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Histoire de gonzesses

Six femmes pour une entreprise. C'est ainsi qu'a été créée cette petite "Start up", société internet pour la population féminine conçue par de jolies filles.

La plus belle à mon goût, c'est Élodie, blonde avec des yeux bleu clair qui vous donnent le tournis, des mensurations parfaites, une intelligence au-dessus de la moyenne. C'est elle qui avait eu cette idée d'un site sympathique et original qui ne demandait qu'à faire sa place au milieu de la grande toile. Sa passion c'est les plantes, intérêt qu'elle partage avec Mathilde, l'une de ses collègues. Elles ont d'ailleurs ce matin acheté ce magnifique cactée Céréus qui trône maintenant posé sur la table à côté d'une petite statue de marbre. Je dis la table car c'était vraiment la seule chose, le seul mobilier qui garnissait cette grande salle. C'est ici qu'allait se développer leur activité. L'endroit qu'elles occupaient jusqu'à présent étant devenu trop exigu.

« Un camion amènera toutes nos affaires dès demain ! Dit tranquillement Élodie. Voici la clef de l'endroit ! Elle la fit teinter dans sa main droite. De plus, la porte d'entrée est sécurisée, retenez bien le code d'accès 85PO, sans celui-ci, pas moyen de rentrer ! » Ajouta-t-elle.

Janine l'une des filles, fit passer à toutes ses compagnes le petit papier où s'inscrivait le code secret.

Je regardais toutes ces filles d'un air admiratif, et me demandais comment cet amalgame de personnalités si diverses pouvait mener leurs affaires d'une façon aussi efficace.

Janine par sa grande taille, était aisément repérable parmi ses amies. Je la connaissais particulièrement bien, ayant avec elle fréquenté le même milieu universitaire. Elle possède un caractère d'ange et une volonté sans limite. Il y a trois ans de cela, elle m'avait confié ce projet de fonder sa propre entreprise d’informatique.

Michèle, l'une des associées semblait apporter une petite pointe de folie au groupe, ses idées qui paraissaient farfelues au premier abord, s'avéraient par la suite excellentes. Ses chaussures à talons hauts, mais vraiment très hauts rehaussaient sa petite taille. Je la trouve vraiment charmante. Sa petite voix réussit sûrement à s'imposer dans le brouhaha environnant.

Eléonore me fait penser à cette chanson d'Anne Sylvestre. "Elle a un cœur qu'est si vaste encore...". Oui ! Je ne savais pas que quelqu'un pouvait-être aussi serviable, aimable, complaisant. Son travail de graphiste procurait une touche de beauté dans la conception des pages "web". Ses dessins à mon goût, reflétaient la douceur qui émanait de sa personne.

Mathilde, par contre, elle, c'est une vraie teigne. Je me demande comment son entourage arrive à la supporter. C'est la deuxième fois que je la rencontre et j'ai toujours ce sentiment d'avoir devant moi une personne emplie de haine envers son prochain. Sa compétence en langages informatiques est certainement la seule raison pour laquelle ses associées la tolèrent.

Et puis il y a Marie, c'est ma cousine adorée. Douce, jolie, intelligente. Toujours partante pour suivre ses amies dans l'aventure du "Business".

Moi je vis à Gex, inspecteur dans la police scientifique. Mon nom est Ernest Puppa !

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Il y a trois jours de cela, Marie m'avait demandé de lui donner un coup de main pour leur déménagement. J'avais immédiatement accepté tout heureux de pouvoir rendre ce service à cette jeune femme que j'appréciais tant.

Nous sommes arrivés pour visiter les nouveaux locaux vers la fin de l'après midi. Ils se trouvaient 13, chemin du Levant à Ferney Voltaire. Là, où une pépinière d'entreprises hétéroclites y prenait refuge, généralement pour un très court laps de temps. La visite fut brève, juste le temps de distribuer les clefs, repérer les lieux et de se faire une idée de l'endroit qui deviendrait le territoire des opérations. Mais il n'y avait pas grand chose à faire dans ces bureaux qui pour l'instant restaient déserts.

Ce soir nous allons dîner ensemble. Il nous faudra des forces pour le déménagement de demain.

Nous nous retrouvions donc tous au Vesennex Maupassant, charmant petit restaurant sur les hauteurs de Divonne. Seul homme parmi cette gent féminine. Je me délectais, moi pauvre célibataire, de cette compagnie du sexe faible. Enfin, quand je dis faible je suis complètement à côté de la vérité. Toutes ces adorables personnes affichaient une très forte et intéressante personnalité.

La soirée se déroulait d'une façon très agréable. Le cadre très sympathique aidant, la gaieté était de mise. Vers le milieu de la soirée, la conversation tourna bien entendu sur le projet commun de ces demoiselles. Je restais silencieux, écoutant ces six femmes dans leurs débats. En bon policier que j'étais, je m'amusais à définir le charisme de leurs personnalités.

Élodie, définitivement, s'imposait comme leader du groupe. Mais j'eus la réelle impression que cela ne convenait vraiment à ses collègues.

Janine semblait constamment contrariée de ne pas être plus écoutée, elle estimait que son rôle de représentante était essentiel. N'était-ce donc pas elle qui avait conquis leurs premiers gros contrats !

Mathilde se moqua méchamment d'elle.

« C'est avec tes fesses que tu les obtiens tes clients ! » Lui dit-elle en rigolant.

Étrangement la plaisanterie, ne sembla susciter aucune réaction. Ou, du moins l'ignorance de ces propos malvenus, semblait être une réplique efficace contre la méchanceté de Mathilde.

Michèle comme à son habitude, arborait un splendide sourire. La vie, la joie d'être ensemble, l'aventure qui bientôt animerait son petit groupe la comblait de bonheur.

« On va toutes devenir millionnaires, en un rien de temps ! Dit-elle en riant.

-Quelle idiote celle-là ! S'exclama Mathilde. C'est sûrement pas grâce à toi que nous ferons fortune ! Continua-t-elle.

-Du calme ! répliqua Élodie

-Pourquoi prends-tu sa défense, un groupe tel que le nôtre a besoin de sérieux et d’intelligence mais certainement pas d'une petite nunuche affriolée!

Eléonore s'insinua dans la conversation essayant de calmer sa bouillante compagne.

-Mais, Mathilde, chacun a droit à sa propre personnalité !

Marie osa une remarque.

-Et bien oui ! Nous, on supporte bien ton mauvais caractère !

Furieuse de la remarque, la harpie se leva et quitta les lieux en envoyant des insultes à chacune des convives.

Je m'aperçus soudainement qu'Eléonore, la douce Eléonore avait maintenant la main crispée sur son couteau et que quelques gouttes de sueur apparaissaient sur son front. Elle lança furtivement un mauvais regard en direction de la mégère. Ceci ne dura qu'une seconde, puis, prestement elle reprit son attitude habituelle.

Janine regarda tristement son assiette, elle ajouta :

-Si ce n'était que moi je la mettrais à la porte ! Elle va nous pourrir la vie.

L'ensemble de l'assistance acquiesça.

-Mais vous le savez aussi bien que moi, c'est notre associée, impossible de s'en séparer comme cela ! Ajouta Michèle en faisant sous sa gorge un signe rapide de la main. Il faudrait la trucider, et hop, plus de problèmes ! Poursuivit-elle en rigolant.

Suite à cette remarque, Élodie resta pensive.

Un souffle de tristesse ayant envahi le petit groupe. Toutes décidèrent de quitter rapidement les lieux. Janine prétexta être très fatiguée et partie la première, elle fut rapidement suivie par l'ensemble de notre groupe.

Je raccompagnai ma tendre cousine et nous nous donnâmes rendez-vous le lendemain vers dix heures pour le déménagement...

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Je fus réveillé brutalement ce matin là, c'était Marie qui tambourinait à ma porte.

« Vite dépêche-toi, quelque chose de terrible vient d'arriver !

Sa petite voiture nous emmena rapidement sur les lieux que nous avions visités le jour précédent.

-Mathilde est morte cette nuit dans le local où nous devions emménager ! Elle a été violemment frappée à la tête avec notre statue fétiche, c'est une femme de ménage qui, à l’aube, a fait cette terrible découverte ! »

Sur les lieux, le spectacle était accablant. La défunte était étendue à côté de la porte d'entrée, une lampe de poche allumée toujours serrée dans sa main.. Les filles pleuraient à chaudes larmes. Dans la grande salle, même le cactus semblait garder sa fleur fermée en signe de deuil. L'inspecteur Purbon était déjà sur les lieux.

Il lança un sourire étonné à Puppa.

« J'te croyais en congé ! Affirma-t-il.

-Oui, tout à fait, j'ai pris ma journée pour aider Marie et ses copines pour leur déménagement. C'est dans ce local qu'elles doivent s'installer ! As-tu trouvé des indices ?

-L'affaire est pratiquement réglée, ce soir on connaîtra l'assassin ! Tout est si évident, le tueur avait la clef et le code secret de l'endroit. Il attendait la victime caché derrière la porte dans le noir le plus complet. La pauvre a eu à peine le temps d'entrer qu'elle a été frappée violemment sur le sommet du crâne. Ensuite le meurtrier s'est enfui laissant derrière lui des tas d'empreintes ensanglantées sur la statue ! On aura vite fait de trouver le ou la coupable. Insista-t-il en regardant fixement les cinq donzelles.

Je réfléchis quelques secondes, regardai mon collègue, puis me dirigeai vers l'interrupteur qui commandait l'éclairage ; je l'allumai puis l’éteignis d'un doigt désabusé. Puis, m'approchant de Purbon, je lui affirmai :

-Je crois cher ami, que l'analyse des empreintes ne sera pas nécessaire.

Purbon sembla perplexe quant à mon affirmation.

J'étais vraiment très contrarié par ma découverte. Hésitant quelques secondes avant de divulguer ma trouvaille. Je finis par me décider et me tournai vers l'une des filles.

-Alors n'as-tu rien à avouer !

Son visage devint soudainement livide. Puis, devant l'insistance de mon regard, elle murmura le souffle court.

-C'était un accident ! 

 

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