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  Le Reflet

22/11/2014 

Le reflet

-Déjà 7 heures !
Léon vient brutalement d'être réveillé par le bruit nasillard qui émane de son vieux réveil vert olive. Les cheveux en bataille, il saute de son lit et s'empresse en direction de la cuisine. Il ne prête aucune attention au désordre qui   règne dans la pièce et d'un geste désinvolte du bras, il repousse la vaisselle qui attend, sale, sur le coin de l'évier.  Il prend la cafetière et prépare sa boisson matinale. Ensuite, d'un pas nonchalant il se dirige vers sa petite salle de bain, et, posté devant le miroir, commence sa gymnastique faciale. Il avait lu dans un journal, que cinq minutes de grimaces quotidiennes lui permettraient de garder un visage de jeune homme. Sur sa joue gauche, une profonde et longue cicatrice suit ses facéties. La profonde entaille s'arrête à la hauteur de son œil.
Cet œil, il l'avait perdu au cours d'une bagarre, un coup de couteau qui après lui avoir découpé la joue, l’avait définitivement privé d'une partie de sa vision.
Il détestait cet handicap.
-J'ai perdu une partie de ma vie, pensa-t-il. Mon mariage avec Clothilde annulé !
Il prend son rasoir dans sa main droite et lui fait suivre les méandres de son visage.
-Dépêche-toi, pas le temps de rêvasser.
Une douche rapide, un déjeuner bâclé en quelques minutes et ses habits sont enfilés à la hâte.
Son boulot l'attend. Il travaille dans une petite banque locale qui se situe à un quart d'heure de promenade de chez lui.
-8 heures moins vingt, j'ai un peu de temps devant moi ! pense-t-il.
La porte de son appartement se referme derrière lui, il dévale quatre à quatre les deux étages qui le sépare de la rue.
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-Déjà 7 heures !
Noël brusquement réveillé par le grésillement de son réveil, se laisse descendre de son lit, enfile ses pantoufles. L'une est rouge et l'autre bleue. Mais notre personnage ne s'attache pas à ces détails sans importances.
C'est un homme de 45 ans, célibataire endurci, qui n'a vraiment, mais vraiment pas l'intention de se trouver une compagne. Il se dirige avec lenteur dans sa petite cuisine où règne un désordre indescriptible. La cafetière trône au milieu d'un capharnaüm d'assiettes et couverts en tous genres. D'un geste incertain il enclenche l'engin et continue son chemin en direction de la salle de bain.
Le miroir, lui retourne son image. Quelques rides semblent égarées sur son front encore très lisse. On aurait encore pu le trouver beau, mais une horrible balafre lui défigure la partie droite de sa figure. Une sale entaille en vérité, qui lui traverse la joue de bas en haut. Seules, ses grimaces matinales réussissent à cacher cette estafilade.
Chaque fois qu'il se regarde dans une glace, il pense à cette terrible soirée où à la suite d’une chute malencontreuse, son visage violemment avait heurté une vitre qui, en éclatant, lui avait fait perdre l'usage de son œil droit.
Il prend son rasoir de la main gauche et le passe sur la barbe naissante recouvrant une partie de sa frimousse. Un long soupire, un rapide tour sous la douche et il se retrouve rêvassant devant son petit déjeuner. Il travaille dans une petite supérette, et bien que ce métier ne fasse pas parti de ses rêves, il aime cette occupation qu'il accomplit consciencieusement.
Il a l'habitude de faire le chemin qui mène à son travail, en compagnie de la jolie petite voisine qui habite l'immeuble d'en face.
Il regarde sa montre.
-Il est temps d'y aller ! Judith doit m'attendre.
Sa porte est bouclée avec soin, il s'en va en chantonnant.
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Léon se trouve à la porte de son immeuble, et il n'en croit pas "son Œil", Clothilde se trouve de l'autre côté de la route. Elle lui sourit, d'un geste de la main elle lui demande de venir le rejoindre.
Sans réfléchir, d'un pas volontaire, il s'engage sur la chaussée.
Clothilde, pâlit. Elle hurle.
-Attention, une voiture !
Léon s'arrête net, la voiture qui arrive sur sa gauche freine brusquement, un crissement de pneus ajoute une note d'effroi à la scène. Mais les efforts du chauffeur restent vains, son véhicule heurte violemment notre ami, qui après un vol plané de plusieurs mètres, s'écrase sur la chaussée.
Clothilde, en pleurs se trouve déjà au chevet de son ami.
-Répond moi Léon, s'il te plaît.
Une couleur cadavérique a déjà recouvert le visage de notre infortuné personnage. Le coupable descend de sa voiture.
-Je n'ai rien pu faire, il a traversé quelques mètres devant moi, il ne m'a pas vu arriver !
-Clotilde réplique. Son œil gauche, il ne voit pas de son œil gauche !
Quelques minutes plus tard, les secours arrivent sur le lieu de l'accident, le médecin ne peut que constater le décès de l'infortuné.
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Noël, regarde la porte de l'immeuble de sa charmante voisine, elle a un peu de retard et notre ami piaffe d'impatience. Enfin elle apparaît au pas de sa porte.
-Toujours aussi belle! pense-t-il.
Judith lui fait un signe de la main.
Noël s'engage sur la chaussée pour la rejoindre.
Judith aperçoit la voiture qui arrive sur la gauche de son ami, elle s'écrit.
-Attention.
L’angle de son œil gauche discerne le véhicule au dernier moment, il fait un pas en arrière, et la voiture après une terrible embardée, évite notre personnage de quelques centimètres.
-Tu ne peux pas faire attention abruti! s'écrie le conducteur.
Le visage de Noël est maintenant recouvert de sueur, son cœur bat la chamade. Judith rapidement traverse la route pour le rejoindre.
-Alors Nono, dit-elle, tu m'as fait une peur bleue !
Les vingt minutes de marche jusqu'à son travail furent à peine nécessaires pour qu'il puisse reprendre ses esprits. Judith inquiète, avant de le quitter, lui demande.
-Est-ce-que tu vas bien ?
-Oui, pas de problème, répondit-il d'un air peu convaincant.
La journée de notre miraculé, passa tel un rêve.
-On est peu de chose, pensa-t-il.
Le soir il rentra chez lui, et prit moult précautions pour traverser la route...
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-Déjà 7 heures
Noël, saute de son lit et entame sa petite routine matinale. La cafetière commence à faire ses Glouglous quotidiens, et notre homme entre dans salle d'eau. Il s'étire, baille profondément, et regarde son image dans le miroir.
Soudain son visage se fige, il pâlit, sa gorge se noue, plusieurs fois il cligne de son œil gauche, mais l'incroyable semble bien réel. Il entreprend de se pincer violemment...
Mais rien ni fait. Son reflet n'est plus là.
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7 heures
Le petit appartement de Léon est maintenant sans vie, plus personne ne s'occupe de la sonnerie du vieux réveil vert olive. Pourtant dans la petite salle de bain, à l'intérieur du miroir, un visage, l'air effaré, ne comprend plus ce qui lui arrive...








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