hommes verts.

C’était une plaisanterie, il en était certain.
Son collègue avait établi un rapport sur les faits observés et son chef avait décidé d’envoyer le dossier au service concerné qui était situé à Paris.

Il le savait déjà.
Par manque d’intérêt, il serait certainement classé sans suite.

Il se leva brusquement.
Il devait tout de même comprendre quels moyens avaient utilisé ces plaisantins pour créer cet amusant mystère.

Armé d’une lampe torche, Puppa se retrouva au milieu du champ de blé à scruter le sol avec attention.
Et, comme il l’avait imaginé, il retrouva un trou au beau de chaque cercle.

Il jaugea leurs profondeurs pour constater qu’une tige métallique avait dû le provoquer.
Le reste était facile à comprendre.
Une corde tendue sur cet axe, quelqu’un à son autre extrémité qui tournait en cercle parfait et couchait ainsi les tiges de blé.
Puis, un acide ou désherbant efficace avait été versé sur les plantes, pour faire croire à la brulure d’un souffle puissant provenant d’une soucoupe volante.

Les cristaux ne devaient être, à son avis, que du simple quartz pilé, l’analyse le confirmerait certainement.

Il se rendit ensuite dans les fourrés situés à l’endroit d’où la lumière aveuglante était apparue. 
Il ne lui fallut que quelques minutes de patience pour découvrir sur la branche d'un des arbustes des blessures qui semblaient de nature très récente. Autour de ces escarres, toutes les feuilles étaient flétries, brunies, exactement comme il l’avait supposé.
Ernest voyait parfaitement la scène.
Le coupable avait accroché des lampes halogènes aux branchages, puis les avait allumées à l’instant propice. La chaleur dégagée avait provoqué les meurtrissures.

-Tiens ! Voilà quelque chose d’intéressant.
Sur le sol, un fil électrique restait oublié à la base du tronc.
-C’est celui-ci qui a permis de relier le système d'éclairage à la batterie ! pensa-t-il tout haut.
Ernest heureux de ses trouvailles retourna à sa voiture.
Toute l’histoire était maintenant parfaitement éclaircie.
-Des extra-terrestres ! pouffa-t-il. C’est trop drôle.
Il imagina les petits plaisantins qui de leur côté devaient également se réjouir de cette bonne farce jouée aux autochtones.

Malgré cette amusante découverte, une dernière broutille le chiffonnait encore.

Les chiens.
Pourquoi s'étaient-ils tous mis à hurler en même temps et par quel mystère avaient-ils tous fait silence à l'unisson ?

Cette question resterait certainement sans réponse ! La farce gardera au moins un secret.

Ernest avait déjà décidé de ne rien dévoiler de ses conclusions.
Il adorait plaisanter et l’excellence de cette farce l’enchantait au plus haut point.

Cette énigme donnerait pour longtemps un sujet de conversation et de délire à ce petit village, à son goût trop tranquille.

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La petite ville de Cessy avait retrouvé sa quiétude habituelle. Le mystère de la soucoupe volante était resté sans solution et l’endroit était devenu un lieu de pèlerinage obligé.

« Même l’inspecteur Puppa a conclu à une visite de petits hommes verts! » affirma Hector à quelques curieux qui passaient devant sa propriété.

Edmond, qui travaillait maintenant comme jardinier des Embudin, s’amusait des badauds qui se rendaient sur le lieu d'atterrissage de l'engin extraterrestre.
Le jeune homme n'était pas très prompt au travail, mais sa patronne semblait, pour une tout autre raison, tout à fait satisfaite de ses services.

Cet après-midi, il devait s'occuper de la serre.
Elle nécessitait un bon nettoyage.
Il l’avait d’abord vidée de la totalité de son contenu floral qui consistait, dans sa plus grande partie, en de magnifiques plantes tropicales.
Puis, ce devoir accompli il pénétra, un balai à la main, dans cette immense cage de verre maintenant complètement vide.

C’était l’un de ces merveilleux jours d’automne, baigné d’un calme qu’il pensait propice à la méditation.
Les fenêtres de la maison étaient restées grandes ouvertes.
Sa douce patronne était partie faire des courses et monsieur semblait endormi devant sa chaîne haute fidélité qui diffusait en sourdine de la musique classique.
Hector qui non-loin de là, plantait quelques pousses, s'arrêta un moment dans son labeur pour regarder le jeune homme.

« Quel fainéant celui-là ! ».

En effet Edmond traînait des pieds.

Durant les vingt minutes qu’il l’observa, le jeune homme n'avait donné qu'un seul et unique coup de balai.
Maintenant, la tête levée vers le ciel, il observait la toiture transparente située à cinq mètres au-dessus de lui.
Son nez pointant sur le bleu azur.
Puis, il se mit à tourner lentement sur lui-même, perdu dans ses rêves, scrutant les petits petits nuages qui défilaient dans le ciel.

Hector, un petit sourire aux lèvres, dodelinant de la tête, se remit à bêcher avec minutie son jardinet.

Soudain, ce qu’il avait toujours redouté se produisit.
Son corps se figea brusquement.
Une terreur indescriptible se dessina sur son visage.
Une abondante sueur recouvrit son front.
Près de lui, son chien jusque-là tellement calme s'était mis à hurler à la mort, accompagné bientôt par l'ensemble de la faune canine.

Puis il y eut ce bruit de carreaux cassés.

Tournant promptement la tête en direction de la maison des Embudin,
Hector assista désemparé à l'effondrement du toit de la serre où Edmond travaillait.
haque vitre éclatait projetant sous elles de terribles tessons de verre qui tranchèrente la gorge du pauvre jeune homme.

Bientôt, le bougre s'effondra dans la mare de son propre sang…

Le silence revint aussi vite que le raffut était venu.

Monsieur Embudin, dérangé dans son sommeil, sortit en courant de sa demeure.
Hector, enjambant la clôture, se retrouva bientôt à ses côtés.
Tous deux regardaient l’intérieur de la serre avec effroi.
Le corps d’Edmond n’était pas beau à voir.
S’assurant que tout danger d’effondrement avait disparu, ils avancèrent avec précaution jusqu’à la victime.
Il n’y avait plus rien à faire pour le sauver.
Il s’était vidé de son sang et reposait sans vie, les yeux largement ouverts qui semblaient refléter l’incompréhension de ce qui venait de lui arriver.  

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L’inspecteur Purbon semblait vexé. Il restait sans rien dire, assis à côté de Puppa qui conduisait son bolide à plus de soixante à l’heure.

Pour Ernest, cette vitesse qui pour la plupart des gens serait considérée comme celle d’un escargot, était pour lui synonyme d’exploit sportif.

Pourquoi cet excès dans son comportement ?

Eh bien, tout simplement parce qu’il venait de résoudre une affaire criminelle de plus.

Avec il faut le préciser, un brio et une limpidité d’esprit qui avait laissé son collègue pantois, ridicule, à la vue de ses supérieurs.
Pourtant ce n’était pas la première fois que cela arrivait.

Purbon se remémorait les nombreuses affaires que son génie de collègue avait démêlées, alors que lui surnageait dans des hypothèses douteuses.
Cette fois il se sentait particulièrement vexé d’avoir cru en cette histoire surnaturelle, ce subterfuge sur la venue hypothétique d’habitants d’un autre monde.
Il bougonnait, non seulement fâché à son encontre, mais également jaloux de la clairvoyance de son ami.

De plus, après l’enquête sur la mort du jeune homme, il se souvenait avoir dit :
« C’est la faute à pas de chance ; l’extraterrestre est passé au mauvais moment, un point c’est tout !

Ernest, avait éclaté de rire et aussitôt répliqué :
-Ton extraterrestre ! Il a des cornes ! ».

Il est vrai que madame Embudin avait fait un malaise à l’annonce du décès et qu’elle avait dû être hospitalisée pour suivret un traitement d’antidépresseur.

Puppa avait immédiatement tout compris et avait déduit l’état de la pauvre dame comme étant le résultat du mobile de ce crime imparfait…

Puppa s’amusait du mutisme de son collègue d’habitude si bavard.
Il sentit qu’il était temps de le soulager de son tourment et décida donc de lui raconter le cheminement de son enquête, un peu comme une excuse.

En fait, il voulait lui faire croire que ceci n’était que le fait d’un heureux hasard.

« Tu vois ! commença-t-il, je suis un grand amateur de musique classique et tu sais comme j’aime vérifier les choses, toutes sortes de choses. Un jour j’avais lu un Tintin, « Les bijoux de la Castafiore » ; la bonne dame,
ajouta-t-il en riant, cassait des verres et les oreilles de tout le monde.

A l’époque, je m’étais demandé si, en montant le son et en adaptant la bonne fréquence de ma radio, je pouvais casser un verre. J’ai fait des tas d’essais sans succès. Oh ! si, j’ai irrité mes voisins qui me l’ont d’ailleurs fait savoir par des coups de balai répétés sur leur plafond.
En fait ! enchaîna-t-il, ce tour de force, monsieur Embudin l’a réalisé. Il avait réglé le support de chaque vitre de telle façon que sa fréquence de résonance soit adaptée à quelque chose comme vingt-deux mille Hertz. »
Purbon le regardait avec de grands yeux ébahis.
-C’est quoi ça vingt-deux mille Hertz ?
- Quand tu parles, tu fais vibrer l’air autour de toi et c’est ce mouvement de l’atmosphère que l’on entend. Monsieur Embudin a donc vivement fait vibrer l’air grâce à sa chaîne Hifi qui a diffusé une fréquence que l’homme ne peut pas entendre. Fréquence accordée sur celle des carreaux. Soumis à ce tremblement toutes les vitres se sont brisées tuant son rival ! 
Puppa fit une moue admirative puis continua :
-S’il n’avait pas fait croire à cette histoire d’extraterrestres quelques semaines avant son meurtre, je n’aurai certainement rien pigé. En fait, c’est cet alibi qui m’a mis la puce à l’oreille et qui m’a fait comprendre cette étrangeté qui avait fait aboyé les chiens. Les pauvres, eux, n’ont aucune peine à entendre les ultrasons.
Il se concentra sur l’enchaînement de deux virages et poursuivit son allocution.
-Puis, il a déposé du cristal de roche aux emplacements des pieds du soi-disant vaisseau spatial. Ce même cristal qui provenait de la géode mexicaine qu’il exposait dans son salon !
Il explosa de rire devant la naïveté de l’assassin qui avait pensé faire croire à la venue de petits hommes verts.

Il se tut un moment, puis ajouta:
-Les gens sont d’une stupidité vraiment incroyable !

Purbon s’enfonça un peu plus dans son siège, humilié par cette affirmation. Il hocha tout de même de la tête, se racla doucement la gorge et répondit :
-Oui ! Vraiment très stupides ! »



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