Le gars de la
marine |
23/10/2017 |
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Année 1990 «
Luc Mino
! Je n'en crois pas mes yeux, mais que fais-tu ici, si loin de
l'océan ? -La
surprise est réciproque ! Moi, je suis ici pour faire ma
petite cure thermale
habituelle, je pense que c'est la même chose pour toi ! -Pas
du
tout ! Réplique-t-il. Je suis à
présent un Divonnais ! S'exclame-t-il avec
fierté. J'ai ici une petite maison qui vient de ma famille,
je viens de m'y
installer, il y a tout juste un mois. Et donc, si je comprends bien,
toi, tu es
un fidèle curiste? -Oui,
tout
à fait, ça fait vingt ans que je viens prendre
ici, un repos bien mérité. Jean
se
rappelait des problèmes d'instabilité qui
faisaient partie de la personnalité
de son camarade. Ceci l'avait d'ailleurs dans le passé,
empêché d'accéder au
commandement du Super Tanker "Le Baroudeur". Et, c’est lui,
à la
surprise de tous, qui avait été
parachuté à cette fonction à sa place. -Je
suppose que tu dois mieux connaître les lieux que moi ? Luc
approuva de la tête. -Que
oui !
Répliqua-t-il. Je le connais parfaitement ce joli pays de
Gex ! -Es-tu
toujours un fana de la pêche à la ligne ? -C'est
resté ma passion, demain matin je vais aller taquiner le
brochet dans un petit
étang pas très loin d'ici. Si tu le
désires, tu es mon invité, j'ai du
matériel
pour deux ! -Bien
volontiers ! » S’empressa de répondre
notre amiral, enchanté à l'idée d'une
petite virée matinale. Les
deux
hommes continuèrent leur conversation, tout en accomplissant
la boucle de trois
kilomètres, promenade habituelle des autochtones. Jean avait
beaucoup de peine
à suivre le pas déterminé de son
compère. Sa jambe droite, blessée lors d'un
ancien accident de voiture, traînait quelque peu. Mais les
bonnes histoires de
marin que Luc lui racontait, lui faisaient vite oublier cette
misère. «
Je passe
te prendre demain matin vers cinq heures, précise Luc qui
venait de recevoir
l'adresse de son ami. -A
demain!
» Rétorqua le retraité. «Enfin
vous
voilà ! S’exclama sa secrétaire.
Monsieur Mino vous attend depuis plus de vingt
minutes ! -Excusez-moi
cher monsieur ! Enchaîna le retardataire. Luc
Mino
souriant, ne sembla pas agacé pour autant. -Pas
de
problème docteur, j'ai tout mon temps! Les
deux
hommes pénètrent ensemble dans le cabinet et Luc
en bon habitué s'allongea
directement sur le canapé qui lui offrait ses bras. Le
Psychiatre consulta ses notes, et demanda. -Luc
détendez-vous, nous allons reprendre notre conversation sur
cette fameuse époque
du Baroudeur ! Le
patient
semblait très calme, presque trop calme. Ces traits
détendus, sa voix paisible commença
à raconter ce fait marquant de sa vie. -Oui,
docteur, Le Baroudeur, c'était un rêve,
l'accomplissement de ma carrière de
capitaine. Je devais prendre le commandement de ce navire au
début du
printemps, puis... Luc
s'arrêta un moment de parler. Paisiblement il reprit. -Puis,
il
y a eu cette terrible bagarre dans un bar du port de Brest. Une
bêtise, un gros
costaud qui a voulu en découdre avec moi. Dans cette
malencontreuse
altercation, je lui ai porté un coup fatal qui lui cassa le
dos. Dans une
chaise roulante à vie! M'avait-on dit au poste de
gendarmerie. J'ai dû passer
un an en prison. Quand j'ai enfin pu sortir, je suis allé
voir la compagnie
maritime. J'ai expliqué mon cas, ce n'était de
pas ma faute ! Le
ton de
ses propos commença à monter. -Calmez-vous
et reprenez ! Demanda calmement le psychiatre habitué
à ces réactions
intempestives. -Oui...
Des gouttes de sueur perlaient sur son front et sa gorge
nouée éprouvait des
difficultés à reprendre son histoire. -Ce
bateau
me revenait de droit, j'étais le meilleur. De quel droit cet
imbécile a-t-il pu
me voler mon navire ! Son
monologue continua durant près d'une heure. Ciblé
uniquement sur cette angoisse
qui le tiraillait depuis des années. Puis la
séance terminée, il ajouta. -Merci
docteur, je me sens beaucoup mieux. Tout est de ma faute, je m'en rends
compte
maintenant. Pourquoi ai-je fait une fixation sur cet homme qui, en fin
de
compte, n'a rien à voir dans l'affaire. Le
médecin
esquissa un petit sourire. -Il
faut
vider ces émotions qui vous angoissent, ainsi vous pourrez
faire la paix avec
votre être intérieur. Le
cœur
léger, notre malade, ne ressentait plus cette haine idiote. -Le
hasard
a vraiment bien fait les choses, demain je pourrai prouver mon
amitié à Jean.
Une bonne partie de pêche ensemble. Rien de tel pour forger
une camaraderie
solide ! » Pensa-t-il. «
Toujours
ponctuel mon ami ! Pensa-t-il. Luc
se
tenait devant sa porte, souriant une canne à la
pêche dans sa main gauche. -Tiens
!
Voilà ton équipement.
Dépêche-toi, il est temps d'y aller. On prendra ma
voiture. » Les
deux
compères eurent vite fait d'arriver sur les lieux. L'endroit
était magnifique.
Devant eux un petit chemin disparaissait dans la futaie. «
Nous ne
sommes qu'à 15 minutes de marche de l'étang !
» Le
chemin
les amena près d'une petite carrière sablonneuse,
où l'on pouvait apercevoir
une falaise présentant au moins quinze mètres
d'apique. «
Arrête-toi Jean! » C'est
tel
un aboiement que l'ordre arriva aux oreilles de
l'intéressé. Il
s'arrêta, puis se retourna... Devant
lui, Luc, un revolver
à la main, le
bras tendu en direction de sa tête affichait un rictus de
méchanceté. -«
Il est
temps pour toi de mourir ! Continua-t-il -Mais
pourquoi ! Bredouilla le menacé. -Souviens-toi
du "Baroudeur" ! Maintenant, dirige-toi vers le bord de la falaise.
Tu vas faire le grand saut ! » Hurla-t-il. Jean
horrifié ne comprenait plus ce qui lui arrivait et sans
résistance, sans
comprendre, il suivit l'ordre de l'agresseur. Sa jambe
traînante paraissait
encore plus fatiguée qu'à l'habitude. Les
quelques pas qui l'emmenèrent vers
une mort certaine furent accomplis dans un silence
nauséabond. Son regard
rencontra une dernière fois celui de Luc. Il comprit
qu'aucune pitié, aucun
remord n’étaient à espérer. «
Mais je
ne t'ai jamais pris ta place, je ne savais même pas que ce
commandement t'était
réservé, c'est la compagnie qui m'a
donné ce poste, je n'avais rien demandé !
» Puis
soudainement il réagit, il fallait qu'il lutte, qu'il
survive à ce cauchemar.
Hélas sa réaction fut trop tardive. D'une simple
poussée, Luc l'envoya
rejoindre le monde des défunts. Sans
même
un regard en direction de son crime, il retourna tranquillement
à son véhicule.
Ni vu, ni connu, il était vengé. -Une
vingtaine
de jours ! Il n'était pas seul, regardez les traces de pas !
» Effectivement
sur le sol sablonneux, deux traces très distinctes se
dessinaient. Elles
menaient toutes deux vers le bord de la falaise. L'inspecteur
s'approcha du
bord escarpé et lança un bref coup
d'œil en direction de l'endroit rougit par
le sang du défunt. Son
regard
traîna ensuite sur les empreintes qui marquaient le sable. Il
imaginait ce
pauvre homme à la jambe évidemment
handicapée, qui lentement, avançait vers son
funeste destin. Cette question vint à son esprit. Se
trouvait-il vraiment
devant un crime ou bien un simple accident. Les Alpes semblaient
magnifiques de
cet endroit. La nature montrait toute sa splendeur. Les trembles
bruissaient
sous l'action du vent, une odeur sucrée flottait dans les
airs. La campagne
semblait si paisible ici, rien ne paraissait pouvoir lui donner un
indice
tangible. «On
n'a
rien trouvé ! Continua
son
accompagnateur. L'homme a dû le pousser dans le vide et est
parti sans demander
son reste. Notre dernière chance réside en un
appel à témoin dans la gazette
locale. Le mort venait de s'installer dans la région,
c'était un retraité de la
marine ! L'inspecteur
se retourna brutalement. Une idée venait de germer dans son
cerveau. -Merci
caporal ! Dit-il. Vous venez de me donner la réponse. Puis
il marmonna un nom.
Allons-y, le coupable est peut-être encore dans la
région ! -Vous
connaissez le meurtrier ? -Non
pas
du tout ! -Mais
alors, qu'avez-vous trouvé ? -Écoutez
avec votre esprit ! » S'exclama Puppa, qui sur le chemin du
retour s'éloignait
déjà de son compère. Quelques
jours plus tard, Luc Mino fut appréhendé et passa
rapidement aux aveux. « Inspecteur, je vous félicite pour votre perspicacité ! Le chef de la police tendit une main ferme vers Puppa, qui un large sourire aux lèvres accepta la poignée de main. -D'où sortez-vous cette idée géniale ! Continua-t-il. -Bof ! Question d'expérience. Répondit l'inspecteur. Le gendarme qui se tenait à ses côtés lors de la découverte était présent dans la pièce, il ouvrit grandes ses deux oreilles, espérant enfin comprendre la clef de l'énigme. Mais, malheureusement pour lui, le grand chef sortit de la pièce sans avoir révélé le moindre soupçon d'indice. Puppa figé devant la fenêtre, savourait sa victoire. Le curieux s'avança prudemment vers lui : -Inspecteur ! Osa-t-il. Puis-je vous poser une question. Puppa le regarda en souriant. Il connaissait clairement la demande que voulait formuler son acolyte. - Vous avez découvert quoi au juste ? Comme à l'habitude Puppa s'ingénia à faire languir son interlocuteur. -Et bien en fait... Puppa s'arrêta net dans son discours et se mit à chanter. Tit tat tit tit, tit tit ta... Le gendarme grimaça de surprise, pensant que l'inspecteur était devenu fou ? -Et bien oui, le condamné s'aidant de sa jambe malade a laissé des traces sur le sol, et dès que vous m'avez précisé son appartenance à la marine marchande j'ai facilement fait le lien entre elle et la glorieuse solution. Sur le sol, écrit en code morse se trouvait le nom de son bourreau. . -.. ..- -.-. -- .. -. --- "LUC MINO" . Ecrivez moi ! viagex@viagex.com |