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  Les Jumelles

01/01/2014





Dans la salle de réception, un brouhaha désagréable prenait lentement possession des lieux. Le regard appliqué d'Ernest Puppa parcourait l’assemblée. Il se tenait dans un coin de la pièce, les mains occupées par un verre de champagne et un petit sandwich apéritif au saumon.
Chaque année, il faisait partie de la liste d'invités d'un cocktail qu'organisait la sous-préfecture de Gex. Dans ce joli petit coin de France lové entre la Suisse et la chaîne du Jura, ses exploits de détective lui avaient permis une certaine notoriété. Après avoir salué ses hôtes et avoir reçu les compliments du sous-préfet concernant les résultats brillants de sa dernière enquête, il avait retrouvé un endroit stratégique qui lui permettait une vue globale sur l'ensemble des convives.

Tous les notables et les V.I.P. étaient de la fête. Parmi les personnages importants, il reconnaissait des petits escrocs qui vivaient grassement au crochet de la bonne société locale.
Monsieur Niber, par exemple, qui rebondissait de faillite en faillite mais qui menait grand train de vie s'employant par son beau parlé d'intégrer les commissions industrielles locales.

Mais enfin, ce n'était pas vraiment ce qui occupait son esprit à présent.
Monsieur et madame Poiron, un couple qu'il appréciait particulièrement, venait de pénétrer dans l'endroit.
L’homme, chirurgien réputé tenait à son bras sa très jolie épouse, un ancien mannequin de vingt ans de moins que lui.
Tous deux culminaient à plus d'un mètre quatre-vingt-cinq et dénotaient parmi la gente de taille plutôt petite.
Le duo se dirigea immédiatement vers le sous-préfet et échangea avec lui les mondanités habituelles.
Madame Poiron resplendissait par sa beauté et sa distinction. De longs cheveux bruns croulaient sur des épaules qu'une robe de grand couturier découvrait de la plus belle façon.

Après une dizaine de minutes de discussion, tout en s'excusant, elle se détacha de son homme pour se diriger avec une élégance angélique vers le large buffet qui lui tendait les bras.
Se délectant d'une gorgée de sangria, elle visita du regard l’ensemble des convives. Ses yeux pointèrent en direction de Puppa.
Elle lui décocha un sourire agréable, semblant murmurer un bonjour dans le coin de ses lèvres. Notre inspecteur s'empressa de lui répondre de la même façon. Puis son inspection poursuivit son chemin. Soudain, un air de surprise ou de contentement éclaira son visage.
Puppa, curieux de cette réaction, essaya d'escorter son regard, qui s'immobilisa conjointement sur une superbe créature qui semblait en admiration devant un tableau qui décorait une cloison.
La blondeur de cette personne fit immédiatement chavirer le cœur d'Ernest.

Eh oui ! Son célibat commençait à lui peser sévèrement et depuis quelques temps, il cherchait activement l'âme sœur. Le besoin pressant de faire connaissance avec cette jolie femme s’imposa naturellement à son esprit. Il se dirigea donc lentement en direction de l'objet de ses désirs, ses pensées s'activant à rechercher les mots qui lui permettraient une entrée en matière intelligente.
Arrivé à cinq mètres de la donzelle, il se racla la gorge, prêt à décocher l’une de ses litanies séductrices.

Mais, malheureusement pour lui, madame Poiron, armée de la même intention, prit le devant de la conversation :

« Jolie toile !  

La belle blonde se tourna vers elle, sourit et répondit.

-Je ne connais pas le nom de ce peintre. Est-ce un artiste local ? »

Puppa, dont l'ardeur avait brutalement été suspendue regardait maintenant discrètement les deux femmes. Il admirait la beauté de sa nouvelle découverte. Petite, mais admirablement proportionnée la belle aux cheveux d'or fixait présentement, de son regard d'un bleu azur, madame Poiron, qui sans s'intéresser à la question, répondit :

« Êtes-vous nouvelle venue dans la région ?

-Tout à fait ! Répondit-elle, l'air enchanté que quelqu'un s'intéresse enfin à sa présence.

-Je me présente Hélène Poiron!

-Caroline Sédrique ! Répondit la belle. Je suis effectivement nouvelle dans la région. Je suis arrivée, il y a trois mois de cela accompagnée de ma sœur jumelle. Je travaille à l'O.M.S. . Je connais un petit peu votre mari ajouta t’elle l'air intimidé. Il a donné une brillante conférence au sein de notre organisation et j'ai eu l'honneur d'être à sa table lors du banquet qui s'ensuivit.

Madame Poiron semblait sous le charme de cette jeune femme. Leur conversation continua et Puppa eu l'impression qu'une certaine euphorie accompagnait leurs propos, un peu comme... 

-Non j'ai certainement une fausse impression ! Pensa Puppa.

Mais pourtant les attitudes, le comportement, les postures des deux femmes dévoilaient aux yeux de notre investigateur, tous les "symptômes" d'un coup de foudre, de la naissance d'une relation amoureuse. 

Caroline tout sourire regarda sa montre.

-Ma sœurette est encore en retard.

-Vous ne vivez pas ensemble ?

-Non, elle est peintre. Elle vit à deux encablures de Péron dans une petite maison qu'elle souhaite très tranquille. Nous ne vous voyons pas très souvent car moi-même, j'ai élu résidence à Divonne...

Puppa laissa nos deux nouvelles amies à leur conversation. Un florilège de toasts appétissants, il en était certain, lui permettraient de calmer son émotion désavouée.

La longue discussion qu’avaient entrepris nos deux nouvelles copines intrigua monsieur Poiron qui bientôt les rejoignit. Reconnaissant son interlocutrice, il expliqua à sa mie qu'il l’avait déjà rencontrée lors d'une réunion médicale.

-Je suis au courant ! Répondit-elle.

Puis elle ajouta :

« Je viens justement de proposer à Caroline de venir manger à la maison ce prochain week-end. 

-Parfait ! Excellente idée, je serai très heureux de mieux vous connaître !

Caroline, jeta un coup d'œil à sa montre, s'excusa au près des Poiron. Il fallait malheureusement qu'elle rentre se reposer. Demain matin de très bonne heure, elle devait prendre l'avion qui l'emmènerait pour court séjour en Albanie en vue d’une mission sanitaire importante.

-J'ai encore manqué ma frangine ! Dit-elle l'air navré. A samedi prochain !

Puppa occupé à se remplir la panse, remarqua tout de même le départ de Caroline. Il la regarda gondoler sa silhouette jusqu'à la sortie, songeant qu'il venait de manquer une bonne occasion de se trouver une ravissante amie.

La soirée continua bon train…

Vers minuit, personne ne remarqua vraiment l'entrée discrète de cette dame aux cheveux blonds rejetés en arrière. Elle ressemblait singulièrement à Caroline, mais sa démarche et son accoutrement ne dégageaient pas l'aura resplendissant qu'intimait son double.

Notre inspecteur qui conversait maintenant avec le chirurgien, ne prêta qu’une attention modérée à cette personne.
Cependant monsieur Poiron, furtivement, la suivit du regard. Peut-être avait-il réalisé qu'il se trouvait en présence de la jumelle. 

La fille ne s'éternisa pas dans cette soirée.
Suite à la recherche infructueuse de sa sœur, elle quitta les lieux aussi rapidement qu'elle était entrée.

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Caroline, admirait le luxe qui décorait la demeure.
Cette magnifique maison ancienne était décorée avec un soin délicat et les objets précieux émergeaient à chacun de ses recoins.

« Vous êtes merveilleusement installée ! Remarqua-t-elle en s'adressant à Hélène qui la regardait avec amusement.

-J'ai passé beaucoup de temps à chiner pour trouver tous ces objets. Je me rends à Paris une semaine par mois, et je connais le marché aux puces sur le bout des doigts.

Elle prit Caroline par la main.

-Venez, allons voir mon mari !

La pièce était immense. Jean se leva à l'arrivée des deux femmes et un large sourire aux lèvres remercia l'invitée de sa présence. 

-Vous êtes dans mon antre intime ! Dit-il. La décoration n'y est certainement pas à la hauteur des exigences de ma femme, mais tous les objets qui se trouvent ici représentent un moment furtif de mon existence. Notre bonne est interdite de nettoyage en ce lieu sacré ! Ajouta-t-il en riant.

Le regard de Caroline se porta sur une vitrine qui contenait une multitude de pistolets. Voyant son étonnement, Jean devança la question qui ne tarderait pas à venir :

« Dans ma jeunesse, j'étais un champion de tir à vingt mètres. J'ai gardé l'ensemble des armes qui m'ont suivi autour du monde. Elles sont soigneusement bouclées dans ce petit meuble, d'ailleurs je ne sais même plus où j'ai mis la clef. 

-Voyons chéri, elle est glissée sous ta coupe des championnats d’Europe !

En effet, à deux mètres du sol, alignés sur une étroite étagère se trouvaient un ensemble de trophées avec en son centre celle de la fameuse compétition internationale. Ce magnifique objet était perché sur quatre solides pieds et trouvait avec peine sa place sur le rayonnage trop étroit. Une légère poussière dénotait l'absence d'un ménage suivi et soigné qui était l'apanage du reste de la maison.

La soirée se déroula à merveille.
Un magnifique dîner accompagné de vins savoureux s'ajouta à une ambiance chaleureuse.
Hélène dévisageait Caroline d'un air passionné, comme absorbée par les moindres paroles que sont invitée prononçait.
Jean ne semblait pas s'apercevoir de cet élan amoureux qui semblait submerger sa compagne envers la jolie convive, ou peut-être, était-il complice de cette ardeur incongrue ?

 Le fait est que, quelques instants avant son départ, Hélène glissa un mot dans la main de Caroline et ses lèvres volontairement effleurèrent les siennes.

« Donnez le bonjour à Sophie ! Sollicita Jean en la raccompagnant à sa voiture.

-Qui est cette Sophie ? Demanda sa femme. 

-C'est sa sœur jumelle ! Répondit-il avec une mine d'évidence.

Regardant la voiture de son hôte s'éloigner lentement dans la nuit, Hélène s’interrogea sur cette fameuse Sophie. 

-Tu connais sa sœur ?

-Oui, je l'ai croisée, elle exposait ses peintures à l’O.M.S. ! Répondit-il distraitement.

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Tendrement enlacées, les deux femmes restaient immobiles.
Le silence régnait en maître dans la chambre qui affichait une décoration sommaire. Voluptueusement, la main d'Hélène se confondit tendrement dans l'abondante blondeur de Caroline.
Un sourire coquin s'esquissa sur les lèvres de la belle.
Un soupire ou plutôt un murmure sortit de sa bouche :

« Demain j'aurai le plaisir de rencontrer ta sœurette à l'exposition de ses œuvres ! J'espère que tu y seras également ?

Caroline ne répondit pas. Perdue dans ses pensées. Le lien amoureux qu’elle entretenait avec cette femme la troublait profondément. Elle n'avait pourtant jamais eu de pulsions amoureuses pour des personnes de son propre sexe. Enfin c'était avant. Avant d'avoir, il y a quelques mois, rencontré Hélène. Elle s'était laissée séduire, emportée dans une relation qu'elle croyait ne pas vraiment désirer.
Elle se sentait pourtant heureuse. Confondue par l'attirance qui semblait la posséder. 

Elle réitéra la question à son oreille :

« Tu seras là demain ?

-Non, malheureusement je dois de nouveau partir pour une mission d'une semaine. 

-Est-ce que tu l'aimes ?

Caroline parut surprise par cette question.

-Ma sœur ? Nous sommes très différentes… Son activité artistique a certainement creusé une brèche entre nous. La peinture est pour elle sa seule raison de vivre, en période de création, elle peut rester enfermer à l'écart du monde pendant de longues semaines.

-Elle n'a donc personne dans sa vie ?

-Non, je ne crois pas. Je ne sais pas. Nous ne nous voyons pas très souvent !

Hélène regarda la petite horloge qui affichait déjà une heure du matin. Lentement elle se leva, un peu à regret, il était temps pour elle de rejoindre son bercail. Jean l'attendait peut-être.

-Au revoir ma chérie, on se voit samedi prochain. Téléphone-moi !

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Monsieur et madame Poiron arrivèrent dans la salle d'exposition. Il n'y avait pas vraiment foule.
Sophie s'occupait d'un acheteur potentiel, lui décrivant en détail cette émotion, cette passion profonde qui lui avaient permis de réaliser cette collection.

Hélène constata la ressemblance parfaite de l'artiste avec son amante. Seule sa façon de s'habiller et de se mouvoir pouvait enlever tout équivoque.
Le couple s'approcha lentement de Sophie, s'arrêtant par moment pour commenter une série de toiles. 

Hélène s'empara d’une dizaine de cartes de visites de l'artiste qui trainaient sur une table, certaines des œuvres exposées pouvant intéresser certaines de ses relations.

« Bonjour Jean !

Le large sourire de bienvenue de Sophie se pointa devant eux.

-Bonjour ma chère ! Répondit Jean. Je te présente Hélène, ma femme.

La main tendue effleura celle de la jolie brune. 

-Madame, je suis très heureuse de vous rencontrer ! »

Hélène dévisageait son interlocutrice, elle recherchait tous les moindres détails qui pourraient la différencier de sa chérie. Une légère tâche sur le lobe de l'oreille, des lèvres légèrement plus pulpeuses, des yeux fuyants, d'un bleu certainement plus clair. 

« Sa façon de s'habiller est vraiment très différente ! Elle n'a pas du tout l'élégance de sa sœur ! » Pensa-t-elle.

Cependant, il ne semblait pas que ce soit le cas de son mari. Une étincelle bien particulière ornait maintenant son regard, sa voix s'était faite plus douce, et sa tête légèrement penchée semblait admirer sa jolie petite interlocutrice. 

« Madame Poiron, j'espérais te trouver ici !

Paul, son ami d'enfance venait de l'apercevoir. Il l'a pris par la main.

-Monsieur Poiron, je vous enlève votre femme ! Dit-il en rigolant.

Jean acquiesça en plaisantant.

-J'espère que cette fois ci, vous ne serez pas trop gourmand avec la rançon ! »

Hélène le suivit pour rejoindre un groupe de ses amis.
Durant l'heure qui suivit, elle ressentit beaucoup de mal à se mêler à se concentrer sur cette conversation de groupe.
Elle regardait à intervalles réguliers, son mari qui était resté seul avec Sophie, semblait adorer sa compagnie.
Lui, qui à l'habitude, était si sérieux, éclatait souvent de rire et affichait une décontraction incongrue. 

« Suis-je jalouse ! » Se demanda-t-elle.

Pourtant, sur le chemin du retour. Elle ne laissa rien transparaître de son trouble et préféra s’engager dans une conversation qui ne possédaient aucune relation avec leur soirée.

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Hélène quitta son bercail, sa semaine parisienne se profilait enfin devant elle.

« Fais de bonnes trouvailles ! » Lui dit son mari en l'embrassant devant l'aéroport de Genève.

Hélène regarda la voiture de son compagnon s'éloigner et faisant un dernier geste d'adieu, elle pénétra dans l'aérogare tirant de sa main gauche sa petite valise.
Elle Prit un café crème au bar.
Puis, le visage sombre, elle sortit du hall des départs et monta dans un taxi.

« Hôtel de la gare ! » Dit-elle.

Quelques minutes plus tard, elle installa ses affaires dans une petite chambre qu'elle avait louée sous un faux nom et s’affala sur son lit.

Le soir venu, elle s'engouffra de nouveau dans un taxi et lui demanda de la laisser à l'entrée de son village.

Dans la pénombre, le pas mal assuré, elle parcourut les six cents mètres de chemin trop tranquille qui la séparait de sa villa.
Sa demeure semblait toujours déserte.
Mais, elle en était certaine, il viendrait ici avec sa maîtresse.
Dans le bureau de son mari, des gants de soie recouvrant ses mains, elle se hissa sur la pointe des pieds, saisie une petite clef, ouvrit l'armoire. Celle qui exposait les armes de compétition de son époux. Elle s'empara d'un des pistolets, le chargea, puis après avoir soigneusement refermé la vitrine, remit la clef à sa place habituelle. Il ne lui restait plus qu’à attendre...

Vers minuit, ses fines oreilles reconnurent ce vrombissement familier de Mercedes qu’elle connaissait si bien. Bientôt la voix de son homme, accompagnée de gloussements féminins pénétrèrent dans sa demeure. Soigneusement cachée, Hélène surveillait la scène. Jean et Sophie maintenant tendrement enlacés se dirigèrent directement dans l'antre que son homme se réservait. Rapidement, leurs soupires de plaisirs ne cachèrent aucunement la passion de leurs ébats. Hélène les poings serrés sur l'arme qu'elle avait dérobée, pleurait à chaudes larmes.

Vers deux heures du matin, Sophie prit congé de Jean. Et le silence reprit possession de la maisonnée. 

Sans un bruit, Hélène s'avança vers la pièce, témoin de ce terrible adultère.
Nu, son mari, assis sur son fauteuil, humait les yeux fermés, un mouchoir qui devait appartenir à sa bienaimée. 

Elle hurla :

« Salaud ! Tu me trompes ! »

Jean sursauta brusquement. Il regarda sa femme avec étonnement…

Elle ne lui laissa aucune chance.

Le coup de feu retentit, le frappant au milieu du le ventre, il agonisa ces derniers instants, puis mourut dans un dernier râle. 

Hélène ne tremblait même pas.
Ce crime lui semblait complètement surréaliste, incroyable.
A vrai dire, Hélène ressentait une sorte de soulagement.
Cette vengeance démesurée n’avait pas seulement calmée sa jalousie , mais elle lui  permettrait de continuer sa vie en toute liberté, accompagnée pour toujours de sa douce Caroline.

Elle remit Le pistolet à son emplacement d'origine. 
Puis, calmement, elle accomplit son programme cent fois réfléchi.
Elle empoigna la veste de sa victime, la jeta prêt de son cadavre, puis prit l'une de ses mains inertes et la glissa dans le revers de son veston. Ensuite, sortant un portefeuille de cette même poche, elle l'ouvrit, le macula de sang, et abandonna une carte de visite entre les doigts du mort. Son dessein accomplit, froidement, elle quitta le lieu de son crime.

Sa nouvelle vie venait de commencer. 

Le lendemain matin, un avion l'emmena à Paris...

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Ernest était de retour de quelques agréables journées de vacances passées au sein de sa famille. Assis à son bureau, il parcourait avec peu d'attention le petit paquet de courrier et notes de service qui s'étaient rapidement accumulés durant son absence. Le nom de Poiron interrompit sa rêverie et le ramena brusquement à la réalité. Il parcourut rapidement le rapport sur la macabre découverte faites deux jours auparavant. Un flot d'indices très convaincant avait permis à son collègue l'inspecteur Purbon d'interpeller l'évidente coupable, Sophie Sédrique. 

« Salut Ernest! Tu t'es bien reposé ?

-Bonjour mon pote. Tu as fait des exploits en mon absence !

Purbon, particulièrement fier de l'affaire qu'il venait de résoudre, s'amusa de la remarque de son ami.

-Eh bien oui, vite fait, bien fait. Bon, d'accord ce n'était pas très difficile. Le défunt nous a pratiquement tendu le nom de la coupable. Avant de mourir, il a eu le temps de sortir la carte de visite de sa meurtrière.

-Mais où était sa femme ?

-Elle était partie pour quelques jours à Paris et monsieur en avait profité pour fricoter avec une jolie petite demoiselle, peintre de son état. Il semblerait que leurs ébats terminés, pour une raison que nous ne connaissons pas encore elle l'a liquidé froidement.

-Triste affaire ! Songea notre inspecteur.

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Hélène était inquiète.

Comme elle l’espérait, la police l'avait contactée à son appartement parisien, lui annonçant la mort de son mari.
Elle était revenue dans le Pays de Gex par le premier avion.
Bonne comédienne, elle avait, d'une convaincante façon fait croire à sa tristesse et en son affliction.
Elle avait choisi de se réfugier à l'hôtel, refusant pour l'instant de retourner dans sa demeure.
Au policier qui vainement avait essayé de consoler sa frauduleuse peine, elle avait ajouté :

« Jamais je ne retournerai dans cette maison maudite, je vais la mettre en vente !

Mais, pour l'instant ce n'était plus le centre de ses pensées. Ce qui la tourmentait, c'était l'impossibilité de contacter sa douce Caroline.
Son téléphone restait muet à ses appels et son bureau ne répondait pas. 

-Où es-tu mon amour ?

 

l'épilogue

L'inspecteur Purbon flanqué de notre brillant Ernest arrivèrent dans la pièce où l'assassinat avait été perpétré. Une silhouette tracée sur le sol montrait la position du cadavre.

« A-t-on découvert l'arme du crime ? Demanda Ernest en admirant la collection de pistolets.

-Non pas encore, on est en train d'analyser la balle meurtrière !

-Elle doit être dans ce meuble !

-P’t’être bien, mais on n’a pas trouvé la clef !

Puppa regarda autour de lui, son idée était d'ouvrir cette satanée armoire qui, pensait-il, contenait l’objet recherché. Son regard s'arrêta sur l'étagère qui soutenait une kyrielle de coupes. Sur son épaisse bordure, il remarqua que, juste en dessous du plus gros trophée, la poussière avait été fraîchement enlevée. Grimpant sur une chaise il regarda l'endroit concerné pour y découvrir la petite clef cachée sous le magnifique trophée.

-Tiens ! Voilà la clef du malheur ! Dit-il en plaisantant.

Effectivement, le meuble s'ouvrit sans difficulté.
Purbon, un peu vexé fit remarquer qu'étant donné les évidences qui entourait ce crime, ouvrir ce meuble était vraiment sans le moindre intérêt.
L'inspection de chaque pistolet, terminée, ils découvrirent que l’un d’eux avait récemment servi.

-L’arme du crime ! Affirma Puppa certainement un peu trop prématurément.

L’objet soigneusement rangé dans un sac plastique dûment libellé, les deux hommes s'accordèrent un petit tour dans le jardin, question de voir si quelques indices intéressants pouvaient y être découverts.

Des arbustes, des buissons était tous disposés d’une façon artistique.

« Je me demande comment ils peuvent obtenir un aussi joli résultat ?

-Tout est une question de taille ! Rétorqua son compère.

A cet instant, Puppa se figea. Son visage arbora une expression de contentement exaltée.

-Et dire que j'ai failli négliger cet indice ! Dit-il en retournant dans le logis. »

Le visage de Purbon s’anima d’une grimace circonspecte.
Qu'avait encore découvert son compère ?
Allait-il encore une fois de plus se sentir ridicule ?

Puppa d'un doigt assuré pointa la trace laissée sur le flanc de l'étagère.
Dressé sur la pointe des pieds il démontra que seule, une personne de grande taille avait pu la faire. 

« Je ne comprends pas ! Dit Purbon.

-Et bien, mon ami, la petite Sophie même en se dressant sur ses orteils, n'aurait jamais pu atteindre la clef, elle était dans l’obligation de monter sur une chaise pour y parvenir. Mais, en utilisant cette méthode sa main n'aurait évidemment pas effacé la poussière qui se trouve sur le flanc de l'étagère. Cependant une personne de grande taille pouvait facilement l'atteindre de sa propre hauteur, nettoyant ainsi avec son bras la bordure.

Pour ajouter plus de poids à ses dires il en fit une démonstration très convaincante.

La suite de l'enquête aboutit sans difficultés à l'incarcération d'Hélène. Son faux alibi, sa présence dans les lieux le soir du meurtre, furent facilement découverts. Puis, un simple interrogatoire un peu pénible, lui valut d’énoncer tout d’abord des réponses peu probantes pour enfin aboutir à des aveux complets.

Sophie libérée avait préféré quitter la région et était partie vivre de son art au Etats-Unis. Elle précisa à ses amis qu’elle ne laisserait à personne son adresse, pas même à Caroline avec qui elle avait décidé de rompre définitivement.

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Une année s'était écoulée depuis cette triste affaire.

 

Mon amour

   Ton sourire, ta voix, la blondeur de tes cheveux, la douceur de ta peau me manquent infiniment.

Où es-tu ? Pourquoi ne t'ai-je jamais revue ? 

Je me morfonds dans cette cellule sans âme. Espérant chaque jours un message, une visite de toi.

S'il te plaît un simple signe de vie, un souvenir de notre aventure passée me comblerait de bonheur. 

Caroline ! Réponds-moi !

Hélène 

 

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La fête de la sous-préfecture battait son plein. Ernest se trouvait non loin de Caroline Sédrique qu'il trouvait toujours aussi belle.

La demoiselle soutenait une longue conversation avec ce qui semblait être l'une de ses collègues de travail.

« Alors, c'est décidé, tu nous quittes !

Caroline tout sourire acquiesça d'un mouvement de tête.

-Et, vas-tu toujours continuer à exercer ton métier dans l’humanitaire ?

-Eh bien pas vraiment ! J’ai enfin décidé de vivre de ma peinture...




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