L'implacable écoulement des saisons


J'avais depuis toujours présumé mes années éternelles.

Mais les printemps ont passés, chapardant les plus belles,

Apportant flétrissures et taillades à mon corps suranné

Invalidant cet improbable espoir d'une idéale immortalité.

 

J'avais depuis toujours cru ma vie d'une vaste importance.

Mais les étés ont passés, prouvant d'ineffables errances,

Abrogeant sans vergogne cet imbécile assentiment  

Que la vie est basée sur mon essentiel ressentiment.

 

J'avais depuis toujours admis mon indicible opinion.

Mais les automnes ont passé, pointant ma confusion,

Démolissant avec acuité mes fallacieuses certitudes

Et prouvant à tout jamais ma piteuse et idiote attitude.

 

J'avais depuis toujours estimé ma flatteuse apparence.

Mais les hivers ont passé, criant ma fieffée décadence.

Éreintant allègrement ma belle et pétulante jeunesse

Et me laissant seul à dévisager ma fatidique détresse.