La reine des fourmis
La reine des fourmis se promenait dans un pré.
L'air y était clair, la nature d'une sublime
beauté.
L'inflorescence ondoyait sous une brise fragile.
Les aromates éclaboussaient une verdure docile.
L'idée lui vint de constituer une nouvelle colonie.
D'agrémenter l'aire familière de sa propre
dynastie.
Une cohorte composant l'ensemble des serviteurs,
Arriverait facilement à réaliser cet
austère labeur.
Alors elle se reproduisit et peupla son territoire.
Ordonna à tous ses ouailles de battre le terroir.
De conquérir la place qui leur revenait de droit.
De bannir ceux qui ne comprenaient rien aux lois.
Enfin, elle admira l'œuvre de son immense édifice,
Regardant au loin l'alignement de ce sublime délice.
Des tumulus noirs se succédaient, frelatant la nature.
Les odeurs campagnardes, n'étaient plus aussi pures.
Puis, la terre se gava de l'ensemble de son outrage,
Régurgitant la flétrissure qu'elle avait mise en
gage,
Décimant impitoyablement son immense compagnie,
Ne lui laissant qu'un désert épouvantablement
décati.
Elle regarda tristement cette terrible
dégénérescence,
Regrettant les belles années et leurs
effervescences.
Puis elle comprit que le nombre était sa seule erreur,
Une gangrène immonde, source de tous ces malheurs.
Toi, l'être, l'humain qui te croit d'une essence divine.
Ne vois-tu pas d'où provient l'affection qui te mine?
C'est le fourmillement de ton indésirable multitude,
Qui t'anéantira assurément, d'une fatale
décrépitude.